matin de ...

Ce n’étais pas ma meilleure idée… J’ai ressorti un petit flacon de matin dorage d’Annick Goutal du temps ou la maison portait encore le nom de la fondatrice, avant le rachat par les coréens, quand c’était bien, et ça m’a rendu tout triste. Ça sent toujours aussi beau, le parfum des gardénias qui flotte dans l’air, très doux, après une crispation ozonique, un crépitement qui évoque si bien cette atmosphère particulière de l’orage. C’’était mon gardénia préféré, le plus réussi selon moi, même s’il lui manquait cet aspect charnel de la fleur blanche, mais c’était ce que j’aimais, cet esprit aquarelle.

J’étais triste parce que ça m’a replongé des années en arrière, à l’époque où les perfumista pensait que la parfumerie de niche, c’était l’avenir, à la fois le maintien de la qualité et la créativité. Et puis la niche s’est vendue. Elle est devenue le nouveau mainstream, banale, commerciale, cédant aux modes, à la multiplication des lancements, aux reformulations grossières.

J’avoue que je n’ai plus vraiment le goût du parfum. Il me reste surtout des habitudes, mais j’ai perdu l’envie d’explorer, de découvrir, fatigué par trop des déceptions accumulées.

La boucle est un peu bouclée, je vis beaucoup de mes restes, de flacons anciens. De classiques ayant plus ou moins bien traversés le temps. À l’époque de matin d’orage, j’avais déjà le sentiment que l’âge d’or était derrière nous mais il restait de l’espoir, il me semblait en respirant cette relique qu’il ne me restait plus aujourd’hui que des désillusions. J’espère que c’est moi qui ai vieilli, que l’époque n’est pas si désespérante. J’espère mais je doute.

 

NB : outres mes vieux classiques, je suivis aussi grâce à Parfum d’Empire et Oriza Legrand. Ok, avec Oriza, on n’est toujours pas à la pointe de la modernité. Mais au moins ces deux maisons ne font rien de moche. Au pire, c’est « joli mais pas mon genre. »