un ennuyeux chez Mme Verdurin

 


Cette semaine, je suis allé à un événement. dans une parfumerie (de niche) et je crois que c’était la chose la plus déprimante de l’univers. C’était la cohue, une cohue qui contrastait affreusement avec mes souvenir de la grande époque, dont j’ai connu le crépuscule, ou la parfumerie était un endroit de luxe feutré où l’on prenait son temps en usant de bonnes manières. Ici, tout allait vite, se bousculait, c’étaient les bonnes manières du XXIème siècle avec un look terracotta de 1985. J’étais cerné de gens bronzés et méchés. Je ne pensais pas que c’était encore possible à notre époque. Bien sûr chacun fait bien ce qu’il veut (hélas !), mais enfin, vous comprenez à quel point je me sentais dépaysé, déracinés au milieu de gens qui n’avaient visiblement pas le même sens de l’esthétique que moi. J’étais un ennuyeux égaré dans le salon de Mme Verdurin. Cette coterie n’est pas la mienne. (Je crois que c'étaient des gens -qui essayaient d'être- à la mode.)

Des gens qui s’extasient sur du Frédéric Malle, marque officiellement dénuée d’intérêt depuis 2007, ou sur du Dyptique, une nouvelle rose pour la Saint Valentin, comme chaque année, avec deux heures passées pour choisir l’étiquette et une heure pour mettre au point le jus, comme c’est créatif ! Ce n’était pas possible, j’avais juste envie de fuir et de me réfugier chez moi pou vaporiser un nuage d’Heure Bleue comme un talisman afin d’exorciser les mauvais esprits. Parce qu’il n’y a pas que l’ambiance marchand du temple qui soit désespérante au possible. Non, vraiment, les nouveautés (depuis des années, certes, mais disons nouveautés pour faire plus court parce que ici c’est un blog où on aime faire court !) ne donnent juste pas du tout envie. (Ou alors envie de fuir ?)

J’ai connu l’époque glorieuse ou les parfums prenaient du temps. La création durait des années, le parfum prenait des heures sur la peau et nous savions qu’il fallait parfois encaisser le choc du départ pour que la magie opère, nous étions patiemment amoureux, nous vivions de longues histoires, rachetant encore et encore le même flacon… Les mêmes flacons, dans mon cas. Bien sûr tout n’était pas si rose, il y avait de la dureté et de la laideur dans le milieu mais c’était au moins voilé par un peu d’éducation, de raffinement. Quand je regarde le paysage actuel, je suis écœuré, dégoûté.

L’envie de parler parfum sur le blog est de moins en moins présente. Une revue acerbe à l’occasion, pourquoi pas, mais étaler son amertume à foison est lourd, même pour moi. Je n’ai qu’une envie, me retirer dans mon mausolée et vivre parmi mes reliques. Envie de parler de mes reliques avec vous à l’occasion aussi, même s’il peut être frustrant, au mieux sans intérêt, de lire à propos de choses disparues, mortes, introuvables. (Je vous rappelle que vous n’êtes pas forcés de venir me lire, ce qui réduit un peu mon sentiment de culpabilité.) Oui, oui, je vais radoter, ça n’a RIEN À VOIR AVEC MON ÂGE.

Et j’ai surtout envie de ne plus mettre les pied chez Sidonie Verdurin !

PS : je suis quand même en train d’attendre la sortie du nouveau Parfum d’Empire que j’ai déjà pu sentir, qui est fort joli et dont je pense qu’il me faut un flacon. Et sinon, chez Oriza, rien n’a l’air moderne. Et il nous reste toujours le merveilleux fond de catalogue Guerlain…

Commentaires

  1. O combien je partage ton avis!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je me sens moins seul à vous lire... Hélas! Parce que ce n'est pas joyeux.

      Supprimer
  2. Bonjour,
    non, non et non! surtout n'arrêtez pas! Votre blog est une des dernières stèles à la gloire de la beauté! Alors non, n'arrêtez pas, oui c'est une injonction, et oui continuez!!! Mais je comprends tellement combien ce doit être lassant à la longue d'entretenir cette ardeur sur des beautés disparues qui ne renaissent plus de leurs cendres.... Pour ma part, je ne supporte plus,mais vraiment plus, cette laideur qui à mes yeux a investi tous les domaines.
    Je n'aime rien de ce qui se fait actuellement que ce soit en musique, cinéma, décoration, les restos, le design des voitures, l'architecture, tout tout tout....! Rien rien rien ne trouve grâce à mes yeux ! ( je ne parle même pas de 80*\. des gens trop cons, dont je ne supporte plus le langage, l'attitude, l'incompétence prétentieuse et autoritaire). Bref, c'est très dur pour moi de vivre à cette époque. Alors je cherche et chéri les choses matérielles et immatérielles d'avant...! Certes de jolies choses arrivent à prendre le maquis et à resister comme Oriza, Empire...., alors je m'y accroche comme à mes dernières gouttes d'un Rive Gauche authentique, et Fleurs de rocaille authentique ( merci ma regrettée grand-mère adorée)...Les gens ne se rendent pas compte de la puissance et de l'influence d'un parfum! Les gens achètent les parfums similaires à leur état d'esprit ( si tenté qu'il y ait encore de l'esprit quelque part..). Les parfums médiocres, qui sentent laid, qui sont toxiques rafflent toutes les ventes et ravagent l'air ambiant! Dès que je sors, je languis de rentrer! Rare sont les fois ou en cotoyant la société je n'en suis pas affligée... tout autant que je dois être affligeante pour eux...
    Alors surtout continuez s'il vous plaît! Merci beaucoup
    Barbara

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oh, je n'envisage pas d’arrêter le blog, juste d'être plus centrer sur... Autre chose que le parfum qui était un peu l'objet unique des début mais qui... ne m'amuse plus beaucoup? me désespère un peu?

      Autant la modernité peut donner des cosmétiques jolis, élégants, agréables... Autant le parfum... Non, vraiment ça ne passe pas. Quant au reste, de temps en temps, oui, j'ai un coup de cœur, mais pas tous les jours non plus.

      Supprimer
  3. petite suite... j'oubliais une planche de salut : la cosmétique coréenne...! que je ne connais pas encore, que vous m'avez grandement donné envie de découvrir ( oui, vous êtes un influenceur...!!!). Alors dans ce marasme, il y aurait quand même de quoi sauver sa peau!!!
    Barbara

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. La cosmétique coréenne, c'est du bonheur en flacon pompe, oui, oui, oui et il ne faut pas se retenir!

      Supprimer
  4. Voila des témoignages qui font du bien, en quelques sortes, parce qu'on se sent moins seule...
    Il y a bien longtemps que je ne vais plus en parfumerie, je ne fais plus d'achats que sur Internet. Cela fait au moins deux générations d'incultes au nom de la pseudo liberté. On achète du parfum comme on achète des pattes au supermarché. Je vous souhaite un bon dimanche, au plaisir de vous lire. Gabrielle Dlr.

    RépondreSupprimer
  5. Non surtout n'arrêtez pas vos commentaires acerbes et pleins d'esprit. Grâce à vous ou à cause de vous je suis re-devenue addicte aux parfums, vous m'avez donné envie de découvrir Habanita, cordica furiosa et d'autres trésors oubliés ( rive gauche ...) . J'attends aussi le dernier parfum d'empire. Certains exclusifs de Chanel me font rudement envie.
    Votre sens de l'humour est rafraichissant et vos photos très belles. Merci Monsieur !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oh merci, c'est très gentil et si j'ai pu donner un peu envie et contribuer à propager de le joliesse, je suis ravi! Voire carrément le Beau!

      Supprimer
  6. Quand je pense que chaque marque avait un style, une ligne directrice pour tous ses parfums (les Chanel étaient très différents des Ricci et on les reconnaissait) et qu'ils faisaient au mieux un lancement tous les cinq ans on est très éloignés de tout ça... pourtant je parle des années 70, pas de la préhistoire. Ce qui permettait cela c'est qu'on ne créait pas un parfum pour plaire à tout le monde. Le marketing a hélas changé drastiquement tout le marché. Essayons de survivre à la laideur de notre monde et surtout n'arrêtez pas de nous parler des jolis parfums, même s'ils sont difficilement trouvables ou disparus.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'était un temps... Ce qui permettait cela; c'est qu'on essayait de créer quelque chose de beau en pensant que le beau allait plaire. Aujourd'hui, on essaye de créer quelque chose qui plaira et peut-être qu'accessoirement ça peut être beau? Mais vraiment très accessoirement. C'est fini de penser que la laideur se vend mal...

      Supprimer
  7. J'adore votre blogue Dau! Je vous suis et vous lis depuis des ANNÉES du Québec... vous êtes très très précieux! J'ai tant appris avec vous!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ah je sais aujourd'hui d'où viennent les vues canadienne! Merci!

      Supprimer
  8. Non, non et NON, moi je vous ai découvert il y a peu, et je veux vous lire en imaginant Alexis Colby Carrington, donc on garde le cap Dominique ! Allez zou ! ❤️
    -fabien-

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. D'accord, mais certains jours, il faut imaginer Margo Channing ou Addison DeWitt!

      Supprimer
  9. j'ai adoré ce texte. Je peux signer sous chaque mot ( et avec le sang si il le faut haahha). j'ai que 36 ans mais passionnée de la belle epoque de parfumerie également et je suis outrée de voir les stands avec 120 parfums apparaitre le jour ou lendemain au Printemps ou Galeries Lafayette à Paris. encore hier il y avait pas et BOUM: tom ford avec la collection de 36 parfums, Frederic Malle , Dyptique, Marly, et tas des marques que je connais pas! je peux pas dire que c'est mauvais.. et il y en a qui me plaisent et que j'achète ( sans toujours reflechir plusieurs fois) = mais oui.. c'est des parfums commerciaux ...qui ont été crées en2 jours et demi. les vendeuses et leur commentaires genre ' ici vous avez de la rose et santal ' me paraissent pathetiques...
    a suivre...

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire