pretty in pink

"Je revenais toujours avec une convoitise inavouée m'engluer dans l'odeur médiane, poisseuse, fade, indigeste et fruitée du couvre-lit à fleurs."

Marcel Proust, à la recherche du temps perdu, du côté de chez Swann, 1913.

Né en 1985 Comme Poison, Beautiful se présente comme l’exact inverse du parfum de Christian Dior. Aux allures sombres de femme fatale, il oppose le romantisme à l'eau de rose de la jeune mariée. Pourtant, il est tout aussi présent, tonitruant que son rival et joue sur la même fleur centrale la tubéreuse...

Quelques notes vertes, un peu crissantes, et puis le gros bouquet de fleurs blanches: jasmin et fleur d'oranger, mais surtout tubéreuse, saturé, condensé, concentré. Plus que de sentir les fleurs, on a l'impression d'en goûter le nectar, miellé, sucré, un peu malabar. L'optimisme à l'eau de rose de la jeune mariée vire au Rose Barbie, jouant Comme la poupée des codes du glamour, de la séduction, et de l'innocence. Beautiful agace comme un parfum de Lolita avant que la mode du bonbon ne transforme toutes les femmes en Lolitas malgré elles.

À l'occasion, il se révèle charmant à l'instar de la Lorelei Lee jouée par Marilyn Dans les hommes préfèrent les blondes, faussement sotte, manipulatrice manquant peut-être d'âme mais certainement pas de sex appeal. Oui, il peut être charmant, délicieux, mais assez peu compatible avec la vie réelle au final. À force d'en faire trop, il est un peu caricatural.

Beautiful, Bernard Chant et Sophia Grojsman pour Estée Lauder, 1985. 

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