“elle ressemblait à quelque chose d’intermédiaire entre la fatigue et l’ennui…”
Marcel Proust, à la recherche du temps perdu, le côté de Guermantes, 1921.
Suite des investigations du Jardin Retrouvé, cette fois, je me suis intéressé aux fleurs…
Rose Trocadéro démarre joliment sur une note aigüe, fruitée et verte, qui lance le parfum de la rose, une rose fraîche et très naturelle. La note de départ est une jolie trouvaille, cassis, qui pourrait plaire à ceux qui aiment l’ombre dans l’eau dans un traitement plus doux, plus naturel et moins stylisé. La rose qui suit est jolie et naturelle, faisant un peu penser à la rose du jardin de curé de Ce Soir Ou Jamais d’Annick Goutal, dans une version bien plus transparente. Cette Rose Trocadéro est une aquarelle délicate pour jeunes filles en fleurs. Mais l’aquarelle se dilue dans la lessive et se fait franchement ennuyante. Oui, je n’aime pas la parfumerie fonctionnelle dans mes flacons.
Tubéreuse Trianon, joue sur la naturalité et met en avant les notes vertes et camphrées de la tubéreuse. La fleur se fait crémeuse, poudrée, mais reste naturelle et jolie. (On est loin, très loin, de la sophistiquée Fracas !) Mais comme la rose, c’est une aquarelle, quelque chose de discret et transparent. D’un côté, ça peut plaire à ceux qui aime la tubéreuse et n’osent pas. De l’autre côté, On parle bien de tubéreuse ? La fleur que Mademoiselle de La Vallière mettait partout dans ses appartements, luttant contre les nausées pour prouver à la reine de France qu’elle n’était pas enceinte et que tout cela n’était qu’affreux ragots ? Oui, la tubéreuse est une fleur excessive, trop décolletée, trop présente et souvent un peu hystérique. (Pas toujours. Carnal Flower réussit parfaitement à être une tubéreuse-jardin sans les nichons au balcon et la grande scène du deux.) Quel est l’intérêt de la porter sans l’assumer ? Si vous voulez la jouer modeste, prenez une violette et laissez la tubéreuse aux bad girls en dessous de satin des films noirs.
J’avais aimé que les hespéridés sentent la cologne, mais j’avoue que les colognes florales m’ennuie profondément. Peut-être parce que quand on me parle de rose et de tubéreuse je m’attends à un vrai parfum. Peut-être que ça vise un public de très jeunes filles, ce que je ne suis plus depuis que le XXIème siècle est en route. Mais enfin, les jeunes filles modernes, ces dindes, veulent du carambar en flacon, pas de l’eau de rose… Et quand on veut les éduquer un peu, il vaut mieux commencer par un Petite Chérie de Goutal. (1même si la marque est devenue absolument infréquentable, hélas…)
Rose Trocadéro et Tubéreuse Trianon, Yuri Gutsatz pour Le Jardin Retrouvé.
(La semaine prochaine, promis, j'essaye le cuir et le santal.)
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