Voilà un parfum passé sous silence en dépit d’un joli flacon, un peu trop doré à mon goût, et d’une senteur plus intéressante et moins passéiste qu’il n’y paraît. Sortie des tonitruantes années ’80 la parfumerie cherchait à se réinventer et à beaucoup misé sur les notes marines devenue abominables à force de surdose de calone dans neuf lancements sur dix. Boucheron s’est résolument tourné vers le passé et est allé voir du côté de ces pré-eau chyprées masculines qui fleuraient bon le papa net et bien rasé comme pour Monsieur de Chanel ou Monsieur de Givenchy. (Cette originalité des noms vous laisse sans vois également, je m’en doute.)
De fait, pour monsieur commence par des notes colognes, entre agrumes et aromates, poursuit sur un discret assemblage floral et meurt dans un discret fond ambré, boisé. Mais énumérer des notes ne rend pas justice au parfum. Il faut souligner la luminosité transparente des aldéhydes qui font scintiller ce parfum tout au long de son évolution, le fait que les notes florales lui évitent d’être savonneux mais le rendent délicieusement poudré. Il faut porter Boucheron pour comprendre combien il est agréable et le suivre dans la rue ou embrasser celui qui le porte pour saisir tout son charme.
En outre, ce ne serait pas juste de ne voir en lui qu’un parfum rétro. Il a même une certaine avance sur son époque. Car en le sentant aujourd’hui, c’est à la plus récente Eau Première du N°5 de Chanel que l’on pense. Une eau plus naturelle, moins chargée en muscs blancs de synthèse, plus qu’un parfum de transition, c’est une très jolie réussite pour les amateurs de délicatesse, lassés des muscs blancs et dégoûtés des bois ambrés.
Boucheron pour homme, Raymond Chaillan pour Boucheron, 1991.
Du beau comme toujours chez les "peau de vache" ❤️
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