tabac tabou, parfum d’empire

 


Dans certaines maisons, en s’ennuierait avec la reproduction des volutes de fumée d’un cigare… Pas chez Parfum d’Empire. Tabac Tabou déploie toute la palette qui va du beige au brun en passant par le havane, évoquant pêle-mêle les herbes séchées, la feuille de tabac, le miel, le narcisse et le manteau de fourrure. (J’aurais pu dire l’animal, mais le parfum est un peu trop civilisé que pour évoquer la bête sur pied.)


Qu’il soit évolutif ne surprendra pas les amateurs de la maison. Comme la sonate de Vinteuil*, il reprend une petite phrase, la fait évoluer, partir, revenir, reprenant les mêmes éléments, parfois vus sous d’autres angles. D’ailleurs, on retrouve un peu des autres parfums de la marque, des thèmes qu’on a déjà appris à connaître, l’immortelle, le narcisse, le labdanum, le cuir… C’est végétal, un peu animal, mais très civilisé, sophistiqué. En vrai, en le portant, je pense sans cesse a Out of Africa, Meryl Streep et Robert Redford sur fond de savane belle à couper le souffle, beaucoup de romantisme, une sensualité diffuse et est-ce que quelqu’un veut bien me laver les cheveux? Merci.

J’aime le porter dans la chaleur (météorologique ou du radiateur), à la fin de l’été ou à l’automne lors des moments de paresse, pour lire, voir des gens, prendre un verre ou une tasse de pu-er. (Avis personnel : ce n’est pas très thé vert-compatible. Mais ça va très tr ès bien avec ma garde-robe un peu obsessionnelle à propos des couleurs neutres et du beige.) Le parfum prend son temps, se déguste par petites bouffées. Il tient une éternité sur la peau, n’a pas un sillage de malade, c’est à la fois plus élégant et plus sensuel puisque ça invite au rapprochement, à venir plus près pour mieux sentir… 

Il pourrait effrayer, paraître difficile à porter, mais son côté poli, soyeux l’éloigne de la sauvagerie, il est juste assez rustique que pour être confortable sans être guindé. Paradoxalement, il est plus accessible malgré son originalité qu’un plus classique trois fleurs très in da face, par exemple, tout en étant très signé. (Moralité : ne vous fiez pas aux listes de notes, jamais, et laissez les pyramides en Égypte, c’est le seul endroit où elles font sens.)

 

 

Tabac tabou, Marc-Antoine Corticchiato pour parfum d’empire, 2015.


*Est-ce que le parfum m’aide à lire Proust? Peut-être pas, mais peut-être que oui…

Commentaires

  1. Bonjour et merci pour ce billet sur l'un de mes parfums préférés.

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  2. MMM Je peux voir pourquoi même s'il est un peu en dehors de "mon genre" ce qui ne veux rien dire mais nous savons.

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  3. "Ne vous fiez pas aux listes de notes, jamais, et laissez les pyramides en Égypte..."
    C'est tellement vrai! Ça peut donner une idée mais avec la même liste d'ingrédients deux parfums peuvent être tellement différents... Et avec des ingrédients différents se ressembler énormément. C'est pour cela que les achats à l'aveugle peuvent décevoir.

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    1. C'est l'éternel souci de la liste d'ingrédients dans une recette de cuisine, sans les proportions et sans tenir compte du savoir faire du chef... (Même si je dois dire que fait par quelqu'un d'autre, ça me goûte systématiquement mieux que si c'est moi qui m'y colle.)

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