olfatruc

“I'll be judge, I'll be jury, I'll try the whole cause, and condemn you to death.”

Lewis Carroll, Alice's Adventures in Wonderland, 1865.

L’Olfactorama 2015 est en cours. Consciencieusement, je fais mon devoir du juré. L’idée : que des amateurs récompensent leurs coups de cœur. (Je résume,  allez voir directement sur le site, de même si vous avez des questions, posez les là, pas que je ne veuille pas vous répondre, mais les organisateurs ont une vue d’ensemble de la chose, ce qui n’est absolument pas mon cas, et comme ils sont sympas, je suis certain qu’ils répondront à vos questions.) J’ai reçu les concurrents présélectionnés et je teste à l’aveugle avant de voter. Je teste très sérieusement, d’abord sur touche et puis sur peau. (L’expérience m’a rendu prudent, il y a parfois l’un ou l’autre truc horrible qui s’accroche comme il ne devrait pas être permis de le faire…)


L’intérêt de la chose, c’est d’abord une petite séance de rattrapage à propos de jolies choses qui auraient pu sortir sans que je les remarque. J’avoue, je passe plus de temps à tester les différentes versions de Mitsouko (concentration, date de production, vous ne vous rendez pas compte que ça pourrait être une occupation à plein temps ?) qu’à explorer les dernières sorties.  Lynchez-mois si vous voulez, mais je n’arrive pas vraiment à m’y intéresser. C’est tellement dépriment d’aller sentir le 425ème flanker de Miss Dior parce qu’il y aura peut-être un jour quelque chose de vraiment joli. 
Ah, vous n’y croyez pas plus que moi ?

Pour les tests en aveugle, je suis un peu partagé. Il y a ceux que je reconnais directement, ce n’est pas vraiment un problème. Le souci, c’est  qu’on juge parfois mal… Un truc qui sent comme un autre, si c’est un flanker, je peux trouver que c’est une variation intéressante, mais je peux aussi penser que c’est une infâme copie de… et avoir envie de le démolir parce que la copie, non ! Et puis c’est parfois intéressant de savoir qu’une maison développe un style, inscrit une nouveauté dans une continuité, ça permet d’évaluer autrement. Bref, tout ça pour dire qu’il y a du pour dans le teste à l’aveugle objectif et du contre.

L’idéal, c’est la vraie belle découverte qui donne envie de savoir ce que c’est pour pouvoir courir l’acheter.  Ça, c’était Burberry Brit Rhythm que j’avais complètement raté. Mais le côté « mini-rétrospective » est intéressant aussi. Revenir sur une année écoulée et se désespérer ou pas. Cette année, je remarque surtout que la catégorie « mixte » est particulièrement intéressante. Parce qu’il y a de bien jolies choses, et non, je ne vous dirai pas lequel est mon chéri, bien que,  si vous me connaissez, vous ne serez pas surpris, mais aussi parce qu’elle échappe aux poncifs du genre. D’habitude, mixte, ou unisexe, c’est ennuyeux: de la fraîcheur et de l’androgynie asexuée, mais cette année, il y a des choses qui osent se dire mixtes tout en osant ce qui est franchement connoté : le vrai floral, la poudre et le bois. Tout ça dans le mainstream sans se réfugier derrière les éternels arguments de la féminité et de la virilité. Jusque-là, c’était possible dans la niche, et encore, pas chez tout le monde. Franchement que le marché s’aligne sur nos habitudes, c’est plutôt une bonne nouvelle, non ?

Bien que dans les parfumeries, ce ne soit toujours pas gagné ! C’est d’ailleurs toujours un peu compliqué de savoir ce qui est classé où:
-C’est pour homme ou pour femme ?*
-C’est mixte.
-Ah, ben non, on l’a rangé chez les dames… 
(Regard lourd qui signifie «je sais bien que vous êtes un travesti !» Et alors, je fais ce que je veux et je mets ce que je veux. Juste pas la merde que tu essayes de me refiler parce que ça vient de sortir et que la marque t’as promis un cadeau si tu arrivais à me le vendre ! Passons.)

Pour reparler de la sélection Olfactorama, je ne suis pas nécessairement transcendé par toutes les catégories, après tout, il ne peut pas y avoir un chef d’œuvre chaque année, nos Grands Classiques Indispensables se comptent à peu près sur les doigts, mais je trouve qu’il y a eu une amélioration par rapport à 2014. Bien sûr, on ne sort pas du constat habituel, trop de sorties, trop de chosent qui se ressemblent et rien que ça, j’imagine la douleur des martyrs qui ont présélectionné. Je n’aurais pas pu. Mais il y a quand même des choses intéressantes, des parfums susceptibles d’être plus qu’un effet de mode dû à une bonne campagne de pub, capable de provoquer un véritable attachement, voir une addiction certaine. (Non, je ne citerai pas de noms, n’insistez pas.) Et la bonne nouvelle bis, c’est que ça se passe aussi dans le mainstream, que ça va être possible et accessible pour tout le monde.


*On m’a déjà posé la question à propos de … (Roulements de tambours...) SHALIMAR ! 

Commentaires

  1. Chic alors ! On va attendre les choses intéressantes...et certainement pas trop longtemps.

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    1. Elles sont déjà sorties... Il faut juste qu'ils donnent les noms!

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