tranche de vie

 

Ce n’étaient pas nécessairement les meilleurs moments de ma vie. Outre le manque de sommeil, je pense que j’ai même touché le fond de la misère humaine. Grâce aux mesures d’économie et de sobriété, le chauffage à ENCORE été réduit à le travail et je crève donc de froid absolument toute la journée bien que je travaille en manteau et sous un plaid. Je ne sais pas exactement quel est le but, mais le résultat certain est une productivité qui s’effondre et le déficit de la sécurité sociale qui va se creuser un peu plus grâce aux jours de congés de maladies et aux prescriptions de médicaments divers qui se préparent pour tenter de soutenir mon organisme affaibli. (Je rappelle que je suis cette personne qui cet été se réveillait de froid quand la température atteignait 23°) Mais comme ce n’était pas assez de souffrance, j’ai même eu droit à une coupure d’eau courante : impossible pendant toute la journée de tirer la chasse, se laver les mains, laver la vaisselle. Ce n’est pas comme si pendant deux ans on nous avait expliquer que c’était important de bien se laver les mains… Impossible de se réchauffer en buvant du thé.

Pour en rajouter une couche, mon livreur takeaway a eu un énorme retard me laissant affamé, souffrant en silence. (Parce que j’étais seul et qu’il n’y avait personne pour m’entendre, sinon, c’eut été les hauts cris !) Le froid, la faim, si ce n’est pas le comble de la misère humaine, je ne sais pas ce qu’il vous faut de plus. La guerre ? Franchement, certains mails que je reçois s’apparentent un peu à ça. Mon malheur étant infini, il a bien fallu que je fasse du shopping.

Ne vous avisez même pas de tenter la leçon de morale sur le thème « victime de la société de consommation » ou de fustiger ma frivolité totale ou ma haute superficialité, vous seriez très mal reçus. D’ailleurs, j’ai acheté des livres, je ne suis pas allé faire la file devant un Primark ou un Apple Store non plus. Ce n’est jamais vraiment mal d’acheter des livres.  (Enfin, tout dépend de l’auteur, certes.)


J’ai acheté trois livres et je me suis par après posés des questions sur les raisons de ces choix. Sur le coup, c’était évident, j’ai embarqué ça vite fait, sans vraiment y penser ou réfléchir.

Il y a d’abord eu le livre « recommandation Instagram » même si j’étais incapable de me souvenir de quoi que ce soit si ce n’est qu’il avait plu à quelqu’un que je suis, dont j’apprécie l’univers, avec qui je pense avoir des points communs. C’était évident pour moi que ça devait plus ou moins me correspondre comme lecture. Vient ensuite le roman de l’auteur que je suis depuis le siècle dernier et dont la vision du monde me plait toujours, dont l’univers littéraire me séduit (ndlr : la répétition du mot univers n’est pas un hasard ni un manque de vocabulaire.) et que je retrouve toujours avec plaisir, sans me poser de question, sans lire les quatrièmes de couverture, sans chercher à consulter la moindre critique. Je suis juste un peu choqué à chaque fois : Quoi ? Il a sorti un nouveau roman et PERSONNE ne m’a prévenu ? Et puis il y a le classique encore jamais lu, qui ne m’inspire pas forcément beaucoup mais dont le titre est régulièrement cité dans la galaxie des ouvrages que je lis comme pour me signaler qu’il y a là quelque chose qui devrait me plaire, que ça devrait appartenir à mon univers, et quand une réédition est en tête de gondole… (À la question suis-je influençable la réponse est évidente : oui, et influencé et je m’en porte bien)

Dire que parfois je ne trouve rien qui me fasse envie dans les rayons des librairies.  Surconsommation tant qu’on veut, mais c’est un signe de mauvaise santé mentale chez moi que cette absence de désir de lecture. Pas chez vous ? D’ailleurs comment choisissez-vous vos livres ?


J’ai aussi acheté un agenda. Oui, je fais partie de ces reliques du siècle passé qui achètent et se servent d’agendas. N’allez pas pour autant penser que je suis une personne organisée qui planifie les choses, vous seriez extrêmement déçus. J’ai la manie de la papeterie et l’amour du papier (confidence du jour, je suis fils d’imprimeur, j’ai donc passé toute mon enfance dans le papier) et je pratique l’agenda comme mon grand-père, maternel, qui s’en servait comme d’un journal et notait à postériori les menus évènements du quotidien. Dans mon cas, c’est de la graphomanie. Oui, je ne tiens pas un blog écrit totalement par hasard. La surprise, c’est que j’ai choisi un agenda orange. A vrai dire parce que c’est la couleur emblématique de la marque Rodhia dont j’apprécie la qualité de papier -la manie de la papeterie, vous étiez prévenu-avec le noir que je supporte de moins en moins. De plus en plus il y a des ponctuations orange dans ma vie. C’est pourtant une couleur que j’ai peu apprécié pendant 50 ans, mais entre les soins à la vitamine C dont c’est la couleur quasi obligatoire et le nouveau câble que j’ai acheté pour charger mon téléphone, j’en suis venu à apprécier son aspect lumineux, joyeux, lorsqu’on la sort de l’abominable contexte automnal. Mais on va quand même éviter le petit look gilet de sécurité ou le blush corail, merci.


Tant qu’à parler d’orange, je vous signale en passant que je me régale de l’infusion route mandarine d’Honoris Causa qui revisite joliment le thé de Noël en le sortant du traditionnel et ennuyeux orange-cannelle pour quelque chose de plus doux, plus léger, un fruité-épicé mandarine assez doux, pétillant, pas mièvre qu’on imagine assez bien servi aux enfants à l’heure du goûter.  Enfin, je parle de mon enfant intérieur surtout, pas d’abominable moutards, bruyants et mal élevés. On n’est jamais si bien servi que par soi-même, vous dis-je...

Commentaires

  1. Moi aussi je me suis offert un agenda orange. Et je crois bien que quand je vais recevoir mes sousous je vais m'offrir des thes chez honoris causa. Cela sera mon kdo de Noel !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Team Orange et Vive le thé, on n'en n'a JAMAIS assez. (Surtout NE PAS TOMBER A COURT)

      Supprimer
  2. Un bel article, belle analyse de l'absurdité de cette société ! Et le papier, j'aime ! Tous les ans mon agenda c'est le petit Oberthur de poche, pour le velouté de sa couverture, dont je change la couleur chaque année. Et des tas de petits cahiers, carnets en papier recyclé, offerts par des marques ou des associations, parce que ça ne leur coûte pas cher ;) Guerlain, oui, ils en sont là... :D
    Un écran c'est bien mais le temps d'ouvrir l'ordinateur, le téléphone, de rechercher l'agenda, j'ai plus vite fait de jeter un œil plus ou moins endormi sur le papier plein de rendez-vous notés au crayon...
    Rien de mieux que de se faire un petit cadeau quand ça va mal ! ;)
    Bon dimanche !

    RépondreSupprimer
  3. Je dois me corriger, on ne dit pas "ouvrir" mais allumer l'ordinateur. Et aussi, pour la 1ère fois j'ai commandé chez Santa Maria Novella, je sus déçue...
    Gabrielle Dlr.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Santa Maria Novella, je ne sais vraiment pas ce que vaut la marque actuellement... Nouveaux packaging, suppression de mon odeur préférée (la violette), bref, je me suis éloigné de la marque dont je trouvais que la qualité commençait à baisser un peu. (Mes derniers achats de savons m'avait laissé un peu sur ma faim.)

      Le téléphone, ça peut être efficace si j'encode un rappel au lieu de juste noté dans un calendrier, d'autant que de plus en plus de RDV se prennent par voie électronique (Mes jeunes médecins sont plus modernes que moi!) et comme je suis une vraie quiche quand il est question de téléphones et tablettes, je me fais racketté par Apple qui coûte trop cher mais est simple à utiliser donc je tente de rentabiliser un peu mon investissement. (Minime au final: je ne sais à quelle version du téléphone il sont, mais je suis toujours à la 8 et n'envisage pas de changer à moins d'y être obligé. Ne pas être moderne s'avère économique, ça permet de faire durer...)

      Supprimer
  4. Ces jours (ou ces semaines quand l'univers nous martyrisent) où rien ne va et où tout fait mal, je compatis mille fois. J'espère qu'à ton boulot on va retrouver la raison et vous remettre un peu de chaleur, c'est inhumain ce traitement.
    Je suis comme toi pour le orange: couleur impossible pendant 40 ans (je suis de la fin de année 70, tout était orange quand j'étais petite), je la redécouvre avec plaisir. La joie de cette couleur frôle l'indispensable quand la lumière devient vilaine.
    J'ai maintenant hâte de te lire sur ces emplettes littéraires, l'air de rien tu m'aides à lire, à prendre ce temps si précieux. Merci.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Même traumatisme des seventies. Oui, TOUT était orange, associé au brun et à d'affreux verts. C'était vraiment une époque horrible, d'après moi. Je redécouvre certaines pièces en les trouvant jolies, intéressantes, mais je n'en ferai pas mon quotidien. (Et puis bonjour le coup de vieux, merci mais non merci!)

      Les livres, il faudra attendre parce que je lit le dit du Genji et que... Je m'y enlise un peu. C'est long, très long et j'ai un peu du mal à m'y retrouver, à progresser même si c'est une lecture à laquelle je prends plaisir.

      Supprimer

Enregistrer un commentaire