le paon et sa paonne

« On aurait dit deux oiseaux, le mâle et la femelle… »

Marcel Proust, à la recherche du temps perdu, Sodome et Gomorrhe, 1921.


Zadig & Voltaire, la marque qui a réussit à vendre trop cher le cashmere en le rendant rock à l’aide d’une tête de mort dessinée dessus, présente une paire, un couple, de parfums. Différents, en noir et blanc avec une note commune. La note en question est un santal très crémeux-lacté, très doux, enveloppant, gourmand. L’idée n’est pas mauvaise, elle reste dans l’air du temps mais en se démarquant un peu des sempiternels coulis de fruit et caramel au beurre salé qu’on nous sort à longueur de temps.

Le féminin la joue fleurs blanches vanillées relevées d’une pointe d’épices. Mais à vrai dire l’ensemble sent surtout la crème dessert. Objectivement, c’est plutôt plaisant à croiser en sillage, mais passablement écœurant sur la durée, à la façon d’un dessert qui serait tout d’un coup devenu aussi l’entrée et le plat principal…

Comme chez les paons, c’est le mâle qui est le spécimen le plus intéressant du duo. Plus de flamboyance, plus de relief. Plus rock ? Une note poivrée rafraîchie de pamplemousse conduit aux bois, à l’encens, le tout, toujours crémeux, mais le dessert reprend sa place d’accompagnement, de ponctuation. C’est bien fait, le contraste épice-douceur lactée fonctionne et n’est pas dépourvu de charme, d’autant que tout cela est plutôt bien amené, joliment fondu. Autant je me contente de croiser la donzelle, autant je n’hésiterai pas à venir mettre mon nez dans le cou du jeune homme et à voir ce qu’il a sous le cashmere.


Ce n’est pas la première fois que le santal est traité comme une gourmandise, Serge Lutens a déjà donné avec son Jeux de Peau, et dans une moindre mesure avec Santal Blanc. Personnellement, j’aime assez cette vision de la gourmandise, qui, à mon sens, se fond plus joliment et plus harmonieusement sur la peau que les bonbons qui ont toujours un aspect un peu «collant.» Si c’était une nouvelle mode, je pourrais m’en accommoder. Sans y participer bien sûr. Après tout, si je voulais un santal, j’aurais vers l’aldéhydé Bois des îles, signé Ernest Beaux pour Chanel, qui sent la laque, le propre, le savonneux, qui sent moi, en fait, avant de sentir le santal, mais qui ne boude pas un petit passage biscuité… 


This is her, Sidonie Lancesseur et Michel Almairac, pour Zadig & Voltaire, 2016.
 This is him, Nathalie Lorson et Aurélien Guichard pour Zadig & Voltaire, 2016.

Commentaires

  1. Bonjour
    J'ai testé ce parfum version masculine et il m'a bien plu : très honorable et à mon goût !

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  2. Bonsoir,
    JE suis content qu'il trouve un public. Je ne le trouve pas génialement exceptionnel, mais dans le genre bien fait et très plaisant avec un peu d'originalité, il est loin devant la plupart des ennuyeuse sorties de l'année. Je lui souhaite longue vie!

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