jardin secret

On trouve assez peu de parfums véritablement verts, trop souvent, le vert n’est qu’une petite introduction vite oubliée, rarement le thème majeur du parfum. Il est vrai que techniquement, le vert n’est pas fait pour durer, il prend alors un aspect acerbe peu plaisant. Quelque parfums pourtant s’y essaye, faisant perdurer l’impression sur des notes fleuries ou chyprées, jouant l’élégance altière à la N°19 ou l’escapade campagnarde comme l’Eau de Campagne, reformulée, Sisley, ou ma chère et, hélas!, discontinuée Eau de Camille, Annick Goutal. Toujours le vert m’a donné une impression de liberté, fière et conquise de haute lutte ou échappée belle, peu importe, ce ne sont que deux face d’une même médaille.

Perle de Mousse d’Ann Gérard est vert, un vert terriblement école buissonnière : il commence par un départ végétal, tiges et feuilles, avant d’aller vers  fleurs et mousses, conservant le motif de la fraicheur, d’une nature verte. Si Sisley m’emmenait au potager, et Goutal dans le parc bien entretenu d’une maison de famille pour petites filles modèles, Perle de Mousse a tout du jardin secret : dans  des végétations touffues, on découvre une grille presque dissimilée. Passons là et nous découvrons une miniature de jardin laissé quelque peu à l’abandon, la fraicheur des arbres qui l’entourent quelques fleurs et des mousses pour nous y reposer. Impossible pour moi de ne pas songer à un tableau de Boucher, un de ces charmants trumeaux, ou on peut voir une nymphe assoupie au bord d’une mare. Rien n’est ici véritablement champêtre, tout est à l’image d’une nature idéale, recomposée, qui reprendrait ses droits autours de quelques ruines comme cela était à la mode au XVIIIème siècle. C’est charmant, rieur et raisonnablement romantique.

Un parfum parfait pour relire Jane Austen par une belle après-midi d’été.

Perle de Mousse, Bertrand Duchaufour pour Ann Gérard, 2012