à la nuit

jasmin félin


C’est toujours difficile de parler de à la nuit. Pour des raisons personnelles, en partie, je me suis jeté dessus à sa sortie en 2000 et l’ai beaucoup porté. Il me renvoie forcément à cette époque et au souvenir que j’en ai. Et aussi, surtout, parce qu’on peut résumer le parfum en un mot « jasmin » et avoir tout dit ou presque.

Création originale pour la ligne « grande diffusion » de la marque, il est aujourd’hui un peu oublié et a rejoint la collection des flacons de table. Pourtant, il n’a rien perdu de son charme et le retrouver fut un grand plaisir. Je crois à vrai dire que c’est le genre de parfum dont on ne peut pas se lasser, non pas parce qu’il est multiple, changeant, toujours différent à la façon d’un grand classique très évolutif, mais parce qu’il évoque une naturalité de la fleur brute, quelque chose qui s’impose de façon évidente et qui séduira les amoureux du jasmin avec son propos très simple.

Il ne faudrait pourtant pas croire que le parfum est linéaire et sans évolution, un peu ambiance. Il vaut mieux que ça. A la nuit commence par une note de jasmin vert et frais qui s’élance, s’épanouit assez vite pour devenir un parangon de fleur blanche, solaire, épanouie, lumineuse, légèrement miellée qui s’obscurcit quelque peu pour se faire peu à peu charnelle, animale.

Ce n’est pas le plus indolique de la bande, il est même relativement discret sur le sujet, c’est juste ce qu’il faut pour être intéressant, sans exposer toute la marchandise de façon un peu vulgaire. Le parfum m’a toujours évoqué un félin caché derrière un buisson qui feule sans que l’on puisse deviner s’il menace ou s’il appel à l’accouplement.  Votons pour l’accouplement avec le fauve mais conservons notre dignité marmoréenne, puisqu’à la nuit nous le permet, et blâmons le parfum pour nos égarements.

à la nuit, Christopher Sheldrake pour Serge Lutens, 2000.

Commentaires

  1. J'ai longtemps porté ce parfum, je l'adorais. Pour moi, c'était le seul qui se repprochait de l'odeur du jasmin qui se dégageait des jardins clôturés du quartier de l'Albaicin, souvenir inénarrable d'une promenade nocturne dans Grenade. Hélas, je parle au passé car depuis qu'on ne le trouve plus qu'en flacon cloche, 210 euros pour 75 ml, c'est devenu hors budget pour moi. Sniffff !!!

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    1. Les prix de la parfumerie sont une horreur. Mais les coûts ont explosés nous dit-on. Ce que je veux bien croire, l'inflation est partout.J'ai longtemps hésité et puis j'ai fini par céder à la nostalgie, sachant que le flacon me durera longtemps. (Et sinon, c'est aussi que c'était un bon achat.) C'est mon seul flacon cloche, mon seul flacon Lutens pour l'instant, mais je l'aime tellement que je ne parviens pas à me trouver déraisonnable. À moins que je ne parvienne pas à m'en vouloir d'avoir été déraisonnable?

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