rive gauche, yves saint laurent

 

Ok, j’ai porté des parfums capiteux-exotiques enveloppants comme de sensuelles étoles en cachemire mais… C’est tellement pas moi qu’il a fallu que je revienne bien vite Rive Gauche parce que c’est tellement plus « mon genre. » Je suis toujours tellement déçu, peiné, attristé quand les gens me disent qu’ils ne le connaissent toujours pas. Dans sa petite cinquantaine, ce parfum que je rachète régulièrement (c’était mon investissement parfum du black Friday) reste absolument merveilleux dans la veine classique dépoussiéré.  Un nuage d’aldéhydes, des fleurs (roses !) de la poudre, du savon et un petit quelque chose en plus parce qu’on a une vie sous nos jupes, on n’est pas de bonnes sœurs mais le tout, parfaitement reconnaissable, s’arrange pour ne pas être trop couture, trop élégant, parce que c’est un peu ennuyeux. Le parfum d’Yves Saint Laurent en fait un peu trop. Il parle haut, éclate de rire, fait de grand geste, embrasse en laissant une marque rouge sur la joue des beaux bruns et des blonds mignons…

Rive Gauche sent fort. La réclame des années ’70 ne ment pas, ce n’est pas un parfum pour les femmes effacées. Mais il n’a ni l’autoritarisme bourgeois des ses aînés centenaires, ni les l’allure menaçante des séductrices des années ’80. Rive Gauche est aimable, souriant, sans aucun complexe et sans aigreur. Ses notes métalliques aldéhydées, ce sont des paillettes, pas une armure.

Et le lifting du parfum de Michel Hy et Jacques Polge est très réussi. J’ai lu quelque part que c’était Daniela Andrier qui s’en était en partie chargée et… Pas de surprise. Ces muscs blancs qui apportent quelque chose d’un peu moderne sans défigurer le parfum, qui respecte même totalement l’ambiance, c’est quand même TRÈS bien fait. (On ne dit pas assez quand les choses sont bien faites.) Rive Gauche est toujours aussi beau sur tout le monde, les hommes, les femmes, un peu plus sur le denim que sur la soie (dit-il avec son carré Hermès autour du cou), pour le bureau, l’opéra ou promener le chat….

NB : c’est tellement plus réussi que le lifting du N°5 qui ne sent plus aujourd’hui que la lessive de luxe. C’est joli, je ne dis pas, mais ce n’est plus le N°5 et ça fait cher la lessive, même si le flacon Chanel est plus photogénique que le génial flacon de Rive Gauche, tout léger, incassable, nomade, tellement plus moderne.

Je regrette qu’il n’y ait plus de ligne corps parce que Rive Gauche qui sent bon le savon de luxe se prêtait particulièrement bien à ça. On peut toujours tenter le mariage avec des lignes d’autres parfums de luxe, parce que le skincare, non, en vintage, non, non, non, mais c’est assez facile de trouver quelque chose qui se marie bien. La ligne Karité de L’occitane est juste parfaite. Et le nouveau packaging métal est bleu semble faite pour se marier au flacon métallique de Rive Gauche.

Plusieurs soins intéressants dans cette ligne mais j’avoue n’en aimer que deux parce que… La crème pour les mains et trop grasse pour la journée, le lait corps trop léger pour le soir, et en plus je n’utilise pas de gel douche… (En fait, trois produits sont bien, les gros blocs de savon sont très sympathiques et sentent franchement bon.)

La crème corps ultra-riche est parfaite pour la saison, nourrissante (beaucoup) hydratante (un peu) pas trop collante, mais on ne peut pas vraiment avoir un soin très nourrissant qui pénètre instantanément. Ce n’est pas nécessaire de la travailler mais on peut masser si on a l’envie (ou un masseur à domicile.) Elle laisse un film sur la peau qui accroche bien le parfum (bien que dans le cas de Rive Gauche, la tenue ne soit pas un souci, si vous ne le sentez plus, c’est de l’anosmie) et sent délicieusement bon une odeur cosmétique ultra-classique aldéhydée poudrée-crémeuse, moins florale, moins riche, plus propre mais très compatible avec Rive Gauche. Qui pourrait même vous convaincre de porter le Saint Laurent si les aldéhydes un peu métalliques du départ vous effraient en les adoucissant.

L’autre soin dans la ligne que j’aime beaucoup beaucoup, c’est la mousse ultra riche pour nettoyer nos blanche main. Elle sent bon l’odeur de la gamme karité, nettoie sans dessécher ou abîmer les mains. Le prix n’est pas complètement délirant puisqu’on n’est pas chez Guerlain et le gros bidon en plastique n’est pas totalement affreux non plus. Surtout, j’aime bien la texture un peu crémeuse, pas si gel qui mousse joliment mais sans excès. Oui, je suis un peu difficile, mais les nettoyants trop basiques qui donnent l’impression qu’on se lave au produit vaisselle ou qu’on cède à un hygiénisme hospitalier, c’est quand même un peu déprimant. (Et la saison ne se prête que trop bien à la dépression nerveuse. Ce n’est pas la peine d’en rajouter une couche, merci.)

Et si vous voulez une crème pour les mains, j’ai trouvé mon bonheur dans la ligne iris de Zara Home qui est très jolie. Je parle des packagings, sobres voire minimalistes, quand je dis ça même si la crème est un coup de cœur.

Une crème bien fichue, non grasse qui permet de s’adoucir les mains en journée, c’est tout ce qu’on demande et c’est ce que l’enseigne espagnole nous donne. Ce n’est pas la formule la mieux faite de l’univers mais les trucs vraiment réparateurs, en journée, c’est impossible sauf le samedi matin pour faire l’argenterie parce que je mets des gants et que les doigts tout collant ne sont plus un problème.

L’odeur est joliment réussie et discrète : une note iris/musquée, très propre et net, avec ionones bien présentes, très « infusion d’iris » qui se marie fort joliment à Rive Gauche. Le tube métallique est fort joli et sympathique (au moment de l’achat, le tube en métal, ça ne vieillit pas forcément très bien…) et voilà un bien joli cadeau à (se) faire pour trois francs six sous (ou 12€.)

Le reste de la gamme, c’est NON. Franchement, c’est joli et ça permet d’avoir un joli pot avec iris marqué dessus, mais ça s’arrête là. Pas tout à fait. L’autre avantage de l’objet, c’est la diffusion réduite qui permet d’ignorer le fait qu’il y a à peu près autant de beurre d’iris que de vrais diamants sur la tiare de princesse en pur plastique que vous avez offert à votre nièce de 5 ans au dernier noël. Ce n’est pas moche, ça pourrait faire plaisir (mais moins que la tiare à la nièce en question) mais il y a moyen de trouver mieux ailleurs. (Et dans le même magasin, il y a des senteurs plus réussies que celle-là.)

Et puis sinon, avec Rive Gauche, en plus du rouge, vous avez droit à la poudre de riz. Mais pas au bronzer parfum monoï, ça, il va falloir le laisser aux cagoles.