gendre idéal

« …la grâce lilliputienne des voiles blanches sur le miroir bleu où elles semblaient des papillons endormis, et certains contrastes entre la profondeur des ombres et la pâleur de la lumière… »

Marcel Proust, à la recherche du temps perdu, à l’ombre des jeunes filles en fleurs, 1919.
Avec ce nom de Bleu noir, Narciso Rodriguez réussi à évoquer la moitié des parfums sorti au cours des deux dernières années. Mais le traditionnel flacon de la marque est tellement beau dans cette couleur que je n’ai pas envie d’ironiser.  Pour une fois, j’ai même envie de parler flacons, tant je les trouve cohérents avec les jus et les visuel. Simplicité, dépouillement (mais pas pauvreté) et un classicisme certain (très Chanel) mais revu au goût du jour pour être « intemporel et moderne. » Bel effort que de ne pas dévier de la trajectoire initiale tout en se renouvelant. 

Le jus emmène en territoire connu. On se croirait chez Jean-Claude Ellena. Le départ épice froide de la cardamome évoque Déclaration et Terre d’Hermès. De bien belles références, deux parfums que je trouve très beaux, que j’aime beaucoup. S’appuyant sur une base boisée (cèdre) le parfum se réchauffe, ou plutôt s’adoucit en se parant des muscs signatures de la marque qui lui confèrent une certaine rondeur, là où la minéralité d’un Terre peut sembler dure et où l’effet sueur du cumin de déclaration paraît à l’occasion sale et dérangeant. Bleu Noir est plus confortable et serein, cette sérénité qui vient de la confiance qui se passe bien volontiers des démonstrations de force.

J’aime beaucoup porter Bleu Noir. Bien sûr, il n’est pas exactement innovant, il marche sur des traces que d’autres ont laissées avant lui, mais on peut en dire autant de la plupart des fougères qui encombrent les linéaires des parfumeries et je ne parle même pas de ma collection d'aldéhydés jouant les variations sur un même thème. Les références sont originales et belles et Sonia Constant en donne une version personnelle qui sans être transcendant de nouveauté réussi à être signée. Pour décrire ce parfum, je ne trouve comme métaphore qu’une journée froide de printemps où on profite du soleil emmitouflé dans un pull à l’abri du vent. C’est à la fois lumineux, froid sans être anguleux, élégant mais facile à porter, très confortable. Un parfum qui a tout pour plaire et qui mérite les fidèles qu’il ne manquera pas de se faire, pour peu qu’on lui donne sa chance en allant le sentir. 

Ne le manquez pas, si comme moi vous êtes assez amateurs du genre "gendre idéal" assez sage, frais. Un peu lisse, mais les gens les plus lisses sont souvent ceux qui cachent le plus de choses. Et pourquoi toujours faire de l’esbroufe?

Bleu Noir, Sonia Constant pour Narciso Rodriguez, 2015.

Commentaires

  1. Mon cher Dau,
    J'ai hâte de le sentir tout comme je me réjouis à l'avance en attendant Narciso poudré. Pour le moment je me love dans Narciso, un jus que j'ai mis un petit peu bout de temps à aimer mais qui, je le sais maintenant, ne va pas me quitter. J'aimerais savoir ce que ce Narciso va donner au milieu de la chaleur estivale, peut être que la surprise sera bonne. Sinon il est toujours possible d'essayer For Her (eau de toilette) par un temps chaud et sec. Je parle évidemment des soirées estivales puisqu'à Madrid, à partir du 20-25 juin jusqu'à la fin septembre, il est parfaitement inutile de se parfumer en journée, les parfums disparaissent ou se fanent.
    A bientôt!
    Sara

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  2. Chère Sara,

    J'attends la version podre avec impatience également. Pour Narciso, je ne suis pas surpris, c'est assez typique de la marque de proposer des parfum bien fait pour lesquels on n'a pas vraiment de coup de coeur et dont on ne peut plus se passer à l'usage. Parce qu'il sont bien fait, révèlent leurs beautés petit à petit à travers une construction solide et sans esbrouffe, et parce qu'ils sont TRES confortable. (C'est important aussi le confort!) Bref, une marque qui fidélise!

    Pour les journées chaudes, il nous restent les frictions répétitives de colognes qui font tellement de bien...

    à bientôt

    DAU

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