ma griffe

 

Ma Griffe, c’est l’incarnation d’une parisienne de carte postale des années ’50, jeune et un peu fauchée, très chic dans des robes de coton, passablement aguichante avec un bouquet de gardénia jasmin plus que vraiment sensuelle, le galbanum qui verdit le parfum est bien trop présent -même si ce vert est un vert chaud- ayant du chien, sachant ce qu’elle veut pour ne pas dire qu’elle est fichument têtue avec son sale caractère de chypre pourtant adouci d’un santal très crémeux. Les aldéhydes de départ, très métalliques, raides et crissants donnent le ton, cette incarnation est adorable, adorée, peut-être bien mais elle vous fera tourner en bourrique, marcher à la baguette et vous risquer d’en redemander.

 


Ces mêmes aldéhydes ont contribué à vieillir le parfum. Toujours aussi jeune et jolie dans sa tête, Ma Griffe a fait une fin en épousant un notaire de province. Elle est devenue la femme la plus élégante de la sous-préfecture, tyrannise ses bonnes qui l’adorent un peu par peur de faire autrement, un peu par fierté d’avoir une patronne si chic, et tous les notables de la ville viennent lui manger dans la main en faisant mine de flirter, ce qu’elle adore.
 


Son succès est dû en partie au marketing, il est l’un des premiers parfums à avoir agressivement ciblés les jeunes femmes, ce dont on ne se doute plus trop aujourd’hui, certes, en partie à un prix relativement modeste et à une distribution extrêmement large. Cela a un peu cassé son image de parfum chic, l’empêchant peut-être d’être l’un de ces parfums mythiques dont on parle avec respect bien qu’ils fassent partie des souvenirs de beaucoup qui l’ont souvent senti sur leurs aujourd’hui vieilles tantes. Les amateurs ne boudent pas leur plaisir, on trouve quantité de flacons anciens à des prix raisonnables et c’est assez facile de se faire plaisir en sentant un peu la vieille d’une façon déconcertante tant il semble encore vif et agressif, loin des colognes sages et de la poudre tendre dans laquelle on voudrait enfermer les vieilles dames. En Ma Griffe, les vielles dame t’emmerdent, petit con !
 
Ma Griffe, Jean Carles pour Carven, 1949.      

Commentaires

  1. Hello hello,
    Ce parfum est assez fleuri au final sans tomber dans le mémère, vert mais pas raide non plus, à vrai dire, il est presque parfait pour toutes les occasions. C'est drôle, il me fait penser à Calèche même si dans l'absolu ils n'ont pas grand chose en commun de prime abord. Un parfum assez chic dans sa version originale qui est allez il faut le dire, pas facile à débusquer mais qui fait renaître une fille plein d'ambition en moi ! Elle se prépare le matin très sûre d'elle sans excès et sans culotte (😉) et se fiche un peu de ce que les autres vont penser....
    -fabien-

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    1. Quand on règne sur le monde, pourquoi, mon dieu, se soucier de ce que pensent les autres?

      Les aldéhydes le raidissent bien, je trouve même si les fleurs blanches l'adoucissent ou plutôt l'arrondissent car on ne peut pas précisément le qualifier de doux. Un parfum qui a du chien! (Et qui mérite mieux que le Guerlain le qualificatif d'insolent!)

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  2. Je suppose que la version actuelle (Francis Kurkdjian et Patricia Choux) n'a plus rien à voir,,,

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    1. Au moment où elle est "ressortie" Ma Griffe était encore très reconnaissable, un peu moins raide et en ayant perdu du fond mais c'était très honnête. Je ne sais pas ce que vaut le flacon actuellement vendu.

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