«De même, au-delà de la mer, derrière une rangée de bois une autre mer commençait, rosée par le coucher du soleil et qui était le ciel.»
Marcel Proust, à la recherche du temps perdu, à l’ombre des jeunes filles en fleurs, 1919.
Pour illustrer les années’90, je choisirais probablement l’Eau d’Issey parce que c’est une belle réussite dans le genre pourtant particulièrement ennuyeux de l’époque, tout ceux qui l’ont imité ne parvenant pas à l’égaler. L’élément clef est la calone, l’abominable tic de ces années-là. Mais dans l’Eau, elle n’est là que pour donner du relief, de l’ampleur à un bouquet, certes transparent, mais bien présent, qu’elle traverse de son souffle marin. Les nombreux parfums qui suivront se contenteront d’une dose massive de calone, à peine agrémentée de l’une ou l’autre molécule qui tente, mais en vain, de donner un semblant de personnalité à tous ces parfums hautement générique qui se révèleront mortellement ennuyeux et sont aujourd’hui abominablement datés. (Seul les masculins semblent survivre tant bien que mal, ce qui n'est pas à l'honneur de la gent masculine, je dois bien le dire.)
Dominique Ropion revisite le parfum pour une version « pure » à la fois fidèle à l’originale et différente:
L’Eau Pure est avant tout florale. Le bouquet, classique marie notes rosées et fleurs blanches. L’accord est intense, comme l’était celui de l’Eau, mais aéré par une nouvelle molécule IFF qui remplace la calone pour une même sensation d’espace et d’océan. On reste dans cette mode des années ’90 qui veut qu’un parfum diffuse sans lourdeur, ce qui, en soi, n’est pas une mauvaise chose. L’Eu Pure est bien mieux élevée, bien, mieux éduquée, que ses rivales plus gourgandines qui descendent de cet Angel né la même année. Le fond de cashméran réchauffe le parfum et lui apporte une touche un peu plus charnelle qui lui manquait franchement. Je veux bien qu’on soit politiquement correct, ou qu’on privilégie la spiritualité, mais le déni total du corps c’est un peu trop stérile pour moi.
L’Eau Pure est avant tout florale. Le bouquet, classique marie notes rosées et fleurs blanches. L’accord est intense, comme l’était celui de l’Eau, mais aéré par une nouvelle molécule IFF qui remplace la calone pour une même sensation d’espace et d’océan. On reste dans cette mode des années ’90 qui veut qu’un parfum diffuse sans lourdeur, ce qui, en soi, n’est pas une mauvaise chose. L’Eu Pure est bien mieux élevée, bien, mieux éduquée, que ses rivales plus gourgandines qui descendent de cet Angel né la même année. Le fond de cashméran réchauffe le parfum et lui apporte une touche un peu plus charnelle qui lui manquait franchement. Je veux bien qu’on soit politiquement correct, ou qu’on privilégie la spiritualité, mais le déni total du corps c’est un peu trop stérile pour moi.
L’Eau pure est un parfum aura, élégant et chic, lisse et sans danger. Je pense que c'est aussi à ça que devrait ressembler le mainstream réussi tel qu’on le conçoit aujourd’hui : un parfum à porter comme une touche finale à la toilette, un truc en plus pour parachever l'allure d’une tenue, mais sans s’impliquer trop, parce qu’il reste assez muet sur ceux qui le porte. C’est assez reposant. Et l'Eau d'Issey, si elle n'est pas une affirmation de soi fracassante, ne manque pas pour autant de poésie dans sa pudeur venue d’Extrême-Orient.
Un parfum des jours sans...
Un parfum des jours sans...
L’eau pure, Dominique Ropion pour Issey Miyake, 2016.
Longtemps j'ai porté "L'eau d'Issey"... (enfin longtemps...deux ou trois ans), j'étais jeune, j'arrivais dans la capitale (française), et j'avais probablement aussi ce désir d'être élégant, chic, délicat, amateur d'arts asiatiques et de fruits aqueux (ce n'est pas un jeu de mots)... Et peut être aussi l'envie de laisser le souvenir d'un sillage doux et plaisant sans plus de force... le temps passe... oui le temps passe et ne revient pas. Merci pour le souvenir. B. (Arcachon).
RépondreSupprimerJe n'y aurais pas pensé...
Supprimerà l’époque, je me contentais de lui tourné autour, mais je ne l'ai jamais porté. Peut-être tout simplement parce qu'on le portait trop? Sillage doux et plaisant , et je suis sûr lue les souvenirs laissés le sont aussi. Oui, le temps perdu ne se rattrape pas, mais il se retrouve, parfois! ;-)
dau
Bravo, vous avez rattrapé la perche tendue! Félicitation! :-D B.
SupprimerBonjour Dau,
RépondreSupprimerpour les jours sans j'aimais les floraux de Masaki Matsushima mais je vais tester cette eau pure parce que je dois avouer que je n'ai jamais supporté l'Eau D'issey, il m'était vraiment pénible de la porter et de la sentir, je lui ai toujours préféré les flankers estivaux et l'Eau D'Issey pour homme.
A bientôt!
Sara
Bonjour Sara,
SupprimerAh, je suis curieux de savoir si la variation est suffisante. Car cette version reste quand même fort proche de la version d'origine... Il faudra me dire. L'eau pour homme, là, c'est moi qui n'y arrive pas, mis à part quelques flankers. (De l'utilité du flanker parfois!)
Il faudra me dire!
à bientôt!
Dau