fleurs d'oranger, serge lutens



Au royaume des fleurs blanches, la fleur d’oranger est un classique qui s’est imposé et qui tient en ce moment la dragée haute à ses sœurs, y compris au majestueux jasmin qui régnât sans partage durant le XXème siècle comme LA fleur par excellence en compagnie de la rose. A vrai dire, si la fleur d’oranger est très présente, c’est souvent sous la forme de variations qui trahissent un peu l’esprit « fleurs blanches » capiteux et indolique au profit de jolies senteurs colognes ou enfantines. Rien de tout cela chez Serge Lutens où la belle est capiteuse et narcotique à souhait, même si on l’a connue plus crapuleuse, mais la version actuelle me plaît beaucoup et je ne vais pas courir après des versions anciennes. D’ailleurs, c’est un peu ma faute si je n’en ai pas possédé un flacon, j’ai perdu beaucoup trop de temps à me demander si… (oui, longtemps, voilà 30 ans que je lui tourne autour.)




C’est plutôt un bouquet de fleurs blanches qu’un soliflore. Le départ est presque vert, c’est le camphré de la tubéreuse qu’on a à peine le temps de sentir avant de respirer un jasmin capiteux qui sert de dame d’honneur de la souveraine fleur d’oranger qui s’avance ensuite vers nous avec une belle indolence. Sensuelle, elle l’est, un peu miellée, un peu sale mais un peu savonneuse aussi, toute en rondeurs et en douceurs, pas alimentaire pour autant. Ni très indolique. Son opulence languide évoque les odalisques d’Ingres, entre volupté et paresse, bien loin de toute hystérie séductrice.




Pour moi, c’est incontestablement un parfum des beaux jours à porter lorsque la chaleur nous accable. Dans l’ombre, il séduit, ne se laisse pas écraser, mais invite au repos, à la sieste seul ou bien à deux, à boire du thé parfumé en dégustant des pâtisseries orientales. C’est pour moi l’une des plus belles fleurs d’oranger du marché actuel, facilement portable, nuancée, pas monolithique ni trop lissée, une fleur d’oranger qui n’essaye pas de jouer les ingénues, les vierges insipides, les innocentes un peu bêtes, les jeunes mariées par trop oies blanches qui ont bien mérités le blanc de leurs robes. Non, non, c’est une fleur qui invite à la volupté parce que la vie est trop courte et qu’il faut prendre son temps, paresser, rêver, savourer, jouir… 


Fleurs d’oranger, Christopher Sheldrake pour Serge Lutens, 1995.


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