De nos jours, tout
va vite. Les sorties parfums se multiplient et Les nouveauté sont retirée des
linéaires plus vite qu’elles n’y arrivent. Pourtant, toutes les marques
semblent rêver d’un N°5, de quelques choses d’éternel. Morceaux d’éternité qui
se trouverait curieusement dans les dernières nouveautés sorties plutôt que
dans le patrimoine de la marque… Cherchez l’erreur ?
Le temps du parfum
est pour moi un temps long. Il y a des
coups de foudre immédiats, dignes de romans à l’eau de rose, et généralement
ils sont des feux de paille, des histoires qui ne durent pas plus d’un
demi-flacon. Ceux qui durent se présentent à moi de deux façon : pour
certains, ils me plaisent mais il me faut le temps de les découvrir, de les
cerner et de construire une histoire avec eux. J’aime me faire charmer
lentement, être séduit doucement, et j’apprécie mieux les surprises de ceux que
je crois connaître que celle de ses prétentieux qui s’affichent neufs et
dévoilent leurs charmes au premier sniff. Duel (Annick Goutal) fut de ceux-là.
Longtemps, j’ai boudé les échantillons de celui qui me paraissait banal. Puis
je l’ai senti une bonne fois, l’ai trouvé beau et adopté parce qu’il me fallait
un parfum comme lui : gendre idéal discret. (Dans ma tête, c’est son
surnom officiel.) Et il a su faire ma conquête en douceur, me surprenant par sa
tenue que j’aurais crue médiocre, se rappelant à moi à l’occasion, par
surprise, et m’enchantant par sa subtilité changeante, me dévoilant par instant
ses facettes maté, cuir ou iris. Ce parfum, pris un peu par défaut, après six
moi, je n’arrive plus aujourd’hui à imaginer la vie sans lui.
Autre façon :
celle de ceux qui commencent par me rebuter et dont je pressens la beauté. Il
me faut le temps d’y venir, d’y revenir, de les apprivoiser, avant de leur
céder. Que voulez-vous ? Je ne suis pas du genre facile, moi ! Mon
Parfum Chéri (Annick Goutal) est le dernier du genre : il m’a repoussé
avec son patchouli terreux, son alcool de prune vénéneux, même si son sillage
poudré d’iris me paraissait beau, je ne l’aimais pas, mais j’avais appris qu’il
me fallait du temps, je savais. Je suis donc revenu à mon échantillon, fronçant
de moins en moins le nez, l’appréciant de plus en plus. J’ai fini par céder à ses
charmes après un an, le découvrant vraiment en le portant du matin au soir, l’aimant
enfin à la folie, me sentant si bien enveloppé, lové, dans son sillage. Après
le rejet, c’est une passion enragée ; il me tient. Bien sûr, maintenant,
Goutal a décidé de l’arrêter: la vie est mal faite.
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