Il y a une chose qu’on ne peut dire sans fâcher. "Tel parfum est vulgaire!" Ça
choque, ça dérange des gens qui se sentent jugés. Alors que franchement, oui,
la vulgarité, ça existe. Mais où est le problème ? Je vais parler de
parfums que j’aime et que je porte comme ça, on comprendra que je parle aussi
de moi et que je ne suis ni snob ni méprisant* : les tubéreuses.
D’emblée,
oui, il faut le dire : la tubéreuse est vulgaire. C’est une hystérique
finie, gueularde, perpétuellement dans la séduction. Oui, je sais qu’hystérique
vient d’utérus et que certains me diront que je bloque sur une certaine forme de
sexualité, que j’ai une mentalité victorienne, etc. Peut-être. Mais enfin,
séduire à tout va, ce n’est pas toujours approprié et il se trouve que la
tubéreuse est constamment en train d’allumer, y compris à 8h du matin, chez le
boulanger, ou elle affiche un décolleté jusqu’on nombril et glousse en se
touchant les seins. (Beyond Love by Kilian) Certes, elle est méga glamour la
top biche, mais ça énerve la boulangère, croyez-moi. (Oui, la boulangère vous
trouve vulgaire, c’est un fait)
En plus, la
tubéreuse, c’est quand même la fleur bruyante par excellence. Il y a des matières,
comme ça, qu’on utilise pour se faire remarquer, pour avoir un sillage de
dingue. Fracas (Piguet) ne s’appelle pas Fracas pour rien. Il s’appelle Fracas
parce qu’il a le chic des entrée remarquée, faisant son show avec roulements de
tambour, spots braqués sur lui, plus effets pyrotechniques. Ce qui est saisissant
quand Lady Gaga monte sur scène, est agaçant quand vous
rentrer dans le train et que vous vous imposez. Ne venez pas me dire
hypocritement "mais je dose", c’est de la connerie en boîte :
certains parfums ne se dosent pas, ils sont conçus pour envahir l’espace et
quoi que vous fassiez, on les sentira autour de vous. Alors, il faut assumez :
oui, vous vous imposez et non, ce n’est pas une attitude élégante. C’est
vulgaire. Ce qui ne m’empêche pas d’adorez sentir Fracas monter dans mon
wagon.
d'ailleurs, tout ça ne
m’empêche pas de porter des tubéreuses et d’aimer ça. Je me sens délicieusement
hollywoodien, je roule des hanche, j’injecte des sous-entendus coquins dans
toute mes phrases (c’est assez facile de transformer un simple « passe-moi
le sel » en une invitation à la luxure la plus effrénée quand on sait s’y
prendre et qu’on a le parfum ad hoc), je me déchaine dans le lamé or les
paillettes… Bref, je joue ma Joan Collins dans Dynasty, saison 3, celle où elle
joue les veuves avec beaucoup de tenues très ajustées, des voilettes et des
fourrures à foison. Même pas honte, même pas peur. Vulgaire ? Oui, très
probablement et j’assume. Mais c’est fun ! Et c’est beau. Je n’ai jamais
pensé que la vulgarité s’opposait nécessairement à la beauté. C’est même parfois
indispensable, parce que l’élégance et le bon goût, ça sclérose.
Alors, du
coup, dans l’une ou l’autre de mes tubéreuses, je toise les complexés qui ne s’assument
pas et je leur dit "amusez-vous!" Parce que la vie est trop
courte et que c’est franchement un peu ridicule de penser qu’on parle de vous
et qu’on vous critique à chaque fois qu’on dit un mot à propos votre parfum. Assumez la
bombasse en vous, jouez-en, tout le monde va adorer ça ! Bien plus que les
mines hautaines et les lèvres pincées des prétentieuses qui, sac au creux du
coude, se croient supérieures au reste de l’humanité avec leur parfum qui
dépote. (Ça, c’est VRAIMENT très vulgaire de leur part, le parfum n’y est pour
rien.)Mon conseil pour la route: si on vous dit que votre parfum est vulgaire, penchez vous en arriére, riez d'un rire de gorge indécent et dite "j'adore" en vous inspirant des feulements d'Eartha Kitt jouant Catwoman, vous mettrez le monde dans votre poche.
*OK, je
peux aussi être snob et méprisant et devinez quoi ? Ça ne me pose
absolument aucun problème de conscience, ça ne m’empêche pas de dormir la nuit.
De nos jours, ce qui semble vraiment vulgaire aux madrilènes, c'est de sentir et de se parfumer comme tout le monde, d'utiliser des jus qui se ressemblent de plus en plus. Il n'y a rien de plus vulgaire que de se parfumer aux fruits + patchouly + fleurs (allez savoir lesquelles). Une personne qui sent la tubéreuse peut être dérangeante mais en principe personne ne la considère vulgaire. Il en est de même avec certains parfums classiques et capiteux, les gens peuvent ne pas aimer (des senteurs lourdes, c'est toujours une prise de conscience, une position et une pose) mais personne ne considère que ce soit une vulgarité. En principe, ce serait une option différente pour une personne plutôt originale ce qui est vraiment remarquable.
RépondreSupprimerTrès cordialement,
Sara
Très honnêtement, j'aurais plus volontiers parlé de patchoufruit, spontanément, mais j'aurais eu droit à une scène de la part de certains à propos de mon snobisme et de mon intolérance dons, j'ai choisi d'assumer un truc que moi j'aimais pour souligner que le but du billet n'étais pas de blâmer...
Supprimermoi je fais ma je ne sais-pas-quoi avec portrait of a lady (4 pschitts) + Oud cashmere Mood (1 pschitt) - je dis bien les deux ensemble ; je n'aime pas la tubéreuse, ça fait trop pute de banlieue, même lorsqu'elle est eucalyptussisée
RépondreSupprimerC'est très luxe pétrodollars, nouveau riche sans goût et sans morale, tout ce oud et cette rose... ça doit être délicieux de vous suivre!
Supprimersans morale je ne sais pas, mais sans goût non ! Puisque chacun de ces deux parfums est sublime, mais l'ensemble transcende le tout et évoque quelques roses écrasées dans du papier journal égaré au milieu d'une friche industrielle, elle-même contaminée par une nappe de goudron toxique... C'est quand même plus sublime et conceptuel que de simplement tourner ses fesses et dire "J'adore" !
SupprimerTout dépendra du galbe des dites fesses!
SupprimerJ'adooore les snobs "prout prout" bien pensants.
RépondreSupprimerJ'adooore le vulgaire chic!
2014 sera vulgaire ou ne sera pas.
Ah ah, j'adoooore.
Là il faut m'imaginer en Grace Jones devant une bouteille de Champomy à la fete de Noel du CE :)
C'est drôle, je n'ai jamais trouvé la tubéreuse vulgaire. Difficile à porter et entêtante, ça oui mais pas vulgaire, contrairement à la vanille... Shalimar pour moi est le comble de la vulgarité, on m'a même dit un parfum de "chaudasse". Oui je sais, je suis irrévérencieuse.... Angel est vulgaire à cause de celles qui le portent. Quand il est sorti, j'habitais encore Montpellier, ville étudiante mais ô combien bourgeoise : pas de salut possible si vous n'affichez pas un juge, un avocat, un propriétaire de vignoble ou un professeur de médecine dans votre pedigree. Je revois les vieilles peaux peroxydées (c'est une manie dans le sud, toutes les bourges se teintent en blonde platine), affichant les tenues "cougar" aspergées d'Angel pour prouver combien elles sont "djeunes" et branchées. J'ai Angel en horreur à cause de cela.
RépondreSupprimerJ'ai bien ri en lisant votre billet, notamment avec l'épisode de la boulangère qui m'a rappelé une vieille pub où l'épouse d'un commerçant bavant devant une cliente qui voulait lui faire tester la douceur de ses jambes rasées avec le nouveau épilateur, reprenait les choses en main avec un "Laisse Albert, je vais m'occuper de Madame".
En tout cas, vous avez de la chance de rentrer dans des wagons qui sentent Fracas ! J'échangerai bien ma place contre la votre. Moi, il faut que je subisse La Vie est belle ou Lover dose, à telle point que je suis reconnaissante quand une s'assoit à côté de moi avec J'adore...
J'aimerai bien jouer à Joan Collins, mais je suis une grande timide, j'ose pas... Il paraît que j'imite bien le chat qui ronronne mais les ronrons à la Eartha Kitt restent coincés dans ma gorge tellement je suis paralysée par la peur devant le "Mâle". Pourtant j'aimerai bien des fois porter le parfum qui, lorsque je demanderais au sosie de Daniel Craig "pourriez-vous me passer le sel s'il vous plaît", voudrait dire en substance "Voulez-vous coucher avec moi, ce soir"...
Rhoooo quand même, si, il faut oser! C'est difficile la première fois seulement.
SupprimerContent d'avoir fait rire: c'était le but. Shalimar, je peux comprendre, mais en même temps, je le trouve tellement bien enrobé, bien enveloppé... Jacques Guerlain a vraiment réussi son coup, je trouve en flirtant avec la pâtisserie et le bordel mais en réussissant à éviter les deux.
Angel, moi, je ne peux pas: ce patchouli criard et cette note sucrée, je trouve ça merveilleux de vulgarité, c'était fabuleux de sortir ça dans cette période si morne et emmerdante des années '90, tellement insipide, mais je déteste le parfum. Même si sa sortie m'a donné envie d’applaudir.