Il y a des
périodes où je croise plein de parfums anciens*, aimés jadis et l’effet et
assez étrange. Je les retrouve avec plaisir après les avoir oublié et je les
juge un peu durement.
Dernièrement,
c’était Kouros (Yves Saint Laurent), un parfum que tout le monde à aimer ou
presque, dont j’aimais le mélange de propre-sortie de douche et de sale-amours
torrides. Ce jeune homme idéal cachait sous ses airs de sportif sain, net,
propre sur lui, certains vices qu’il n’était pas bon d’exposer en plein jour…
Je l’ai croisé sur un boulanger. Dans la boulangerie. Et là, catastrophe :
puissant, dans ce contexte, il avait l’air d’un abominable détergeant
synthétique. Quelque chose de vraiment dérangeant, de pas à sa place. Il me
semblait vraiment impossible dans un contexte autre que celui de sa publicité.
(Et admettons, le : un beau jeune homme nu sortant vaillamment de l’océan,
c’est peut-être séduisant, mais c’est surtout fort rare comme occasion. Enfin,
je dis ça, mais si ça se trouve, il y a plein de gens qui vivent au bord de la
mer avec une flopée de top modèles amateurs de baignades.)
Autre souvenir :
Poison (Dior)… Celui-là reste associé à une époque, avec ses épice gueulardes,
ses notes fruitées un peu collantes (collé-serré ?) qui tentait de calmer
une tubéreuse en mode hystérique. Il collait parfaitement à son époque qui
aimait se la jouer Drama Queen, tous le voulait, tous l’aimait. Pas un jour ne
se passait sans que je le sente, il incarnait une forme de glamour décomplexé
qui allait bien avec une Madonna un peu potelée qui feulait « like a
virgin » dans une robe de mariée froissée, le khôl dégoulinant, l’aisselle
mal épilée. Je continue à lui trouver un certain charme, j’aime son côté théâtral
destiné à faire impression, à être vu de loin, comme ces costumes de scène qui
semblent mal taillés, bizarrement proportionnés dès qu’on s’en approche un peu
trop. C’est une géniale illusion, un numéro de cabaret mais… Je l’ai senti en
week-end, dans un contexte de bord de mer assez chic. Sur une femme plus très
jeune mais étrangement lisse qui arborait un look simple mais couteux (marinière
Saint-James + pochette Hermès) et il me semblait pareillement déplacé. Un peu
sinistre, un peu risible. Comme de croiser une actrice adorée en rue et de la
trouver banale, un peu cheap.
Je ne sais
si le temps fait son œuvre, si mon jugement s’affine, si mon goût change ou si
la mode les a balayé négligemment et refuse de leur accorder un revival, mais
ils n’ont pas réussi à devenir pour moi des classiques hors du temps, des
parfums que j’aime encore. Étaient-ils trop radicaux ? Un peu bâclés ?
Certains souvenir devrait rester dans les albums photos.
*Je suis né
en 1971, je vous dis ça pour vous éviter des conjonctures sur mon âge en vous
basant sur la date de sortie des parfums cités…
un bon souvenir et une bonne surprise lors des retrouvailles:
RépondreSupprimereau de Courrèges
Empreinte de Courrèges
l'eau (neuve?) de Lubin
Tous trois aussi jolis et inchangés. Vérifié d'ailleurs, ils n'ont réellement pas changé à l'exception d'Empreinte qui a mis sa mousse de chêne aux normes.Ils ne faisaient sans doute pas partie de vos madeleines (les miennes sont un peu plus anciennes, indice de mon âge canonique) mais allez les (re)découvrir, ça vaut le coup.
Hélène
Les Courrèges font aussi partie de mon passé. Empreinte, je l'ai découvert dans les années '80 à l'époque ou je découvrais les chypres. J'avoue que je n'ose aller confronter mes souvenirs à la version actuelle, car je crains la reformulation ratée et aussi d'avoir un peu embelli les choses.
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