sans apprêt

“Mes regards se posaient sur sa peau et mes lèvres à la rigueur pouvaient croire qu’elles avaient suivi mes regards.”
Marcel Proust, à la recherche du temps perdu, à l’ombre des jeunes filles en fleurs, 1919.

santal blush, Tom Ford
échantillon
Lorsqu’on insiste un peu sur ses notes crémeuses, le santal me paraît toujours avoir une belle affinité avec la peau, pour peu qu’on y ajoute un peu de cumin, le mariage est parfait et j’ai une impression de peau sublimée. A sa sortie, j’ai beaucoup porté le Santal Blanc de Lutens, surtout en version "fond de parfum", qui sentait bon la peau bronzée, échauffée par le soleil…

Santal Blush de Tom Ford joue sur le même registre de peau sublimée par le bois en le tirant vers le crémeux, le poudreux, le cosmétique, et en le rosissant, mais pas trop, avec le bouquet ultra-classique rose-jasmin-ylang qui joue la carte de la discrétion. Tout est délicieusement fondu, presque "à l’ancienne" mis à part ce santal particulièrement présent sans être un soliste, pour un parfum plus délicat et mieux élevé que ne pourrait le laisser penser les visuels de Tom Ford. D’ailleurs, s’il est riche, ce blush crème évite soigneusement de s’afficher, de s’exhiber, de sentir cher. L’argent est là mais se retrouve surtout dans la sensation de confort qu’il laisse.

Santal Blush donne envie d’embrasser la peau qui le porte, de se blottir tout contre. Ce n’est pas quelque chose de sexuel, même si ça peut le devenir, plutôt l’envie d’un moment au calme près d’une personne chère, comme on serre un chaton dans ses bras, ou une peluche. Santal Blush est tout doux, sous ses airs sophistiqués, alors, oui, c’est un peu cher pour ça (tous les Tom Ford sont un peu chers, un peu trop chers !), mais c’est un parfum pour mettre pour traîner chez soi dans un vieux pull très confortable. Traîner chez soi, mais pas pour lire, non, vraiment pour ne rien faire, se mettre dans le canapé devant un vieux film connu par cœur, feuilleter des magazines juste pour les images…

Jamais une note cosmétique n’a paru si peu apprêtée.

Santal Blush, Yann Vasnier pour Tom Ford, 2011.

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