avis

 


L’automne qui arrive me donne des envies de nouveautés, ce que vous traduisez fort judicieusement par l’envie de racheté l’un ou l’autre parfum du XXème siècle que j’ai porté il y a 20 ans. C’est peut-être le contrecoup de l’été et de ces chaleurs qui obligent à porter des parfums plus lourds, plus bruyant, mais j’ai des envies de senteurs plus introspectives et contemplatives. Ce qui explique que j’ai surtout porté Après l’Ondée cette semaine avec sa jolie mélancolie d’iris teinté de violette prise dans une pale lumière chargée d’humidité. Et je cours donc les parfumeries pour tester ; je fouille les internets mondiaux pour trouver des informations, ce qui me désespère.

 

Les avis de certains semblent établis en fonction des seuls critères sexy, diffusant et tenace. Je n’ai rien contre les parfums évoquant le sexe et la luxure, même si ce n’est vraiment pas ma famille de prédilection, mais je ne suis pas prude ni bigot. Simplement, juger tout en fonction de ce critère est absolument ridicule et d’une pauvreté sans nom (quel que soit le prix du parfum envisagé d’ailleurs.) Il était question de parfums qui avaient un tout autre propos, qui racontaient une autre histoire, alors venir les noter avec ce critère en tête, c’est absurde.

 



L’autre critère utilisé était le comportement tenue/sillage. Que je ne trouve personnellement pas très pertinent. Voir un parfum disqualifié parce qu’il ne tient pas bien et ne se sent pas à des kilomètres à la ronde, c’est un peu agaçant, d’autant plus que ça tendrait à mettre d’horribles bois ambrés en tête de liste des meilleurs parfums : sortez votre hache et abattez-moi ce podium idiot ! D’autant que j’ai été choqué par ce que j’ai lu. Alors que tout cela semble très objectif, c’était le grand royaume du n’importe quoi.  J’avais sur le poignet un parfum qui tenait depuis 7h, qui aurait peut-être tenu plus longtemps, mais il était temps que j’aime me doucher, et je lisais qu’il ne tenait que 2h, voire moins…

 

C’est vrai que la diffusion était réduite, mais puisque j’étais en recherche de parfums méditatifs, c’était absolument parfait, mais la tenue était présente. Est-ce que certains ont vraiment le nez pourri ou la peau complètement déshydratée et desséchée ? Je dois bien avouer que ce n’est pas non plus un critère fondamental pour moi. Techniquement, bien sûr, c’est plus intéressant d’arriver à faire une formule un peu tenace mais cela ne doit pas gâcher le parfum par l’ajout de vilaines notes de fond parce qu’il faut de la performance. L’idée qu’on puisse ajouter de l’ambroxan à mon cher Après l’Ondée, histoire de le faire tenir un peu plus me glace les sangs.

 

D’ailleurs, j’éprouve un certain plaisir à me reparfumer. Alors que je n’en ressens aucun en affrontant certains à l’invraisemblable tenue dont on n’arrive pas à se débarrasser et qui envahissent tout, résistants au lavage, saturant l’espace et s’imposant partout. Leur porteur s’imaginant probablement séduire alors que la seule envie est celle de les tenir à distance alors qu’une certaine discrétion aurait invité au rapprochement. « Tu sens bon, enfin, je crois que c’est toi… Laisse moi mettre mon nez dans ton cou… »




Il en va de même avec les parfums d’intérieur parfois. Ce qui pour moi fait le charme de la dame de Heian de Serge Lutens, c’est de savoir qu’il traîne sur le plaid, bien plus délicieux après quelques jours quand le parfum ne se perçoit plus que de très prés sur l’étoffe, que je sentirai sa jolie odeur aromatique (très laurier, je sens surtout ça en ce moment) de bois secs et un peu fumés quand je m’envelopperai, elle accompagne le mouvement, la sensation. C’est un moment, une expérience au cœur de la maison, pas le signal qu’envoie certaines bougies qui accueillent, marquent le territoire et signifient qu’on est bien chez soi. C’est plus intime, plus douillet, tient du moment proustien où odeur, toucher et état d’esprit se répondent, se combinent et se marient en une petite alchimie magique et très éphémère et où, finalement, un seul des éléments finit par appeler et recréer les autres dans mon esprit.


Ce que j’aime avec le parfum, ce sont des moments de révélation, des moments de beauté, mais aussi des expériences intimes qui m’amènent à me rencontrer moi-même, pas des marqueurs de statut social ou des aides à tirer mon coup en boîte de nuit (si ce genre d’endroit existe encore ?) Et je ne dis même pas ça parce que j’ai vieilli, il en a toujours été de la sorte. (Ai-je toujours été vieux ? Oui, mais c’est une autre question…) Cela étant, je ne juge point les motivations des autres, mais je constate que leurs jugements ne peuvent parfois tout simplement pas être les miens et que les revues trop sommaires et qui se veulent parfois objectives ne le sont pas vraiment, qu’il faut parfois expliquer et comprendre sa subjectivité pour rencontrer celle de l’autre et partager quelque chose avec lui … 


Commentaires

  1. J'ai arrêté depuis bien longtemps de me faire une idée sur un parfum en lisant les avis sur les sites type Fragrantica. Ça part dans tous les sens et les gens semblent souvent se prendre très au sérieux alors qu'ils n'ont visiblement aucune culture olfactive. Ce dernier point n'est pas important si on sait rester modeste mais là on se prend souvent pour de grands nez. Sur Instagram c'est encore pire: on ne sait jamais si le compte n'est pas rémunéré par telle ou telle marque. Vive les échantillons pour qu'on se fasse soi-même une idée. Et si elle est (forcément) subjective inutile de la crier sur les réseaux sociaux comme si c'était la parole divine...
    Pour la mode on n'en parle même pas: il n'y a qu'à regarder la rue pour voir les dégâts que font les influenceurs et influenceuses.

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    1. Fragrantica, je crois que c'est le pire. Je ne sais même pas si les gens qui postent là s'intéressent au parfum ou s'ils ont juste la maie de donner leur avis sur tout, de la poudre à lessiver au casque audio en passant par le chypre vert parce que... Pourquoi pas? Le manque de culture est assez affolant, oui, parfois on reste sidéré de voir que des gens après avoir fouillé la niche pendant dix ans tombe par le plus grand des hasard sur un bon vieux classique et en reste tout ballot parce que ça les oblige à revoir tout leur système de valeurs... Quoi? Il y a mieux? Plus complexe?

      Pour Instagram, oui, il y a les marques qui rémunèrent, quoi que pour beaucoup le simple fait d'envoyer un flacon suffisent à acheter leur âme, il n'y a même pas besoin de payer en plus, mais j'ai une fascination pour ces comptes monomaniaques qui ne s'intéressent en réalité qu'au flacon et montrent à longueur de temps du Diptyque et du Byredo comme si c'était l'ultime merveille alors que ce sont juste des packaging très photogénique et que qualité et créativité ne sont plus au rendez-vous chez Diptyque depuis bien longtemps (les flacons carrés?) mais ça fait un beau feed, une belle déco dans la chambre et la salle de bain... C'est désespérant.

      Quant au partage sur les réseaux, j'apprécie de découvrir des petits mondes, des univers, avec leurs avis, leur ressentis, mais effectivement, pas la peine d'être catégorique. Quand on invite des gens chez soi, ce n'est pas pour leur dire que de toute façon nous avons raison, qu'il n'y a pas à discuter et qu'ils n'ont qu'à se taire. (Les gens, comme ça, je ne retourne pas chez eux, merci, mais non merci!)

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