"Je montais sangloter tout en haut de la maison à côté de la salle d’étude, sous les toits, dans une petite pièce sentant l’iris…"
Marcel Proust, à la recherche du temps perdu, du côté de chez Swann, 1913.
Olivia Giacobetti a une signature. Ceux qui ne l’aiment pas diront qu’elle se répète, ceux qui aiment son travail diront que c’est ça avoir un style. Sa dernière création pour sa maison IUNX pourrait sembler une redite de l’Hiris d’Hermès. Ce ne serait pas totalement faux, mais ce n’est pas totalement juste non plus. Talc est bien une variation sur l’iris et l’auteure le traite à sa manière, mettant en lumière ce qui la touche, ce n’est pas pour autant une redite du végétal Hermès.
Talc est un iris délicat, floral, sans aller vers la violette, et très poudré. Une assise boisée le fait pencher du côté de l’iris racine, mais surtout, ce qui traverse le parfum, c’est une forme de blancheur. (Assez éloignée donc des nuances pastelles de l’Hiris.) Il y a une sensation de « peinture à la chaux » presque de latex dans ce talc. Ce serait supposé évoquer le Butô. Possible, je ne sais pas. Mais je peux faire le lien avec cette forme de théâtre parce que ce parfum m’évoque la geisha qui peint son visage avec une pâte épaisse et le gymnaste qui enduit ses mains de magnésie dans un nuage blanc…
On ne dirait probablement pas des parfums d’Olivia Giacobetti qu’ils sont sensuels (Dieu merci ! Il y a encore des gens qui refusent de faire des parfums clichés.) mais il y a quelque chose de charnel dans ce talc qui évoque le corps sans le montrer comme un vêtement abandonné évoque la nudité. L’humain est présent dans ce nuage blanc, présent en creux, absent, ou stylisé jusqu’à l’abstraction. Un parfum en retrait, à porter pour relire l’éloge de l’ombre.
Talc, Olivia Giacobetti pour IUNX, 2018.
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