quelque chose de rassurant

"Les chambres sont assez sympathiques, tous les meubles anciens et confortables, ça a quelque chose de rassurant."

Marcel Proust, à la recherche du temps perdu, le côté de Guermantes, 1921.
Myrrhe Ardente, Annick Goutal
bougie Melchior, Cire Trudon

Le coffret originel des orientalistes faisait référence au Rois Mages, à un Orient rêvé, mythique et très lointain. Les trois premiers parfums, le musc étant venu par la suite, tournaient autour de notes fumées, surprenantes, effectivement plus proche du mystère et du mysticisme que de l’envoutement charnel et séducteur généralement associé à cette famille de parfum. Des trois, la Myrrhe est celui que je préfère. C’est bien entendu celui qui a été discontinué, probablement pour les raisons qui tiennent plus à son nom qu’au parfum en soi : l’ambre, l’encens et le musc sont des matière bien connues, appréciées, présentes dans beaucoup de marque en solinote, alors que la myrrhe ne renvoie à rien d’autre qu’à un passage de la bible…


Myrrhe Ardente, c’est la fumée pour commencer. Une fumée sombre, dense, plus proche du feu de bois dans la cheminée que de l’encens d’église, une fumée ou, petit à petit, on sent les notes aromatiques, amères de la myrrhe. La myrrhe qui gagne peu à peu en ampleur et développe ses notes résineuses, baumées, soutenues par le benjoin, le miel, la tonka. L’évolution est celle d’un vieux pull, un peu rêche au départ, qui, à force de lavages, est devenu moelleux, doux, confortable. Un vieux pull qu’on porte pour rester chez soi, dont on refuse absolument de se séparer, tant on est bien dedans, tant il s’est "fait à nous", une bergère démodée, défoncée, rappée  mais dont on ne voudrait changer pour rien au monde car notre corps s'est fait à elle et elle s'est faite à nous, et nous savons comment nous y lover pour être bien.

Ce n’est pas forcément un de mes parfums indispensables, un de ceux dont je porterai indéfiniment le deuil, mais je l’aime beaucoup quand même pour traîner chez moi avec un bon roman, passer une soirée tranquille devant un bon (vieux) film. Pas un parfum indispensable, mais une catégorie qui l’est, et celui-là tenait bien rôle avec grâce et originalité, bien plus que les sempiternel parfums doudous vanillés-gourmands qu’on trouve à tous les coins de … (Mettez-le nom de la chaîne de parfumerie la plus proche) qui auront réussi à me dégoûter du genre. 


Myrrhe Ardente, Isabelle Doyen et Camille Goutal pour Annick Goutal, 2007.

Commentaires

  1. Je dois confesser que j'affectionne tout particulièrement la myrrhe: j'aimais beaucoup myrrhe ardente et je la préfère certainement à Myrrhe et délires de Guerlain (avec une odeur initiale de curry) et à la Myrrhe Impériale de la ligne Armani Privé (tout comme la myrrhe de Guerlain on a l'impression d'un truc à manger). Nonobstant, il y a une gamme de produits que j'aime beaucoup: c'est la ligne Myrrhae de la maison italienne l'Erbolario; l'eau de toilette étant très intéressante je dois dire que le savon liquide pour le bain à la myrrhe et à l'huile d'argan est absolument extraordinaire et rassurant. J'aime beaucoup aussi les huiles de massage ainsi qu'autres produits de la gamme Reina de Egipto (Reine d'Egypte) de la maison Alqvimia (une maison espagnole de produits naturels de grande qualité), avec leur mélange d'encens et de myrrhe.
    Bon après-midi!
    Sara

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  2. merci Sara, pour ces renseignements de pointe, l'huile d"Alqvimia me fait rêver.
    Malgré tout, moi qui suis très économe dans mes achats de parfums malgré des envies irrépressibles à contenir, j'ai acheté l'année dernière Myrrhes et délices que j'aime beaucoup. Et je ne sais pas pourquoi. Comme j'aime à le lire ces temps-ci sur les blog, "l'émotion", c'est ce qui compte finalement en matière de parfums, comme en tout en fait. Donc mon nez n'a peut-être pas le goût le plus affiné, mais ce parfum-là, je l'adore.
    D'autre part, chers amis, j'ai promené mon nez ce week-end chez Iunx et ai trouvé de très jolies choses. L'eau argentine me fascine. Et vous, qu'en pensez-vous?
    Hélène

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  3. Oh, oui, merci, un tout grand merci à vous Sara, bien que vous nous lanciez très probablement dans une nouvelle quête!

    La Myrrhe de Guerlain, je l'ai sentie en vitesse parce que ce n'est pas vraiment mon truc: effectivement, un peu alimentaire, un peu pâtisserie... Mais c'est souvent le cas avec Guerlain, après tout, Shalimar fait parfois figure de gros gâteau à la vanille, Mitsouko sent un peu le cake et Habit Rouge le Petit Beurre... C'est beau, réussi, mais pas mon truc, souvent. D'autant que la mode de l'alimentaire gagnant du terrain, c'est souvent de plus en plus calorique et de plus en plus indigeste pour mon seuil de tolérance assez bas.

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  4. Myrrhe ardente faisait partie, avec Encens flamboyant, de mes préférés dans la gamme des orientaux chez Annick Goutal. Ambre fétiche n'est pour moi qu'une redite plusieurs coudées en-dessous de Ambre sultan, et Musc voyageur, bof...
    Malheureusement, je vous donne dans le mille, c'est Myrrhe ardente qui fait les frais de la nouvelle politique marketing (pourtant ce terme ne va pas du tout avec l'esprit de la maison...)
    Je préfère cette myrrhe à celle de Serge Lutens, qui fait plus "vineuse", moins naturelle. Une autre que j'adore (quand mon flacon sera vide), c'est celle présente dans l'Eau trois de Diptyque : on se croirait dans un monastère orthodoxe isolé dans une colline grecque, au pied de la Méditerranée, une vraie invitation au voyage.
    J'aime beaucoup l'aspect fumée de la Myrrhe de Goutal qui invite au recueillement et à la méditation, un parfum à livres justement...

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  5. L'Ambre, ce n'est déjà pas mon thème "fétiche" à la base... Et cette version, trop fumée, dure, ne m'intéresse pas vraiment. En fait, le seul Ambre que j'apprécie vraiment, c'est l'ambre Précieux du Maïtre Parfumeur et Gantier parce qu'il est sec. (Le Lutens est monstrueusement écœurant sur moi) Le Musc Nomade, je le trouve pas mal du tout, non pas pour lui même, mais pour servir de base, de fixateur à d'autres parfums. Il se mélange très bien à une belle rose par exemple! (Essayez lors d'un passage chez Goutal le mix Ce soir ou Jamais et Musc Nomade, c'est vraiment joli!)

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  6. Merci Dau ! Vous m'avez peut-être donné la solution dans ma quête de la Rose musquée (je n'ai pas renoncé) ! Lors de ma prochaine escapade "école buissonnière" (j'entends par là, une journée de congé rien que pour moi pour faire la tournée des maisons de parfums), je suivrai votre conseil et je vous tiendrai au courant de mes impressions.
    Je ne connaît pas l'Ambre précieux du Maître Parfumeur et Gantier mais j'essaierai de le sentir aussi à l'occasion. C'est vrai que la plupart des ambres sont gras et vanillés et je ne connaît pas d'ambres secs. Mais j'avoue avoir quand même un gros faible pour l'Ambre sultan de Lutens ....
    Bien cordialement
    Cécile

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    1. Déjà essayé la Rose de Nuit de Lutens? Pas forcément musquée, mais capiteuse et sale à souhait, c'est un beau travail...

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    2. Oui et c'était mon premier Lutens. Dire que je l'avais oublié celui*là... J'accompagnais une amie qui portait Bois de violette, peu de temps après l'ouverture des Salons du Palais royal. Elle m'avait attirée en me disant avoir découvert "un endroit absolument unique et que me connaissant, je ne pouvais qu'adorer"... Je me souviens d'avoir eu le coup de foudre pour ce parfum, avoir été agréablement surprise car ce n'était pas la rose que j'avais l'habitude de sentir ailleurs, celle qui m'indisposait et ne me plaisait pas du tout. C'est un des rares parfums qui a provoqué des manifestations spontanées de la part de mes collègues de bureau et de mon entourage : "qu'est-ce que tu sens bon !". Je pointe parfois mes narines dans la mauvaise direction à la recherche du Saint Graal alors que la solution est juste sous mon nez... Il faudrait que je retourne faire un tour au Palais royal. Mais je ne renonce pas à essayer le mélange Musc nomade-Ce soir ou jamais (dont j'avoue avoir un gros faible pour le nom).

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