découvertes et favoris #2016 #parfum

Les meilleurs de l'année écoulée et autres variations n'ont jamais été mon truc et pourtant, cette année, je vais m'y mettre. Pas parce que j'ai un point de vue pertinent et objectif qui mérite d'être partagé, d'ailleurs, Je n'ai probablement pas tout vu, tout senti, Dieu merci, mais juste parce que j'ai trouvé un critère qui me convient pour savoir ce que j'ai vraiment aimé en 2016, un critère tout bête : est-ce que j'ai racheté? Est-ce que j'ai une ferme intention de rachat? Et connaissant mes goûts, vous pouvez vous douter que je ne vais pas parler des perdreaux de l'année, juste de ce qui m'a plu et qui est forcément un peu hors du temps, qu'on l'envisage sous l'ange de l'intemporel chic ou du franchement démodé.

Moins d'aldéhydes et plus de chypre. Le fait d'être retombé en amour avec Mitsouko il y a deux trois ans doit y être pour beaucoup. Et puis, la complexité, l'évolution des représentants classiques du genre font qu'on les découvre et redécouvre à chaque fois qu'on les porte, ce qui évite de s'en lasser alors qu'on a parfois l'impression d'avoir fait le tour de certains soliflores actuel en deux jours. L'énorme coup de cœur, c'est une nouveauté: Ella de Arquiste qui reprend les codes du chypre fruité des années '70 (mais pas que) avec la légèreté de cette époque qui ne voulait plus des lourdeurs grasses et bourgeoises des décennies précédente mais gardait une complexité sophistiquée à ses parfums. Ella est éclatant, scintillant, virevoltant dans ses débuts frais et fruité avant de s'assombrir sur peau, c'est très évolutif, surprenant parce qu'on a l'impression d changer de parfum, à la fois familier et nouveau. J'ai adoré le porter d'autant que malgré son côté pailleté mais cultivé, il se révèle très confortable dans un genre plus "nuits chaudes d'été" que "fourrure pour affronter l'automne." Est-ce moderne? (Mais j'aurais tendance à répondre OUI!)Je n'en sais rien, je me sent mal placé pour répondre à cette question.  En tous cas, ce n'est pas qu'une réplique de choses anciennes et c'est facile à porter.

Autre coup de cœur: la Cologne Habanita de Molinard. Autant je n'accroche pas avec l'eau de parfum, jolie mais trop lisse, autant j'aime cette version qui me fait presqu'oublier la version Eau de toilette qui était absolument parfaite. Le départ de la cologne est adouci par les hespérides, il est plus accessible, mais l'évolution reste fidèle à la formule originale, sans concession, un peu rentre-dedans, et on retrouve l'ambiance complexe quoique brutale du parfum. C'est un jeu sur le masculin-féminin qui raidit la vanille sur le vétiver, durci la poudre de la cocotte en l'emmenant au fumoir... bref, c'est toute une attitude bad girl, sombre et menaçante, qui explore la face cachée des parfums très bourgeois de type Shalimar. Ça va me permettre d'économiser mon eau de toilette, plus sombre, que je vais réserver à l'été, et de porter Habanita toute l'année. (Moins capiteuse, je trouve la cologne plus adaptée aux températures plus fraîches.) 

Grande redécouverte: la maison Christian Dior. Les classiques bien sûr, ceux qui datent de l'époque où il était de bon ton de dire Christian Dior et non vulgairement Dior. Mes premières amours en fait, redécouvertes après des années de bouderies et de vilaines reformulations. Il est bien vu de taper sur Demachy mais les versions actuelles sont loin d'être infidèles ou horribles en ce qui concerne mes préférés. (À l'exception de Miss Dior, reconnaissable en sillage, mais...) j'ai débuté en parfum avec Dior, ou plutôt avec Roudnitska et l'Eau Sauvage suivie de Diorella et, dans une moindre mesure Diorissimo. Ah, oui, on en revient au chypre après avoir commencer par là... C'est toujours un enchantement de les porter, c'est fin et frais, ciselé et riche à la fois. Simplement, il s'agit d'une richesse plus moderne que celle d'autres grands anciens, qui croulent sous les dorures. Et c'est tellement plus joli, charmant, ravissant, à porter que ces horribles niches modernes et prétentieuses qui se contentent de jouer la solinote saturée, parfois à peine joliment accompagnée. Les parfums Christian Dior selon Edmond Roudnitska, c'est autrement plus délicat, poétique et élégant. Bien sûr, la subtilité, ça demande du temps mais au moins, ça s'apprécie longtemps. (Je sais que je radote, mais certaines choses méritent d'être répétées en boucle!)

Ce que je retiens de 2016 est très classique, on peut même dire que je ne me renouvelle guère, mais enfin, je ne me suis jamais caché de préférer le beau à la modernité. Et vous? Votre petit florilège personnel?