aldéhydes modernes

Les aldéhydes de Calandre descendent directement de Ma Griffe (Carven) : métalliques, ils sont aux antipodes des codes bourgeois sages et lisses qui donnent aux grands aldéhydes cet air trop sage, facilement ennuyeux. Calandre s’élance, clair et lumineux comme une jolie matinée de printemps et se pose sur une rose fraîche et verte en se patinant joliment, en se poudrant un peu pour éviter de tomber dans le grinçant, de se figer dans sa fraîcheur comme certaines actrices trop botoxées qui finissent par ressembler à des caricatures.

Le parfum de Paco Rabanne suit les lois de la nature, passe de la verdeur à la maturité, c’est ce qui lui donne son élégance assez intelligente. Calandre n’est pas un parfum sensuel, ni romantique, bien qu’il ne boude pas ces aspects, c’est bien plus un cérébral, un cultivé. Sa jeunesse est toute entière dans ses attitudes franches, ouvertes, bien loin des minauderies sucrées actuelles. Brillant, mais sans bling bling.

Le porter me donne à chaque fois l’impression d’être la très élégante Claude Pompidou allant visiter une galerie d’art contemporain. Sans lourdeur mais bien présent, parfait avec un tailleur couture, mais aussi avec la panoplie jeans-T-shirt un peu rock, c’est un indispensable en voie de disparition : hélas, l’élégance en parfumerie n’a plus la cote. Être adulte non plus.

Calandre, Michel Hy pour Paco Rabanne, 1969