Après la pluie, le beau temps...

Les mots narcisse bleu, je les ai lus en 2011 dans le Journal d’un parfumeur de Jean-Claude Ellena. Deux mots qui m’ont immédiatement parlé, fait rêver, m’évoquant immédiatement une fleur prise dans le vitrail Art Nouveau d’une villa aux environs de Cabourg. Et le bleu, celui que j’aime, ce n’est pas celui, éclatant de Chartres, mais un bleu passé, grisé, un mauve décoloré, pali par le bleu sombre de la nuit qui l’entoure.

L’annonce de la cologne a créé une attente suspicieuse tant j’ai peur d’être déçu, mais un ami brandissant quelques jours avant sa sortie officielle un échantillon sous mon nez a fait naître le désir, un désir comme je n’en avais plus connu depuis longtemps, l’obsession d’une odeur, la volonté d’en posséder un flacon… Un sentiment, une sensation urgente, comme j’en ai peu connu ces dernières années qui me réconcilie avec la parfumerie contemporaine que j’ai parfois tendance à bouder.


Le Narcisse Bleu est capricieux, changeant, il peut s’élancer dans l’air chargé de verdeur, d’une pointe d’amertume, se faire limpide et aquatique, s’épanouir floral et surtout végétal sur la peau, évoquant le foin et le narcisse, s’évanoui dans une brume irisée blanche et boisée. Sortie au bon moment, cette cologne évoque les nuances pales des cieux de printemps parcourus de nuages blancs, l’atmosphère tendre et innocente que l’on espère créer pour une chambre d’enfant. Porter ce parfum, se baigner dedans me fait irrésistiblement penser à l’entrée dans un lit frais, aux draps amidonnés, raides, craquants, qui s’assouplissent et se révèlent tièdes et doux. Indispensable.

Cologne au Narcisse Bleu, Jean-Claude Ellena pour Hermès, 2013

Commentaires

  1. Réponses
    1. Il va tellement bien avec le printemps... Oui, il est terriblement tentant!

      Supprimer
  2. J'ai un problème avec cette Eau de narcisse bleu. Testé deux fois et à chaque fois il me rappelle vivement un parfum à la violette au bout d'une dizaine de minutes dont je n'arrive pas à me souvenir. C'es tellement flagrant que je me demande s'il n'y a pas d'erreur d'emballage !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Pas de violette sur moi, pas franchement, mais c'est une des facettes de l'iris. Oui, il n'est pas forcément d'une originalité folle, en rappelle d'autres, mais il a pourtant sa personnalité à lui, sa petite poésie toute personnelle.

      Supprimer
  3. Hello,

    J'aime beaucoup ce parfum découvert tout récemment. Je pensais que c'était un exclusif Hermès, mais non et heureusement. Belle réussite que ce Narcisse bleu. Oui indispensable assurément !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Cela ne me surprend pas d'une fan de JCE!

      Joli choix que celui de la cologne, effectivement pour un parfum tout en finesse et en exigence, bien digne de collection plus prestigieuse qu'une ligne de cologne. Mais Hermès avait déjà hissé le genre cologne au-dela de ce que nous en attendions.

      Supprimer
  4. LOL décidément me voilà cataloguée ^^ Oui c'est vrai que j'aime beaucoup J.C Ellena, il me fait penser à un chêne, arbre puissant et enraciné pour 200 ou 300 ans. Ses créations sont solides, pas éphémères ( du moins la plupart ). Ce Narcisse Bleu me correspond, Jour aussi, Terre aussi. J'ai le malheur de sentir l'eau d'été Yves Rocher tout à l'heure et là c'est quelque chose qui heurte, blesse et navre aussi. Bien des parfums sont de cet acabit un peu partout. Quand je lis J.C Ellena fait du J.C Ellena, justement non car sa capacité à se renouveler est étonnante, le temps n'a pas de prise sur ce qu'il imagine. Bref oui un chêne.






    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. LOL!
      Mais j'avoue aussi beaucoup aimer son travail: un de mes premiers grands amours parfumés était l'Eau de Campagne et depuis, j'ai régulièrement craqué pour ses créations : le mainstream qui porte sa signature est à peu près le seul qui me semble encore valoir la peine d'ailleurs. (bien que j'aime AUSSI ses créations nichues) Et ce n'est pas que je me précipite nécessairement pour sentir ce qu'il signe, mais quand ça me passe sous le nez, je me dis que c'est quand même bien beau, surtout à l'aveugle. (Comme c'est le cas pour Voyage que j'avais passé et que j'ai redécouvert avec surprise et plaisir!)

      Supprimer
  5. Je ne connais pas l'Eau de Campagne mais j'imagine... C'est vrai que J.C Ellena parvient toujours à étonner au moment où sans doute on ne l'attendait pas. Avec " Jour " j'ai été très déconcertée par ces notes vraiment marines ( d'où l'allusion aux coques LOL qui en plus est exacte ! ) puis charmée, avec " Eau de Narcisse Bleu " j'ai été immédiatement conquise. " L''Ambre des Merveilles " m'avait paru très lourde, là j'avoue avoir passé mon chemin sans regret. Mais en dehors de quelques égarements, je trouve que J.C Ellena ne s'est pas commis avec le vulgaire, et ça c'est inestimable. L'univers du parfum est gangréné par l'argent, comme tous les domaines, il faut un sacré savoir-faire pour ne pas tomber dans ce piège là. Je me réjouis de découvrir des parfums pour Jour et ce Narcisse Bleu et par la même occasion je suis bien contente que J.C Ellena ne soit pas en fin de course, comme j'ai pu le lire ici et là. Un magicien a toujours plus d'un tour dans son sac ^^ c'est bien connu.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je n'ai jamais cru qu'il était en fin de course! Il n'a pas que des merveilles à son palmarès, il n'est pas aussi à l'aise dans tous les domaines, mais ...

      Magicien est vraiment le bon mot. Et même sans porter beaucoup, je porte toujours avec plaisir les quelques oeuvres que j'ai de lui.

      Supprimer

Enregistrer un commentaire