Revenir sur
certains parfums en fin de flacon est assez salutaire. Ça permet de se faire
une idée plus juste, de revenir sur ses ressentis, de savoir si le rachat s’impose
ou non. Mon flacon de l’Heure Fougueuse de Cartier se meurt. Je n’ai pas
regretté d’avoir cédé à ses charmes, je l’avoue. Son odeur, si fine, de poil
lustré, son hommage au cheval, m’a vraiment enchanté une fois passé les
premiers émois, la surprise d’un accord si nouveau. C’est un parfum qui a
divisé comme peu d’autres autour de moi : réactions de dégoût (« ça
sent l’écurie ! ») ou de convoitise. (« Ça s’appelle comment ?
On le trouve ou ? »)
Pour moi,
il fut un parfait compagnon du dimanche, de ces jours incertains ou je me
traînais à la maison, retrouvant avec plaisir ses accords aussi confortables qu’un
plaid. L’Heure Fougueuse m’a vraiment raconté
une histoire, quelque part entre Lady Godiva et Lady Chatterley, mais le
racheter, je ne crois pas. Ce n’est pas vraiment moi, pas vraiment mon
histoire. Pour traîner chez moi, je préfère encore le plus conventionnel Arpège
en version ancienne qui correspond plus à mon côté « bourgeoise
provinciale » avec ses aldéhydes ou le plus sombre Mitsouko et ses ombres
mystérieuses. Peut-être cette heure me dépasse parce qu’elle est trop
diurne, ou trop « naturelle » pour moi. Elle fait
partie de ces parfums que je ne porterai plus mais que je meurs d’envie de
sentir sur d’autres. C’est là, vraiment, qu’elle me plairait, créant le désir,
l’envie, la convoitise.
L'Heure Fougueuse, Mathilde Laurent pour Cartier, 2010.
Cette histoire entre lui et vous...vous en parlez si bien que déjà je meurs de curiosité. Pourtant je suis encore dans mes histoires d'été.
RépondreSupprimerBelle journée
Non seulement tu en parles bien, mais je retrouve un peu de ma relation avec ce parfum dans cet article.
SupprimerEn effet, cette Heure fougueuse fait partie des parfums que j'aime sentir mais pas porter. J'en ai une dizaine de ml, je m'en vaporise un peu de temps en temps sur le poignet quand je suis tranquille à la maison (et que je peux passer mon temps à me renifler ledit poignet), mais je ne m'imagine pas m'en mettre avant de sortir.
Pour moi il évoque d'ailleurs plus les bottes de foin que le cheval lui-même, et le mois d'Aout lui va d'ailleurs à merveille : le mélange d'herbes des prés, jaunies au soleil de fin d'été, c'est tout à fait ce que je retrouve chaque fois que je le sens.
Mais il fait remonter des souvenirs qui remontent à l'enfance, et trop personnels pour être partagés. Et si ça a été moi, ce n'est plus moi (hélas ?)
Je crois que nous avons tous nos parfums "pour nous" que nous ne voulons pas partager parce que nous aurions l'impression de mettre notre âme à nu devant tout le monde. C'est aussi cela qui est merveilleux.
Supprimer"Ce n'est plus moi" Oui, mais ... C'est exactement cela qui donne envie de faire une collection de parfums: pas pour les porter, pour se souvenir.
Je crois que vous voyez juste en évoquant Lady Chatterley ( Lady Godiva, peut être mais alors dans la vision des artistes seulement ). C'est un parfum fougueux, qui rappelle certainement les ébats de Lady Chatterley et de son garde-chasse. On pourrait y voir dans le même style ceux des personnages du Messager, si magnifiquement retranscrit par Joseph Losey. Pour moi clairement c'est un parfum quasi érotique et je me situe aux antipodes, beaucoup plus proche d'Iris Silver Mist si je puis dire. Mais L'Heure Fougueuse est un parfum qui touche les sens, pas l'esprit. Ce n'est pas une critique, le roman de D.H Lawrence étant l'un de mes préférés....
RépondreSupprimerPour Lady Godiva, j'avais l'image de la femme qui monte nue et a cru. Quelque chose de très érotique aussi. Mais je ne suis pas certain qu'il ne touche que les sens, même s'il les touche d'abord. La finesse de sa construction, de l'exécution est du tout grand art qui laisse rêveur. Nous sommes loin du musc qui tache par exemple...
SupprimerElle est si belle cette Fougueuse ! Très singulière mais sans provocation et vraiment confortable (et oui "naturelle" c'est tout à fait ça).
RépondreSupprimerJe suis à l'aise avec en toutes circonstances, pourtant après avoir lu tant de "ça sent trop l'écurie/l'animal", je la réserve aussi le plus souvent au dimanche. Je crains que ma fréquentation assidue du monde équestre me fasse paraitre ce parfum plus sage qu'il ne l'est en réalité, car je ne trouve pas trace d'écurie ici, la crinière, le foin, la nature oui, mais le tout très propre, pas trace de crottin, de sueur ni même de poussière.
Potra
Pour moi qui ne connais les chevaux que de loin (pour cause d'allergies à leurs poils)le côté pas net ne me gène pas, mais parce que j'ai été habitué à des parfums beaucoup plus crapuleux à une époque ou c'était absolument normal. Et de fait, il est beaucoup plus poli que les anciens, mais c'est encore trop pour certains...
SupprimerQuelle(triste)époque.