Pourquoi je suis passé aussi longtemps à côté de la marque
sans lui faire l’aumône d’un regard est un mystère insondé dont tout le monde se fiche
bien qu’il soit éclairci un jour, à commencer par moi. Mais en voyant « jasmin »
j’ai marqué un temps d’arrêt semblable à ceux que pouvait avoir Windows 3 et me
suis dit que pourquoi pas ? La prise de risque n’était pas bien grande,
puisqu’on parle d’un savon à prix mini. Qu’un savon liquide pour les mains mousse, lave
bien, se rince facilement et ne dessèche pas n’est pas bien compliqué, Jeanne
en Provence y arrive fort bien, l’affaire est entendue, parlons plutôt de l’odeur
puisque c’est ce qui nous intéresse.
C’est plutôt une jolie surprise. Le jasmin est présent mais
traité comme une fleur d’oranger très « bébé » avec une première
impression fraîche, juteuse plus que cologne, suivie d’une note florale blanche
et douce qui s’épanouit dans un nuage de muscs blancs savonneux et propre. Les amateurs
de fleurs blanches capiteuses, de jasmins sophistiqués seront peut-être un peu déçus.
Mais ceux qui ont succombé aux charmes des infusions de Prada aimeront et
comprendront ce parfum, tout simple et tout joli qui a bien raison de ne pas la
jouer précieux ou voluptueux puisqu’il semble assez normal qu’un produit d’hygiène
sentent le propre et soit suffisamment facile que pour paire à toute la famille
et aux invités sans cliver. Personne n’a vraiment envie qu’un enfant de quatre
ans qui se lave les mains se retrouve soudain parfumé comme la reine de Saba ou
la grande putain de Babylone après tout.
C’est un tout petit plaisir, de ceux qui font que la vie est
un tout petit peu plus douce. Comme l’odeur ne tient pas vraiment plus de
quelques instants sur les mains, nul besoin de se tracasser d’un éventuel
conflit avec notre crème pour le corps ou notre eau de toilette. Ce n’est pas
luxueux, ça ne prétend pas l’être mais c’est joliment bien trouvé et construit,
même si c’est vrai que nous n’avons pas ce sentiment de sentir un buisson de
jasmin. Peu importe la fidélité à la nature, un peu de créativité supplée fort
joliment à de gros investissements dans d’onéreuses matières premières et j’ai
toujours préférés les gens qui avaient du style à ceux qui avaient de l’argent
et le montraient. En tous cas, je vais m’intéresser un peu plus à cette dame Jeanne…
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