banalisé

White Musk est un parfum qui m’a toujours fasciné parce que je ne l’ai jamais compris. Je n’ai jamais compris ce que les gens qui l’aime depuis plus de trente ans lui trouvaient. Les amateurs vantent sa propreté, le confort qui s’en dégage, évoquant l’image du T-shirt propre après la douche, et sa sensualité. Personnellement, j’y vois bien la propreté, son sillage me donne l’exaspérante sensation de parcourir le rayon poudre à lessiver d’une grande surface, saturé d’odeurs qui m’irritent au plus haut point. Je déteste cette manie du "tout parfumé" qui nous parasite en permanence. Plus moyen d’échapper à ces senteurs partout présentes, envahissantes qui polluent notre odorat, le sature en permanence. Incontournables, inévitables, il est quasi impossible d’y échapper.

White Musk me semble relever de la maniaquerie hygiéniste plus que de la propreté, ovni venu d’une autre culture, obsédée par le récurage, jusqu’à l’usure, jusqu’à l’irritation. Aucune sublimation, nous ne sommes pas dans l’inspiration, juste dans le rendu d’une odeur quotidienne. Curieusement, je ne parviens à l’associer qu’à cette tribu des No Look, éternellement vêtue d’un uniforme T-shirt-jeans-baskets. Quelque chose de délibérément neutre, délibérément effacé, destiné à se fondre dans la masse, à se confondre jusqu’à l’indistinction: un parfum banalisé.

White Musk, The Body Shop, 1981.