territoire

"De la place, il n’y en avait pas pour moirants ma chambre de Balbec (mienne de nom seulement), elle était pleine de choses qui ne me connaissaient pas, me rendirent le coup d’oeil méfiant que je leur jetai sans tenir aucun compte de mon existence, témoignèrent que je dérangeais le train-train de la leur."

Marcel Proust, à la recherche du temps perdu, à l’ombre des jeunes filles en fleurs, 1919.

Gabrielle Chanel disait qu’elle aimait ses paravents de Coromandel parce qu’ils permettaient à la nomade qu’elle était de reconstruire sa maison partout où elle décidait de se poser. J’avoue que j’ai, moi aussi, mes fétiches, qui me permettent de recréer ma maison un peu partout, quoique bien plus modestes que les paravents de Chanel. Où que j’aille, je dispose toujours sur un coin de meuble ce petit "minimum vital" qui me permet de me sentir chez moi, de m’approprier un espace qui n’est pas nécessairement hostile, mais qui n’est pas mien.

Paris, une chambre d'hôtel
la recherche en Pléiade, vaporisateur rechargeable Guerlain et bougie Diptyque
Mes livres, mes parfums et l’une ou l’autre bougie.

C’est mon premier geste en arrivant dans une chambre d’hôtel. Mis à part pour la bougie, c’est aussi ce que j’ai toujours avec moi dans un sac. Alors que je sais très bien que ce n’est pas forcément nécessaire, que je n’aurai aucune occasion de lire, par exemple, mais il m’est bon de savoir qu’un livre est à portée de main. Lorsque j’ai quitté la maison familiale, la bibliothèque à été le premier meuble monté et les livres les premiers objets installés. Cela en dit long sur mon sens pratique… Mais enfin, la symbolique compte pour beaucoup dans une vie.

Quand à l’odeur, j’avoue que c’est peut-être là le côté animal du perfumista qui s‘exprime en marquant littéralement son territoire. Dans le fond, je suis comme les chats. Mais en version chic, j’allume du Diptyque, je laisse les odeurs de pas lavé à d’autres.


Trois objets, trois symboles, que je contemple à l’exclusion du reste et qui m’assurent que je suis bien chez moi, que je loge dans un palace ou dans une cellule de moine. (Mais si j’ai le choix, je préfère le palace à la cellule, bien sûr.) 

Avez-vous de ces manies aussi? des objets fétiches?

Commentaires

  1. Bonsoir Dau,

    Une bougie parfumée,c'est obligatoire , Diptyque très souvent.
    L'allumer en arrivant ,où que je sois dans le monde, est mon premier geste d'installation.
    Chambre drastique ou palace ,c'est un rituel.
    -Un livre.
    -Un parfum.
    -Une taie d'oreiller de lin brodée.
    -Un couteau à manche de corne ou d'ivoire.
    ( Au fond de ma valise pour éviter la confiscation et la restitution normes douanières, obligent ,
    et à l'arrivée...sinon,deux heures d'attente...)
    -Le bracelet chinois antique offert à Shanghai par mon grand père.
    Depuis quinze ans,je ne sors pas sans lui, au besoin,il est dans mon sac.

    Je me fais mon décor où que je sois.

    Chez l'habitant ,c'est pareil.

    Je sors chercher des fleurs et des fruits au marché local.
    dès le lendemain.

    Une manie aussi... J'achète douze cintres ...que je laisse ensuite.
    ( La course aux cintres est un défi ,dans certains pays ,des quiproquos,et des rires , aussi...)
    Que je sois là pour deux jours ou plus....

    Ensuite, je me sens chez moi....

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  2. Bonjour Dau,
    Pour mes 50 ans j'ai eu un sac cabas en cuir bleu de chez Le Tanneur qui me permet d'avoir mon minimum vital : un livre, mon parfum, mon MP3 parce que je ne peux pas vivre sans musique et mon tube de rouge à lèvre et mon poudrier compact Sisheido (mais ce n'est pas ces derniers qui prennent le plus de place...). J'ai toujours eu un livre dans mon sac car je mets toujours à profit le moindre temps d'attente, aux caisses par exemple, quand je refais le plein de nourriture chaque samedi (ça fait très" cherchez l'erreur", quand je suis en compagnie de gens focalisés leur smartphone). Le parfum, c'est un manière pour moi de marquer mon territoire, le MP3 sur lequel j'ai pu mettre pas mal d'opéras, dont certains avec mon Idole, Maria Callas, mes morceaux de classiques préférés comme les cantates de Bach ou de musique de chambre, sous oublier ma période adolescente que je ne lâche pas comme Cure, U2 ou Téléphone ( et évidemment, The Bette Davis Eye, forcément...), c'est pour me récréer un environnement familier et rassurant. Mon "grand fantasme", c'est d'avoir la malle-livres que Christian Dior a demandé à Louis Vuitton de lui faire faire sur mesure, parce qu'il ne pouvait pas voyager sans ses livres. On est à des milliers de kilomètres de l'image du globe-trotter sac-à-dos, mais quelle classe, quand même, de débarquer dans un endroit avec sa malle monogrammée LV uniquement réservée à ses livres ! Mais bon, on est Christian Dior ou on ne l'est pas !
    Bonne journée à vous
    Cécile

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  3. Cécile,
    Méfiez-vous des grands cabas, plus on a de place et plus on entasse et le dos souffre. Je parle d'expérience. Autre fantasme en termes de bagages, ou the la malle à livre, il y a ces incroyables malles où on pouvait mettre le service à thé et tout le matériel pour le préparer dans les règle de l'art. Le XIXème siècle savait voyager... avec quantité de domestiques et de porteurs...

    Toute,
    J'avoue, j'ai déjà voyagé avec des cintres. Je n'ai pas pensé aux bijoux, parce que je n'ai qu'une bague mais il est vrai que je ne la quitte jamais, comme mes lunettes et que je me sentirais absolument nu sans elle. Bon, sans lunette, je suis aveugle. En tous cas, incapable de lire. Et quasi incapable de me reconnaître dans les miroirs quand je croise mon reflet.

    Sinon, je dois avouer aussi: jamais sans l'iPad. Même si je ne me connecte pas et ne le regarde pas, mais...

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