perles

"Il avait montré dans cette aquarelle l’apparition des roses qu’il avait vues et que sans lui on n’eût connues jamais ; de sorte qu’on peut dire que c’était une variété nouvelle…"

Marcel Proust, à la recherche du temps perdu, Sodome et Gomorrhe, 1922.

Le début du siècle a vu sévir la rose-patchouli et je n’étais vraiment pas amateur du genre. L’appellation néo-chypre me hérisse, car, pour moi, il n’y a pas vraiment de rapport. Je n’y arrive pas. Il faut plus à mon goût qu’une large dose de patchouli en fond pour faire un chypre. (D’après moi, ce qui caractérisait les chypres classiques, c’était avant tout leur complexité, pas juste un fond. Je sais : "la complexité n'a plus bonne presse de nos jours.") Ok, c’est mon côté vieille pie revêche qui s’exprime. C’était mieux avant, je l’ai dit d’emblée, on peut passer à la suite. Mais ne passons pas trop vite à la suite, il y a quand même une rose patchouli dont j’ai envie de parler…

Lancé en 2006, Perles de Lalique est, comme beaucoup de création de la maison, une jolie exception. Un parfum de son époque, qui suit les modes mais s’en distingue. Si perles est indéniablement une rose, sombre, épicée, posée sur un patchouli qui la rend légèrement vineuse, qui décrite comme ça pourrait être un « néo-chypre » caractéristique, le parfum se démarque par son traitement. Il y a une délicatesse transparente dans ce parfum et c’est peut-être bien ce qui manquait au genre. Soyeux et élégant, Perles enveloppe de son beau sillage et fait penser au demi-deuil prolongé : il y a dans ce parfum, une gravité, une petite tristesse, mêlée à la petite vanité de savoir que ce mauve doux nous va si bien au teint.

Perles, Nathalie Lorson pour Lalique, 2006.

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