Il semble que nous venons
de traverser une époque parfaitement gothique. L’obscurité semblait avoir
vaincu le jour avec la complicité d’une pluie incessante et d’un vent qui hurlait
constamment sa volonté de nous réduire à la tristesse et au désespoir. Les
éléments étaient sombres et furieux mais la barbarie tout autour de nous qui
marquait sans cesse des points effrayait encore bien plus. Il semble urgent de
construire des tours d’ivoire, de se retirer en des solitudes lointaines pour
ne plus voir, ne plus savoir.
C’est fort naturellement que j’ai ressorti Relique d’Amour de la maison Oriza L. Legrand, parfum d’isolement, de deuil et de tristesse dans laquelle la beauté du lys se fanant sur fond de pierres froides et humides dans une atmosphère d’encens laissée par d’anciennes liturgies funéraires était étrangement rassurante et consolante.
Comme si s’abandonner à son romantisme, céder à la mélancolie était le meilleur moyen d’exorciser les démons par un effet cathartique.
Cependant, j’ai commencé à lire, relire, Madame de Lafayette, auteure précise et précieuse qui exprime une civilisation raffinée et classique qui sait tenir les passions à distance pour être raisonnable et équilibrée. C’est paradoxalement un enchantement que cette morale quelque peu janséniste, bien ordonnée, qui trouve son plaisir loin des excès des passions. (J’ai toujours été plus Eleanor que Marianne)
Dans le même temps, j’ai aussi préparé mes parfums d’hiver, tournant résolument le dos aux fêtes, rejetant tout ce qui d’un seul coup me semblait devenu abominablement vulgaire et commun, cet Orient de pacotille décadent, les surcharges et les fioritures, la facilité des gourmandises et des gros ambres qui tachent et me dégoûtent absolument (pour à peu près six mois, jusqu’à ce que je me vautre dans la volupté de fleurs blanches excessivement cocotte.) Chacun a les jeux qu’il peut et un surcroit de frivolité ne faisait vraiment point de mal. Autres petites joies : des fleurs dont on ne dira jamais à assez combien leur compagnie nous est indispensable, des litres de thé et des infusions au gingembre. (Et une commande chez Honoris Causa, donc. Autre indispensable.) Loin de moi, l’idée de sombrer dans le puritanisme qui me reste un vrai repoussoir.
J’espère que vous avez trouvé aussi quelques consolations et échappatoires en ces temps si sombre ?
Commentaires
Enregistrer un commentaire