luxe



Cette semaine, j’ai relayé un article du Monde sur les réseaux sociaux qui traitait des jeunes et du parfum, de leur volonté de se différencier et de leur attrait pour un certain luxe. Il y aurait beaucoup de commentaire à faire et je retiens surtout l’intérêt pour les parfums qui est plutôt une bonne nouvelle. Les esprits chagrins trouveront matière à critiquer, probablement, mais enfin, des jeunes gens qui découvrent avec enthousiasme l’univers du parfum, c’est en soi enthousiasmant. Bien sûr, il y a des erreurs de parcours et, parfois, un manque de goût et de culture, mais justement, ils sont en train de former leur goût et d’acquérir une culture ce que certains n’ont jamais fait. (Je dis ça, mais j’avoue que pour moi, les avis de gens dont la connaissance de la parfumerie se limite aux sorties niches des dernières années ne m’intéressent pas le moins du monde. C’est un critère objectif, assez direct, parfois totalement injuste mais qui a le mérite d’être rapide et efficace quand il faut faire un tri dans une offre bien trop abondante d’opinons sur notre sujet préféré.)

 

Le point qui m’a interpellé et que je n’avais guère l’envie de développer sur les réseaux parce qu’il faut toujours être concis jusqu’au lapidaire et forcément sans nuance, c’est cette conception du luxe « Toujours plus cher, toujours plus rare, toujours plus intense » pour citer l’article, conception qui n’a rien de particulièrement jeune d’ailleurs. Elle m’interpelle parce qu’elle n’est pas la mienne. Je la respecte*, parce que, pourquoi pas ? Après tout, chacun son luxe. Je trouve que c’est surtout la définition d’une certaine vulgarité, assez cocotte ou nouveau riche. Et ce jugement n’est en rien péjoratif, j’aime beaucoup la vulgarité. En doutiez-vous ? J’ai pourtant assez dit que je me régalais de fleurs blanches tapageuses et bien trop présente et que j’aimais beaucoup sentir la fille de petite vertu et le garçon sans aucune morale. L’élégance, le vrai contraire de la vulgarité, est quelque chose que j’apprécie beaucoup mais ce n’est pour autant pas une valeur cardinale, un critère ultime. En partie parce que c’est assez ennuyeux.

 

Pour moi, le parfum le plus luxueux du monde reste pour moi l’Eau d’Hadrien d’Annick Goutal. Parfum que certains rejetaient parce qu’il avait une tenue absolument ridicule   d’une demi-heure sur peau mais qui était la plus merveilleusement fine et magnifique odeur de citron sur un merveilleux fond de cyprès que j’ai jamais senti.(Annick Goutal n'avait fait aucun compromis, c'était ça la niche à l'époque.) Il fallait l’acheter en flasque de 450 ml, en remettre souvent, c’était tout en finesse et en élégance, avec de la poésie en prime, mais dispendieux au possible. Ça, c’était le vrai luxe. Une folie de beauté juste pour soi. Le contraire de l’esbrouffe et de l’exhibition. Le contraire de « je veux en avoir pour mon argent » diront aussi certains, mais Annick Goutal me rendait tellement heureux que, pas une seule seconde, je n’ai pensé que j’étais floué.

 

Pour moi, ce qui n’a pas de prix, c’est l’émerveillement. Pas qu’on me sente jusqu’à Abou Dhabi et qu’on me dise que je sens bon.



*Ok, j'avoue que je respecte un peu moins quand on porte Baccarat Rouge.

Commentaires

  1. J’adore aussi L’Eau d’Hadrien. Un jour j’avais peut-être forcé sur la dose et quel ne fut mon étonnement quand deux de mes collègues sont arrivées et ont dit que la femme de ménage avait bien nettoyé car on sentait le citron 😭. Je me suis dit qu’on n’avait pas les mêmes valeurs 😂

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire