Les jours passés
me furent si insupportablement douloureux que je n’eus la force de me parfumer et
qu’il serait plus charitable de vous épargner un billet d’humeur qui ne
pourrait être que dégoût de tout ce qui me passe sous les yeux et mépris de
l’humanité toute entière. Je suis resté des jours sans me parfumer et ne suis
capable de dire si je me reparfumerai un jour. (Traduction : demain, je
flotterai probablement sur un nuage du Paris d’Yves Saint Laurent.) Disons que
je vais parler de ce qui a adouci mes souffrances et poli mon esprit. D’autant que ce furent peut-être les épreuves
traversées qui me rendirent un tout petit peu raisonnable.
Vous comprendrez
mon calvaire lorsque je vous aurai révélé que, constatant que mon sleeping
masque se terminait, je n’ai point eu mon réflexe habituel (me jeter sur
l’application Olive Young et en commander trois) mais suis sagement allé voir
mon placard, constaté de visu qu’il m’en restait un (Quoi ? Un ? Un
seul ? Appelez les secours !) et … rien fait. Je vais attendre
d’entamer celui qu’il me reste et qui bouleversera peut-être mon classement, on
ne sait jamais, changera ma wish list et mes ordres de priorité, bref, je vais
voir, attendre, advienne que pourra et tant pis si je me retrouve sans, les
dieux du skincare reconnaîtrons leurs fidèles et y pourvoiront.
Je n’ai même pas cédé à l’envie d’acheter
celui que Kim vente sur son blog (je vous mets le lien parce qu’il n’y a pas de
raison que je vous inflige la même pénitence qu’à moi, vous avez bien le droit
de céder à la tentation) alors qu’il est bien tentant. Qu’il ne vise pas
exactement mon type de peau est un motif ridicule pour ne point céder, après
tout, j’ai aussi besoin de choses légère en été. Et j’ai besoin de croire que
l’été arrive et de m’y préparer. D’autant qu’il est
plus facile d’alourdir une routine avec trois gouttes d’huile que de l’alléger.
Et après tout, s’il arrive que je sois traîné devant le grand tribunal de la
futilité pour avoir été quelques fois raisonnable, on ne pourra retenir la logique
à ma charge.
Ma madeleine de
Proust (que je déteste cet encombrant cliché !) a été de relire le
merveilleux voyage de Nils Olgersson à travers la Suède de Selma Lagerlöf
(première femme à avoir reçu le prix Nobel de littérature) qui est toujours
aussi délicieux pour voyager et découvrir depuis son fauteuil. C’est un conte,
un roman d’apprentissage, une leçon de géographie et si vous ne l’avez point
encore lu, je vous y invite, d’autant qu’après plus de 100 ans il n’a pas
beaucoup vieilli et pose encore des questions très actuelles : il
interroge notamment notre rapport à la nature, aux animaux, etc. Sa lecture
peut vraiment être mise en lien avec tout ce qui se passe autour de nous ici et
maintenant, c’est un classique mais absolument pas démodé ni dépassé. N’est-ce
point là ce qui fait la force des classiques, de continuer à nous interroger
bien longtemps après leur rédaction ? (Et à nous faire rêver aussi !
C’est important de rêver.)
De façon fort peu
productive, je fus auus beaucoup devant l’écran. Si j’ai adoré chaque minute
passée devant a good day to be a dog (Viki), délicieuse comédie sentimentale
rose bonbon qui comporte plus d’ombres et de profondeur qu’attendu et un
casting parfait emmené par un Cha EuWoo totalement irrésistible je fus
beaucoup plus énervé par my démon (Netflix) pour les raisons inverses, une
comédie sentimentale mièvre, bien trop filtrée, là où on espérerait un minimum
de noirceur grinçante, dans laquelle l’acteur principal est idiotement mignon
et n’exprime rien d’autre que cette seule mignonceté. Le rôle le voudrait
méprisant, il se montre seulement capable d’inspirer ce mépris dont il devrait
faire preuve. * Mais peut-être penserez-vous à rebours de moi que pour somnoler
devant le poste de télévision, en cas de maladie, c’est toujours assez bon ?
Sur Prime, the Death’s game me pose un problème : le scénario est bien
ficelé, il y a quelques scènes fort réussies, une intrigue originale, ce qui
est assez rare, et de vrais bons personnages de méchants comme nous les aimons
incarnés par des acteurs que j’ai pris beaucoup de plaisir à retrouver mais la
morale de l’histoire pêche un peu. Le thème centrale est le suicide et je n’ai
point apprécié le traitement réservé : culpabilisant et donneur de leçon. J’ai
beau être d’accord avec Françoise Sagan et penser qu’il faudrait avoir
l’élégance de faire passer cela pour un accident, je suis cependant depuis
toujours été d’avis qu’une personne qui pense au suicide est en souffrance et avait
avant tout besoin de compassion, pas d’entendre que « ce n’est pas bien ce
que tu fais, tu es vraiment égoïste, etc. » Cette réserve quant à la série
est quand même une grosse réserve. Par ailleurs, seulement 8 épisodes et c’est
bien assez pour éviter le délayage même si un peu plus de temps avec un tel ou
un tel… Quoique, deux tueurs en série, il vaut peut-être mieux ne pas trop
s’attarder ? (Si vous avez vu, dites-moi ce que vous en avez pensé et
disons du bien de nos acteurs préférés et du mal de tous les autres !)
* Je pourrais donner
des cours de moue méprisante, il y a peut-être un avenir pour moi dans ce
secteur très pointu des cours de théâtre ? Pas en France, certes, l’actualité
récente nous l’a encore bien montré : le mépris, les acteurs français connaissent
Bonjour Dau,
RépondreSupprimerJe tenais à vous remercier.
Je vous avais déjà écrit quelques rares billets au sujet de notre vénéré Marcel Proust, et du Dit du Gengi. Aujourd'hui, je suis de repos. Malgré un beau soleil, il fait un froid de canard dehors, et je reste blottie sous mon plaid, peu tentée d'aller marcher dans ma campagne pourtant si belle, dès que le ciel est bleu.
Je voulais donc vous remercier, car depuis hier soir, et grâce à vous, je me suis plongée, avec ravissement dans les aventures de ce jeune Nils Holgersson, roman que je lis pour la première fois, et qui m'attendait depuis des années dans ma bibliothèque.
Et cela vous fera peut-être encore plus plaisir quand vous saurez que je baigne, tout en tournant les pages, dans les douces et réconfortantes notes de l'Heure Bleue.
Une belle et douce journée. Grâce à vous.
Je suis ravi, ce livre est une pépite qu'on oublie au profit de beaucoup d'autres qui sont parfois beaucoup moins intéressantes et jolies. (Moment préféré: le spectacle des grues!) Une lecture à remettre entre les mains de tous les enfants. (Et des moins enfants.)
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