"Cependant les aéroplanes venaient s’insérer au milieu des constellations et on aurait pu se croire dans un autre hémisphère en effet, en voyant ces étoiles nouvelles."
Marcel Proust, à la recherche du temps perdu, le temps retrouvé, 1927.
Difficile d’imaginer aujourd’hui que l’avion était une chose fascinante, une source d’émerveillement. Le prendre est devenu banal et un parfum appelé Ryan Air ne ferait rêver personne. Dans les années ’30 Guerlain s’est fendu d’un Vol de Nuit et un peu avant lui, Caron nous avait tout simplement emmené En Avion. Autres temps, autres envies… (Pensez à Marlène Dietrich dans Dishonored peut-être, pour comprendre ce charme, plus qu'à Véronique Jannot chantant Aviateur.)
En Avion est un parangon de classisme année’30. Un bouquet classique, rose et jasmin, enveloppée par la fleur d’oranger et l’œillet, avec des sous-tons lilas, sur la base crémeuse, ambrée, musquée, typique de Caron qui laisse derrière vous un merveilleux sillage poudré. On devine l’Origan, mais version très dame des années ’30, néoclassique en diable, crêpe de Chine et rang de perle. Une version Art Déco de l’Heure Bleue en quelque sorte. J’adore son élégance très grand genre, irrésistiblement rétro. Le parfum est dense, compacté, peu lisible parce que rien ne dépasse. Mais qui n'aime pas être entouré d'une aura de mystère?
En Avion n’est pas un parfum facile : son aura "à l’ancienne" le rend aujourd'hui un peu trop Régécolor mauve et bleu, plus lady que poupousse sexy, mais on n’a aucun doute : tout est authentique: les bijoux, la fourrure et les quartiers de noblesse. Si on goûte son voyage dans le temps, on lui pardonnera son luxe un peu lourd, qui au fond, marque plus la richesse intérieure que l’ostentation, une richesse intérieure qu’au fond on aimerait plus souvent sentir chez les nouveaux niches.
En avion, Ernest Daltroff pour Caron, 1932.
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