mainstream - même pas honte

« La connaissance lentement acquise de valeurs autres que celles auxquelles croit exclusivement une jeunesse frivole… »

Marcel Proust, à la recherche du temps perdu, le temps retrouvé, 1927

White Linen, Estée Lauder
En portant Withe Linen, ce week-end, je me suis dit, une fois de plus, que la niche pouvait se passer de moi et moi d’elle. Que je n’avais pas besoin d’elle pour être heureux parce que le mainstream me donnait un énorme et vrai plaisir avec des parfums de toute beauté, merveilleusement construits.

Bien sûr, je ne boude pas la niche, je ne la snobe pas, simplement, j’avais envie de remettre les choses à leur places, envie de dire à ceux qui n’y ont pas accès qu’elle n’est pas non plus le saint graal de la parfumerie. Envie de m’étonner une fois de plus devant les comportements de ceux qui s’y adonnent sans réserve et qui semblent parfois chercher le rare pour le rare, pour le simple plaisir de porter ce que personne d’autre ne porte, même si ça sent comme tout le monde. Où de rechercher le choc, l’expérience extrême, le chamboulement des sens, d’une façon qui me semble un peu déréglée, puisque l’important ne semble plus être le beau, la poésie, mais une esthétique du bizarre, du saisissant qui me dépasse un peu… (Et qui parfois n’est qu’une simple provocation gratuite, un peu ridicule.

Mitsouko, Guerlain
En vrai, le mainstream, c’est ce que je porte le plus. Surtout des classiques. Et je me sens paré de beauté. Terriblement original aussi parce qu’un Mitsouko ou un First ne courent quand même pas les rues. Je suis ravi de pouvoir accéder aux deux univers, mais la seule chose qui compte vraiment pour moi, c’est que ça sente beau. Et vous ?


(Bien sûr, le prochain billet sera sur un truc nichu parce que !)



Commentaires

  1. Je suis d'accord avec toi, c'est vrai que la recherche de la niche souvent, ça fait un peu prout prout et snob... Et c'est aussi pour se démarquer des autres, de fait. Après, on peut toujours être surpris par du mainstream, mais là où j'ai expérimenté les sensations les plus tangibles et les plus fortes en matière de parfumerie, ça reste dans la niche, parce que j'y retrouve des choses que je ne sens pas ailleurs. Mais j'ai envie de dire, cette comparaison n'est valable à mon sens que pour les parfums récemment sortis dans leur majorité, en "vintage mainstream", on trouve pas mal de pépites (que je ne connais pas toutes, et que j'expérimente petit à petit... grâce notamment à des blogs comme le tien !).

    Ce qu'il faudrait éviter, ce serait de snober tout ce qui peut sortir dans le mainstream justement parce que c'est estampillé mainstream et ne pas s'attarder dessus. Là se situe l'erreur.

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    1. Il faut vraiment aller plus loin que le premier rayonnage venu et fouiller en bas des rayons ou demander à voir ce qu'il y a dans les tiroirs parce que les vrais chocs sont cachés là. Bien sûr, il y a moins de "surprise" puisque le mainstream est déjà connu, déjà senti pour la plupart, mais cela mis à part, il a aussi une vraie part de beauté. D'ailleurs, l'un et l'autre s'inspire mutuellement, je ne pense pas qu'il soit pertinent de les opposer tant ils tendent à se rapprocher. Espérons juste que c'est pour unir le meilleur des deux et non pour accumuler les défauts...

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  2. Bonsoir Dau
    Je l'ai déjà dit ici, je peux vivre parfaitement heureuse avec Mitsouko et l'Eau de Narcisse bleu. Je m'interroge souvent sur les notions de Mainstream et de marques de niche et pour moi la frontière est de plus en plus floue. De nombreuses marques développent leurs collections "exclusives" ou "particulières"; peut-on encore considérer Serge Lutens, Annick Goutal, Diptyque ou l'Artisan parfumeur (surtout qu'on peut trouver cette dernière sur le site web de Sephora maintenant) comme des marques de niche ?
    Je ne m'interdis pas quelques incursions dans le monde de la niche, mais je trouve que les tarifs pratiqués rédhibitoires.... N'est-ce pas du snobisme que de payer une fortune le même accord oud développé par toute une kyrielle de marques ? Franchement, où est l'originalité là-dedans ?

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    1. Oui, les frontières sont floues... Le point positif pourrait être la multiplication de l'offre (mais si c'est pour nous servir des soupes au sucre?) et la possibilité de satisfaire tous les goûts. Une heure Fougueuse chez Cartier me semble parfaitement niche. Un Liu qui ne se vend plus assez et qui perdure aussi, par exemple. Mais pour ce qui est d'un accord oud, Mon Dieu... Je suis bien d'accord. Plus et mieux travaillé en niche? Mais faites nous plutôt du beau mainstream, messieurs-dames, tout le monde devrait avoir accès au beau!

      Hélas, le prix me semble souvent être ce qu'il y a de plus niche à moi aussi.

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  3. Bonsoir Dau,
    Je suis parfaitement d'accord avec toi, je peux moi-aussi me passer sans la niche surtout car ce que souligne Ambre Rouge est bien vu, les frontières sont de plus en plus floues. Je suis pour la niche si par hasard ce que je trouve est bien construit et le prix correspond à la qualité, sinon je me plais à dénicher des parfums mainstream oubliés de nos jours mais qui existent toujours, que personne ne porte, et ce maintes fois grâce aux blogs aprfum (je pense à Coriandre par exemple) ou je revisite tout simplement les classiques. White Linen est un exemple bien choisi, que je préfère certainement si on le compare par exemple à Pure White Linen et à tous les flankers White Linen quelque chose, et First est aussi un exemple des plus pertinents, un grand floral aldéhyde suivant l'écriture de Jean-Claude Ellena.
    Cordialement,
    Sara

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    1. Il y a des deux côté des choses qui me manquerait si elles venaient à disparaître, mais mon amour du vieux classique me pousse immanquablement du côté du mainstream, là ou tout à commencé. Car elles sont la les origines de la parfumerie moderne et belle. Pas du côté de ces marques qui paraissent pourtant anciennes parfois (comme Diptyque), ni de ces jeunesses qu'on voit débarquer régulièrement et qui finissent par encombrer autant que les flankers du mainstream...

      Ce qui m'épuise, c'est de voir certaines personnes partir écumer les parfumerie de niche à la recherche d'un beau chypre et snober Mitsouko ou courir partout après un accord rose-violette sans daigner sentir le Paris d'Yves Saint Laurent. Mais s'ils préfèrent payer plus cher pour moins beau sous prétexte d'originalité de la copie déguisée, ma foi, pourquoi pas.

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