I'm no Angel


Sorti en 1992, Angel rompait avec son époque de parfum propre et ozonique pour imposer sa coulée de sucre sur patchouli. Il faisait figure de bombe atomique qui éclatait les standards. Aujourd’hui, il n’a plus rien de révolutionnaire, il est devenu un classique au même titre que le N°5 de Chanel. Comme l’aldéhydé de la rue Cambon, il impose d’emblée sa panoplie, moins bourgeoise, cependant.

Angel suinte le désir de posséder un sac à logo, comme toutes les copines, de préférence un peu plus strassé et un peu plus doré, histoire de  rendre les dites copines jalouses. Plus de 20 ans après sa sortie, il incarne un nouveau conformisme, celui d’une société qui a renié les élites bourgeoises pour s’agenouiller devant les nouvelles icônes issues des banlieues, assumant leur vulgarité et leur bêtise, sacralisée par la télé-réalité, aussi interchangeables que leurs strings. On me permettra de regretter le bon vieux temps.

Angel, Olivier Cresp et Yves de Chiris pour Thierry Mugler, 1992.

Commentaires

  1. Autre chose qui me déplaît chez Angel (mais qui est peut-être lié à la vulgarité) : c'est que celles qui le portent ne semblent pas connaître le terme "avoir la main légère" : j'ai l'impression qu'elles se sentent obligées de vider le flacon pour imposer leur territoire et écraser les autres. Dans un endroit clos, style wagon, ou salle de cinéma ou pire encore, ascenseur, c'est insupportable.

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    1. Je pense qu les porteuses d'Angel n'ont pas toute la main légère, mais le parfum a, je crois, été conçu comme ça: pour envahir, s'imposer. Effectivement, pour moi, c'est lié à sa vulgarité intrinsèque: une absence complète de bonnes manières.

      La maison Mugler (activité mode) a connu la gloire dans les années '80, une époque ou écraser l'autre était plutôt bien perçu. La mode Mugler était, d'ailleurs, extrêmement agressive avec ses tailleurs ultra épaulés. Angel est donc bien dans le ton.

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