insolence, guerlain

 


Insolence est un parfum proustien. C’est le parfum de la petite bande des jeunes filles en fleurs qui auraient piqué les violettes d’Odette pour se projeter au XXIème siècle en héroïnes de manga. Le parfum reprend des codes anciens, la violette qu’on pouvait déjà trouver dans après l’ondée et l’heure bleue et la modernise sérieusement en lui faisant quitter le second rôle pour faire d’elle ce personnage principal, affranchi et assumé, qu’elle méritait tellement d’être.

Concession à l’époque un coulis de framboise commence par laisser croire à un parfum bonbon, jusqu’à ce que le violette se montre dans toute sa splendeur fluorescente de star intergalactique. L’iris et la fleur d’oranger sont bien là mais jouent enfin les suivantes de celle qui depuis la belle époque ne parfumait plus que des rouges à lèvre et des poudres ou soutenait vaillamment la rose. Même le fond tonka, poudré, baumé ne parvient pas à faire oublier celle qui règne en autocrate autoproclamée.

Non, insolence n’est pas un parfum sobre et discret. Son nom ne trompe pas, la modestie est bel et bien perdue au fin fond d’une oubliette. On ne dira pas du parfum qu’il est élégant et sensuel, ouf, c’est autre chose, une diva tapageuse, bruyante et magnifique, une Lady Violet who steal the show et on adore ça. (Où on déteste, c’est possible aussi.)

Les amateurs, les vrais, les puristes, préfèrent l’eau de toilette, plus nette, plus apurée qui laisse toute la place à la violette atomique. Je dois bien avouer que je préfère l’eau de parfum, sans avoir honte, parce que je peux y sentir plus nettement le spectre de l’Heure Bleue, surtout dans le sillage, plus potelé, plus enrobé, un peu plus dame. (Et je suis donc ravi du flacon légendaire actuel.) On est loin de l’hommage appuyé au vintage: Insolence vaut mieux que cela, c’est un grand parfum qui se tient tout seul, par lui-même, pour lui-même.

 

À porter les jours où l'on veut conquérir le monde (mais c'est pour son bien) ou l'emmerder. (Mais avec beaucoup de charme.) 

Insolence, Maurice Roucel pour Guerlain, 2006.



Commentaires

  1. Et bien non, je ne connais pas Insolence. Sur le papier, ce n'est peut-être pas pour moi, mais il faut que j'aille le sentir. J'adore sa couleur et le rendu de son flacon.
    Je ne pensais pas que Mitsouko pouvait être pour moi, et là toute ma parfumothèque boude parce que je ne porte que lui.

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    1. Alors "ne connait pas" ne fonctionne pas avec lui parce qu'il a eu beaucoup trop de succès et que son côté "arme de destruction massive de longue portée ne permettait pas de passer à côté. Je suis certain que face au flacon le "Ah c'était lui" viendra tout naturellement...

      On ne devrait jamais dire "ce n'est pas mon genre" mais nous méritons de belles surprises et exercerons pleinement notre droit de changer d'avis comme ça nous chante parce que et puis c'est tout non mais. Sinon, autant porter l'uniforme. Certes, c'est pratique... Mais pas nous! (Franchement, celui qui me dira "tu es tellement pratique" en pensant me faire un compliment sera fort déçu de ma réaction.)

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