Je déteste
ma vautrer dans les muscs et m’afficher en orientaux. Ça fait vraiment partie
des choses qui me dépasse, alors même que je trouve certains de ces parfums
magnifique. Simplement, j’y vois une facilité, une invite sexuelle un peu trop
directe. Comme disait Proust, ce qui nous déplait dans les cocottes, c’est qu’elles
sont toutes prêtes. C’est exactement ça, une sensation de disponibilité pour la
volupté, un peu trop facile, comme s’il n’y avait que l’immédiateté du corps et
rien d’autre.
Je déteste
me vautrer dans les muscs et m’afficher en orientaux mais j’aime beaucoup les
fleurs blanches et les tubéreuses. On ne peut donc dire que je boude la volupté
et m’enferme dans une frigidité bourgeoise de bon aloi. Mais à moi, la
tubéreuse me semble très complexe : compliquée, fondamentalement
hystérique, pleines d’intensité plus ou moins contenue. Assez fatigantes
parfois. Le genre de parfums dont je me dis qu’on les porte à l’occasion mais
qui ne sont pas les seuls et uniques parfums d’une vie.
Pierre
Guillaume, autre beau gosse de la parfumerie (puisque je viens de parler de
Carlos Huber), traite joliment sa Tubéreuse Couture, la met au carrefour de
plusieurs tendances : solaire,
sucrée, habillée, naturaliste… sans en faire un parfum de compromis ou de
demi-mesure. Le jeu sur les différentes facette de la fleur, verte-camphrée, florale-animalisée,
coco-sucrée, est très habile et le traitement délicat. Il l’habille
effectivement de façon très couture en lui faisant un fourreau de notes vertes
et aigües au départ. La tubéreuse se dégage peu à peu mais moins en solo qu’en
bouquet ou elle joue à la reine au milieu de ses suivantes. La tubéreuse se
montre solaire et exotique, mais parée de transparences, ce n’est pas du tout
la bombe ingérable qu’elle est parfois, elle est ici distinguée, exotique mais
élégante, comme une riche mexicaine fortunée qui serait venue s’habiller à
Paris. Le final s’arrondit sur le benjoin, sucre le tout mais pour donner de la
rondeur, on n’est pas du tout dans un contexte gourmand, plutôt dans celui d’une
sensualité paresseuse : la caresse d’un pétale promené sur la peau, pas l’empoignade
de l’amant trop pressé.
Probablement
pour les amateurs de tubéreuse, souvent adeptes des sensations forte, ce ne
sera pas la tubéreuse idéale, le parfum est plutôt fait pour ceux qui aiment
mais… Ou pouce ceux qui adorent, veulent en porter chaque jour mais éprouve
aussi le besoin d’un parfum plus serein, plus civilisé. Pour une fois, un
parfum porte un nom bien choisi, ce couture lui va comme un gant, évoquant une
certaine recherche dont on a un peu perdu l’habitude au profit d’effets plus
clinquants, parfois plus efficaces, mais plus faciles. On oublie trop souvent l’élégance,
c’est un tort.
Tubéreuse
Couture, 17, Pierre Guillaume, Parfumerie Générale.
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