grandes occasions

"-Vous voulez le petit ou le grand modèle?

-Le petit.

-Le plus grand est plus économique vous savez…

-Je sais, mais j’ai déjà tellement de flacons que je ne le porterai pas souvent.

-Ah, vous le gardez pour les grandes occasions!"


J’étais en parfumerie et très fier de ne pas céder à mon amour naturel et un peu ridicule du gros flacon, puisqu’après tout j’ai déjà de quoi me parfumer jusque la fin de mes jours même, si je vis jusqu’à un âge fort avancé. L’amour du gros flacon, ce n’est d’ailleurs pas la peur de manquer, c’est plus un choix esthétique, je n’aime pas les formats miniature et je préfère la générosité du geste lorsque je me parfume: le petit modèle me semble un peu mesquin. Mais enfin, il faut être un peu raisonnable, tenir compte de la taille de mes armoires et de mes goûts. Stocker de l’aldéhydes, oui. De l’oriental, ce n’est peut-être pas la peine, un seul flacon pour sentir et porter à l’occasion est largement assez pour moi.

mon plus petit flacon (15 ml) et le plus petit livre du monde sur Marcel Proust
mais je triche: le flacon est le modèle voyage qui accompagne le 750 ml
Infusion d'iris, Prada
C’est le concept de grande occasion qui m’a amusé. Comme si certains parfums, plus beaux ou plus rares, méritaient d’être porté en des moments bien précis, plus élégants, plus particuliers… En un sens, le concept n’est pas aberrant, il provient directement de l’étiquette du vêtement telle qu’elle était pratiquée à la belle époque, avec ses toilettes du matin, de déjeuner, d’après-midi, de thé, de visite de promenade, etc… Toute une vie qui n’est plus la nôtre. Qui se change encore au cours de la journée? Fait-on encore toilette le soir? Pas vraiment. L’attitude n’est pas moderne, elle est de moins en moins adaptée à notre vie. Tout au plus s’habille t’on pour une grande occasion, justement, pour marquer le coup, se déguiser en faisant des élégances.

Sauf que… Le parfum, justement, à cette époque ne variait pas. Les femmes, et plus tard les hommes ne changeaient pas de parfum. Ils en adoptaient un et s’y tenaient. Donc l’usage moderne de vêtement et l’usage moderne du parfum semblent tout deux nous indiquer de n’en faire qu’à notre tête et selon nos envies. Avec politesse, certes, nous ne sommes pas obliger de soulever le coeur de ceux que nous côtoyons. Mais ce qui me choquait dans ce système un peu rigide parfum-occasion, c’était l’espèce de hiérarchie établie. Comme si on devait établir une hiérarchie quelconque entre le "tous les jours" et l’exceptionnel, comme s’il y avait le parfum propre, hygiénique, qu’on met avant de sortir comme on met du déo et… Et quoi, d’ailleurs?

Madame Rochas
oui, parfois, je stocke
(Je ne vous montre pas TOUS mes flacons de Madame,
vous me feriez interner.)
Si vous me suivez sur Instagram ou sur Twitter, ou je donne mon parfum du jour (et du soir aussi d’ailleurs) religieusement chaque jour, ce qui est d’un intérêt très limité à part pour les obsédé dans mon genre, mais peut-être est-ce aussi votre genre, après tout, vous êtes en train de perdre votre temps sur un blog parfum: CE N’EST PAS SERIEUX!, vous aurez remarqué que seul mon caprice, mon envie du moment me guide. Ce que j’aime dans le parfum, c’est que grâce à lui, chaque jour est élégant, chaque moment est particulier, chaque instant est une fête, une grande occasion. Le Beau, c’est urgent, maintenant, tout de suite et toujours.

Commentaires

  1. Bonjour Dau !
    Me voilà de retour après quinze jours à Granville où j'en ai profité pour refaire mon pèlerinage à la maison de Christian Dior et visiter la très belle exposition sur le New Look et et le tailleur "Bar".
    Pour en revenir à votre billet, moi aussi je me contente de petit modèles par manque de place, pour pouvoir conserver mes parfums à l'abri de la lumière et de l'humidité. La seule concession que j'ai faite au modèle grand format, c'est pour l'Eau de narcisse bleu, qui trône sur mon étagère de la salle de bain, parce que celui là je savais qu'il allait devenir mon leitmotiv. Quant aux grandes occasions, mes parents qui m'ont offert mes premiers parfums, et qui pourtant eux qui avaient l'habitude de se parfumer, me disaient que je ne devais en mettre qu'aux moments exceptionnels. N'ayant pas encore appris à penser par moi-même en ce temps là, je les écoutais religieusement et ne me parfumais pratiquement pas, par que justement les grandes occasions étaient tout de même rares... Résultats, mes parfums se sont éventés ou évaporés sans que j'en profite ! Maintenant, j'ai changé de philosophie : je me parfume deux fois par jour comme une prescription médicale, même au moment de me coucher pour m'aider à m'endormir. Je change de parfum en suivant l'humeur du moment, le temps qu'il fait ou ce que je compte faire : jouer à la Mata Hari ou m'aider à me concentrer. Je peux largement me passer de maquillage, mais d'odeurs, ça jamais !
    Bien à vous

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    1. Le tailleur Bar, cette merveille... Je l'ai vu plusieurs fois et je ne m'en lasse pas. (Tout en me disant que ça devait être pénible de le porter, mais il faut souffrir pour...)

      Oui, quand j'ai une hésitation à propos de précieux désormais introuvable, je pense aussi que ça va tourner vinaigre et que c'est mieux d'être sublime pour faire le ménage, tant qu'à faire... Question de bon sens. De toute façon, un parfum qu'on ne porte pas, c'est un parfum mort...

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