un fermoir qui claque...

« Le souvenir d’une certaine image n’est que le regret d’un certain instant »

Marcel Proust, à la recherche du temps perdu, du côté de chez Swann, 1913.

Françoise Sagan en écrivant la chamade s’attaquait à un thème classique, celui de la belle entretenue qui tombe amoureuse d’un homme pauvre. Il y a la grâce de Sagan, son humour, sa délicatesse qui fait passer le roman au XXème siècle avec brio, mais le livre ne passe pas vraiment le cap des années ’60, la situation semble aujourd’hui démodée, dépassée. On le lit encore avec plaisir pour la belle plume de Sagan, sa sensibilité sous couvert de légèreté, plus vraiment parce qu'on se retrouve dans les personnages...



Guerlain n’a pas vraiment fait fausse route en choisissant ce nom en 1969. Le parfum lancé est fondamentalement classique et démodé. Il incarne les valeurs traditionnelle, bourgeoise qui triomphait jusque dans les années ’50 mais ont été, lors des sixties, balayées par la jeunesse plus libre et insouciante qui se fichait des élégances dans ses minijupes Mary Quant. Chamade s’offre un départ scintillant d’aldéhydes, certes vaguement rajeunit par une note verte. (Comme Miss Dior plus de 20 ans auparavant.) Chamade brille et scintille comme un diadème d’altesse. Il y a les fleurs, bien sûr, un peu de jacinthe, de jasmin, et une jolie rose surtout, très présente, véritable petite reine du parfum très élégante, un peu altière, qui se poudre et s’attendri, sur fond de baumes riche comme un manteau de vison.

Chamade, c’est le parfum refuge des bourgeoise bousculées par la modernité, très "femme de président" en tailleur Chanel avec sac à fermoir doré qui claque quand on le referme! Élégance et conservatisme. Parfait pour les lectrices de Sagan qui boudaient le Nouveau Roman. (Et comme je les comprends!) Il n’est pas de son époque, mais ça ne le rends pas démodé pour autant, il est vraiment classique, finalement assez difficilent datable. Sa richesse (bien que le temps l’ait appauvri), son scintillement atténué de poudre, le rendent chic, mais un chic qui n’est pas sans tendresse. Pour le porter aujourd’hui, il suffit d’éviter le sac à fermoir qui claque!

Chamade, Jean-Paul Guerlain, 1969.

Commentaires

  1. Bonjour Dau, je suis absolument d'accord avec vous Chamade et Françoise Sagan oui pour toujours, le sac avec un fermoir qui claque jamais mais alors là jamais!! Les deux choses que je ne peux pas supporter dans un élément indispensable comme le sac, la couleur dorée et les fermoirs qui claquent, pour moi c'est la quintessence de l'horreur, je ne porte pas de bijous en or jaune (je porte argent, or blanc ou or rose ou pas de bijous) et des sacs de "première dame" ou "femme de président", je préfère cent fois porter des sacs masculins certains achetés chez Zara qui remportent un succès fou auprès de mes amitiés.
    Les histoires signées Françoise Sagan ont vieilli certes mais restent pour moi une lecture obligée de temps à autre.
    A bientôt!
    Sara

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  2. Bonjour Sara et Dau
    Si il y a un parfum qui ne m'évoque absolument pas la bourgeoise au sac à fermoir doré c'est bien Chamade! L'histoire personnelle que j'ai avec lui y est pour beaucoup. Je me le suis offert j'avais 17/18 ans. Je venais d'attraper mon premier "coup de soleil, coup d'amour", comme dit la chanson, et pour paraphraser une célèbre citation avec un garçon qui n'etait même pas mon genre... Je n'ai pas pensé au bouquin de Françoise Sagan (qui n'a jamais été ma tasse de thé...), le nom du parfum collait avec ce que je ressentais, si je ne maintenais pas mon coeur, il allait sauter hors de mon corps! L'odeur ensuite: cette envolée de galbanum et de cassis qui petillent comme un coeur qui bat. Ce parfum est pour moi le symbole de la féminité qui a le bon goût de ne pas finir en quelque chose de lourd et de poisseux. Ce parfum à été créé en 1969, en pleine révolution sexuelle, et il me semble avoir lu quelque part que Guerlain l'avait créé en pensant à Brigitte Bardot. Lorsque l'on va sur le site de l'INA pour voir la première pub télévisuelle de Chamade, on voit une executive woman" descendre de son jet privé pour filer à son bureau. Bref, pour moi on est bien loin de la bourgeoise entretenue !
    Il y a 2/3 ans, j'ai eu un coup de blues, j'ai voulu ressentir ce parfum. Mal m'en a pris, il a été complètement dénaturé par la reformulation. Depuis, il paraît que Thierry Wasser s'est penché sur lui pour lui redonner son aura d'antan. Quoiqu'il en soit, je ne le reporterait pas : il appartient à une période révolue de ma vie...
    Bien à vous
    Cécile

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