orient (pas si) extrême

"Les ballets russes nous ont appris que de simples jeux de lumières prodiguent, dirigés là où il faut, des joyaux…"

Marcel Proust, à la recherche du temps perdu la prisonnière, 1923.
ambre extrême, l'artisan parfumeur

En 1978, l’artisan parfumeur sortait une très jolie eau d’ambre qui revisitait l’orient el l’allégeant quelque peu. L’ambiance vanillée, baumée, chatoyante était bien présente mais radicalement moins madame-cocotte que les grands orientaux à la Shalimar ou le triomphant Opium de l’époque. Le parfum possède une sensualité gourmande, égoïste et hédoniste très certainement influencée par la liberté du patchouli hippie. C’était un orient de pacotille, un orient d’illustration des mille et une nuit destiné aux jeunes gens.

L’eau d’ambre extrême reprend le thème mais le réinterprète. Jean-Claude Ellena structure le thème en l’épiçant et l’assèche en le poudrant. Le résultat est un ambre infusé dans une eau de rose, plus sombre, plus fumé, plus mystérieux, moins gourmand et un peu plus raide, plus austère. En un sens, plus troublant comme cette danseuse qui n’a pas retiré ses sept voiles, et plus inquiétant car on ne sait ce qu’elle dissimule. Le parfum est plus classique mais évite le coup de vieux. Probablement parce que la sensualité orientale est moins démodable que l’élégance aldéhydée, d'autant que c'est oorient n'est pas si extrême. Le genre trouve toujours de nouveaux et jeunes adeptes.

Ce n’est pas mon genre, je pourrais le porter deux fois dans l’année et encore, mais j’aime beaucoup sa signature et son sillage sur d’autres, c’est un peu comme côtoyer les beaux ténébreux des romans Harlequin, ce n’est pas le même level que Proust littérairement parlant, mais on aime les beaux ténébreux et puis c’est tout.


L’eau d’ambre extrême, Jean-Claude Ellena pour l’artisan parfumeur, 2001.

Commentaires