pourquoi ne pas… laisser tomber la niche?

Voilà, encore un article de blog-gueuse botey qui m’a agacé… Sur le thème "ne pas sentir comme tout le monde et se parfumer niche." La donzelle adore j’adore mais déteste le sentir sur tout le monde et choisi donc de passer dans l’autre camp et de se parfumer "nichu." Et de découvrir du parfum de niche donc plus rare, plus précieux et plus original… Sauf que. Choisir de la jolie matière bien entourée comme un jasmin, ça n’a rien de rare, toute les marque de niche le font et plutôt deux fois qu’une, avec pour résultats des parfums qui se ressemblent énormément parce que deux, trois et quatre jasmins, ça se ressemble beaucoup en dépit des nuances Et tout le monde le fait tellement pour tout que c’en est devenu un tic aussi agaçant que le thème bonbon du mainstream le moins inspiré. Bien fait pour celle qui se croit originale et se veut unique, la raison la plus bête et prétentieuse de porter du parfum… Qu’il y ait des log-gueuses botey narcissiques et snobs n’est pas un scoop, je vous l’accorde.

Pourquoi ne pas se parfumer pour la simple et bonne raison que ça sent BEAU ! Juste ça. C’est trop mainstream ? Trop commun comme raison ? Ça me semble la seule valable. Et ce raisonnement qui veut qu’on soit le seul à être beau me dépasse complètement. À vrai dire, je trouve ça bête et méchant. Méprisant et condescendant. Ne peut-on pas être à la fête quand le beau se promène à travers les rues ? Ne peut-on pas être heureux de croiser quelqu’un qui a les mêmes goûts ? Se dire qu’on a peut-être rencontré quelqu’un avec qui on partage des choses ? Pas juste un parfum, mais une certaine idée du Beau. Quelqu’un avec qui on a des points communs et qui pourrait être un ami.  Faire la tête, c’est juste une réaction de gamine. Envieuse et aigrie.

Venant de J’adore, c’est encore plus pathétique. Parce que J’adore, c’est le prototype du parfum lisse et sans personnalité. L’emblème, certes bien fait, de ce qu’on déteste dans le mainstream et la niche: le parfum fait pour plaire à tous. Je comprendrais mieux cette réaction venant d’une porteuse d’Angel. (Qui certes me soulève le cœur, mais a le mérite d’un parti pris original, à sa naissance du moins.)

Et pour peu qu’on veuille du Beau, on le trouve partout. Dans la niche et le mainstream.  Prenez un vrai grand classique du mainstream et demandez-vous ce qui dans la niche peut rivaliser avec… La réponse est souvent "pas grand-chose" et parfois rien. Le muguet est un bon exemple. Mettez Diorissimo en compétition avec tous les autres, les plus pointus, les plus nichus, et au final, il ne restera que Diorissimo. Vous voulez parlez de chypres ? Mettez Aromatics Elixir, Mitsouko et Femme de Rochas dans la compétition pour rire un coup. (Je pourrais répétez les exemples ad nauseam, mais vous avez compris l’idée…)

Bien sûr, je dis ça et je suis le premier, ou du moins, je ne suis pas le dernier,  à porter de la niche. Mais pas que. Pas exclusivement. Ça ne représente même pas la plus importante partie de mon placard à parfum. Et ce ne serait peut-être même pas la partie le plus intéressante si je triais par maison. Mais je n’en sais rien parce que ce n’est pas ça qui compte. Ce qui compte, c’est de suivre ses goûts, ce qui compte, c’est l’émotion quand on ouvre le flacon. Et elle est partout. Elle se moque du circuit de distribution et des modes. 

Allez dans les parfumeries mainstream, allez y aussi, et laissez-vous séduire sans vous dire que l’herbe est forcément plus verte ailleurs. Les deux réseaux, les deux circuits ont leurs pépites, il faut cesser de les voir comme des concurrents s'excluant mutuellement, mais plutôt comme des partenaires complémentaires. Et quand vous croisez votre parfum chéri sur un inconnu, souriez lui à cet inconnu qui vous ressemble un peu, après tout, vous faites partie du même club.

NB: je ne suis pas en train de dire qu'il faut laisser le parfum aux blogueurs parfums et que les blogueuses beauté sont des cruches qui n'ont rien à dire. (Des cruches, il y en a partout et elle ne se brisent pas aussi facilement que la fable veut nous le faire croire.) J'aime bien les lire, même, et parfois surtout, quand elles parlent parfum. J'aime bien les non-spécialistes qui ont des coups de coeur et parlent avec enthousiasme, souvent, les mots sont très justes. Mais je déteste les articles de commande, les billets sponsorisés, ou de complaisance. (Et vous remarquerez que contrairement à l'énervante blogueuse dont je parle en début de billet, vous n'avez subi ici aucune bannière publicitaire et que je ne place aucun lien affilié vers l'un ou l'autre site qui vendrait ces merveilleux parfums dont comme par hasard j'aurais eu envie de vous parler...)