Oh, c’est ce moment de l’année où les températures passent
sous la barre des 20° et ou le sol se jonche de feuilles mortes qui se
ramassent à la pelle, etc. Il commence à faire froid, humide, il est temps de
mitsoucocoter. C’est obligatoire pour
les perfumistas de sentir Mitsouko en automne. OBLIGATOIRE. Parce que cette
saison a été inventée pour ce parfum, parce qu’il est si beau, parce que c’est
si bon… (Même pour moi qui ne suis pas un grand fan de Mitsouko, c’est toujours
un moment de plaisir de le ressortir, un véritable enchantement.)
Tellement complexe et équilibré, ce qu’il y a de bien avec
ce parfum, c’est qu’il y a de nombreuse façon de l’aborder, d’entrer dedans, il
est tellement multiple et changeant. (Mais toujours jouissif !) Pour
certains, ce sera son départ orangé, pour d’autre la peau de pêche, d’autres
encore seront sensible à ses évocations de sous-bois, il y a aussi ceux qui
privilégierons l’aspect peau nue sous une fleurs bijou… C’est un sacré
caractère, pas facile, têtu et voluptueux, un parfum intelligemment affirmé,
pas bêtement sexy. Pas facile.
Mais il mérite quelques efforts, car il enchante à chaque
fois, surprend souvent même quand on croit le connaître par cœur. Il suffit d’un
peu plus d’humidité dans l’air, d’un ou deux degrés de plus ou de moins…
Mitsouko étonne, pas pour son originalité, pourtant grande, pas par ses belles
matières, ce serait vulgaire, mais par sa virtuosité. Le comment est le plus
important, il y a la technique, un tour d’équilibriste hardi qui le distingue
des suiveurs qui ont voulu prendre la suite sans jamais le dépasser.
Bien sûr, c’est un parfum casse-gueule qui a connu de moins
bonnes époques. Son équilibre est sa force et sa fragilité, il le met à la
merci des changements de législations, des aléas de l’approvisionnement. C’est
un petit exploit qu’il soit toujours parmi nous et toujours aussi beau. On me
dira qu’il a changé, qu’il n’est plus celui que nous avons connu dans notre
jeunesse. C’est vrai, il a un peu changé, mais il ne s’est pas appauvrit,
dégradé, abîmé. Je vous confesse même aimer particulièrement les versions
récentes, plus lumineuse, plus joyeuse, plus sereine, je les porte plus
facilement que je ne portais Mitsouko jadis. Comme Goethe, je dirai volontiers Mehr
Licht ! Surtout aujourd’hui que nous allons vers l’hiver.
Je le porte pour sortir, pour rester chez moi, le matin, le
soir, avec dignité dans un foulard en soie, effronterie dans une veste en cuir
ou paresse envelopper dans mon plaid.
Mitsouko est très versatile !
Si vous avez un flacon de Mitsouko à la maison, je vous en
prie : sortez-le du placard ! Si ce n’est pas le cas, précipitez-vous
chez Guerlain et faites revivre ce chef d’œuvre, vous me direz merci.
Mitsouko, Jacques Guerlain, 1919.
Quel bonheur que ce billet, il tombe à pic un jour tout gris. Il faut que j'aille sentir à nouveau ce trésor.
RépondreSupprimerOui, oui, le sentir et craquer, il illumine et adoucit terriblement le gris ce parfum et nous en avons bien besoin.
SupprimerOh merci ! Un vieux reste de chaleur lourde m'a freinée ce matin mais je sors dès ce soir mon Mitsouko de l'ombre de son placard. Enfin l'automne, nous y voilà !
RépondreSupprimerHélas, il a déjà fait froid à Bruxelles...
SupprimerOui Mitsouko évoque vraiment l'automne... Je viens d'acheter la version EDP, mais dans l'ouest de la France ces derniers jours ont été trop chauds, attendons la baisse des températures pour s'y draper (avec le foulard de soie :-))
RépondreSupprimerAvec un maximum de 16° aujourd'hui à Bruxelles, moi, je peux! Moi, je peux! (Je me rhabille avec plaisir, je l'avoue, même si la pluie qui n'en finit pas de tomber me déprime un peu...)
SupprimerLa pluie est bienveillante, elle hydrate la peau et les cheveux ondulent... Mitsouko mon élixir d'amour, mon philtre magique, mon cachemire en flacon, je t'aime ! :)))
RépondreSupprimerMerci pour ce magnifique article ! Gabrielle Dlr
Nope, la pluie est une catastrophe qui noie des gens. (Mais je veux bien admettre que c'est mieux pour les allergies...) En fait, je pourrais apprécier si je n'étais pas obligé de sortir de chez moi. Hélas... (J'ai des factures à payer, toussa, toussa, air connu.)
SupprimerJe n'ai jamais sentie ce parfum, vous m'avez donner envie de le découvrir. Vos photos sont magnifiques à regarder. quel plaisir de parcourir vos articles.
RépondreSupprimerAh mais Mitsouko, c'est à sentir au moins une fois c'est une telle merveille d'équilibre qui à traversé le siècle , il ne faut pas passer à côté, même si on ne le porte pas. (Quoi qu'il soit plus facile à porter qu'on ne le croit si on lui donne un peu de temps.)
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