maîtresse femme?


Jean-Louis Scherrer a lancé son parfum éponyme à la toute fin des années ’70. Époque curieuse, ou les parfums ont été moins baba cool et patchouli que dans les souvenirs des rédactrices de mode. Au contraire, beaucoup de vert, une certaine austérité, un mélange de design et de couture, pour des parfums plutôt sobres et altiers, c’était une période assez élégante dans le domaine de la haute parfumerie. JLS est assez représentatif : un chypre vert, fleuri. Mais les fleurs sont maitrisées, presqu’écrasées entre les notes de tête assez incisives et le fond légèrement fourrure. (Une fourrure d’été ?) Comme s’il n’était pas question de s’amuser : le fun, c’est bon pour les minettes pop, pas pour les adultes. Rarement un parfum m’aura autant évoqué  retenue et self-control. Pas un parfum de dominatrice, certes, son vert n’est pas assez acerbe pour cela, mais certainement pas un parfum de fille facile ! Maitresse femme ? Oui, c’est de cet ordre.

Il semble avoir fermé une ère, celle de parfums verts qui se moquaient d’être antipathiques, une époque où l’élégance était plus importante que la sensualité. Ce n’est pas qu’elle n’existait pas, simplement, elle s’exprimait dans l’intimité de la chambre à coucher, pas partout et à tous moments. (Curieusement, en paradant au grand jour, elle a beaucoup perdu de sa superbe, est devenue mollement consensuelle, lissée, gentille. Trop de sexy tu le sexy ?)

L’image du tailleur parfaitement coupé qui l’illustrait colle parfaitement : il est maitrisé, urbain, élégant et assuré, s’affirme plus qu’il ne charme. Le fond est pourtant séduisant avec ses bois et ses mousses, simplement, on le sent incapable de s’abandonner. Le porter me fait penser aux conseils de ma grand-mère « tiens-toi droit » etc. Il fait partie de cette catégorie de qui nous font obligation de bien nous comporter. Bien fait dans un genre austère qui n’a plus beaucoup cours. Un parfum à redécouvrir pour sortir des sentiers battus, un parfum qui rompt avec une certaine monotonie actuelle. Pas un chef d’œuvre impérissable mais un parfum en passe de devenir culte chez certains.

Jean-Louis Scherrer, 1979

Commentaires

  1. Hello,

    Je me souviens bien de ce fameux tailleur, mais la fragrance.. et oui Dau, il y a bien eu cette époque où on préférait élégance à sensualité, je l'ai connue aussi vu mes .... décennies ^^ hélas ce temps là me semble bien loin. Et quand je lis sur un autre blog bien connu qu'une hôtesse de l'air porte FloraBotanica et bien là j'en reste sans voix ! Chaque génération a dit ou dira tout se perd, la vie est ainsi faite.

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    1. Flora Botanica, pourquoi pas? Après un voyage en avion avec une hôtesse portant Womanity, plus rien ne me surprend.

      (J'ai failli vomir.)

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