promenade

"Et elle s’engagea pour le retour dans de petites allées sinueuses où les arbres d’hiver, habillés de lierres et de ronces, comme des ruines, semblaient conduire à la demeure d’un magicien."

Marcel Proust, à la recherche du temps perdu, la prisonnière, 1923.
admirabilis, cologne essentielle, La Manufacture

La Manufacture a commencé en lançant des colognes, jolies, bien faites, avec un petit quelques choses de différent qui les faisait qu’on avait envie d’acheter celle-là et pas une autre. Personnellement, j’adore le genre, mais même moi, je me rends compte qu’il y a un moment où il faut en sortir sous peine de tourner en rond et de finir par sortir à la chaine des choses sans intérêt. Ce que font volontiers certaines grandes marques de luxe mainstream avec succès grâce au marketing qui fait vendre n’importe quoi à n’importe qui, mais quand on est une petite marque qui n’a pas les moyens de s’offrir d’énormes campagnes de pub, on est condamné à un peu plus de créativité et de qualité pour survivre. Cologne Cashmere allait déjà vers la sortie mais la dernière sortie Admirabilis s’affranchit complètement.

Admirabilis, étiqueté « cologne essentielle », est un encens, passage obligé de la niche. Je regrette un peu qu’après le passage « revisitons la tradition des colognes! » nous n’ayons pas droit à « revisitons les parfums classiques! » car j’aurais aimé suivre la duchesse en son boudoir et le marquis en son fumoir, mais c’est dans la tendance « ambiance » que la marque se positionne. Je n’aurais pas nécessairement misé sur un encens, mais c’est une bonne surprise : nous échappons aux inévitables références trop catholiques de la messe, de la cathédrale et du gothique en général. Tant mieux, tout n’est peut-être pas dit dans ce domaine, mais c’est un peu trop vu et revu. À la place, nous avons une jolie ballade dans la nature, avec en arrière-plan, comme dans un tableau du XVIIIème siècle quelques ruines d’édifices religieux anciens, dont on devine la grandeur passée, des ruines qui invitent à la songerie et à la rêverie, par cette belle matinée de printemps.

Le départ place le parfum dans un décor de sous-bois, tronc feuillages, verdures et mousses, avec un rappel des colognes, quelques notes d’agrumes, une fraîcheur, qui traverse la senteur. L’encens est présent, comme une odeur qui traînerait, qui s’accrocherait dans ce bois, de pins et de vétiver, où la nature a repris ses droits. Le résultat est à la fois facile à porter. Pour certain, voila qui manquera peut-être un peu de radicalité, mais je trouve que la subtilité et la légèreté font parfois bien plus plaisir que les affirmations catégoriques qu’on balance à la figure des gens. La grâce ne nuit jamais.

Parfait pour une promenade un dimanche à la campagne. 



Admirabilis, Nathalie Koobus pour La Manufacture, 2017.

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