Le parfum se dit inspiré du film in the mood for love de Wong Kar-Wai qui a inspire toute une esthétique rétro au début du siècle avec ses clairs-obscurs, ses qipao et a définitivement rendu romantique le fait d’aller acheter des nouilles. Personnellement, non, je ne retrouve pas vraiment l’ambiance du film dans le parfum, en dépit d’arguments convaincants, mais ce n’est pas plus mal puisque j’apprécie le parfum pour lui-même. Avec cette petite restriction qu’il invoque l’histoire de la parfumerie la plus classique, argument auquel je suis, il faut bien que je l’admette, toujours sensible.
Avec une lavande posée sur vanille et patchouli, il n’est pas sans rappeler des parfums comme Jicky ou pour un homme. Il y a pires références ! On pourrait dire qu’il y a aussi de la verdeur, une note un peu pin etc mais égrener des notes ne mènera pas très loin avec lui puisque ce serait passé à côté de l’essentiel de ce parfum qui bouge beaucoup sur la peau et ne colle pas vraiment au genre fougère auquel on le réduirait par facilité, à moins qu’il ne le renouvelle.
Très présente sur moi, bien plus que dans d’autres parfum, il y a la lavande. Par moment, elle se détache sur le fond plus sombre et se faisant fluorescente et moderne, un peu à la façon de certaines roses des années ’80, et puis elle se souvient qu’elle est une fleur, se marie au géranium, devient transparente et délicate avant de reprendre du poil de la bête au contact des notes de fond, devenant caressante… Il faut écouter attentivement les couleurs de la nuit, y revenir encore et encore parce que, à chaque occasion où on le porte, on le redécouvre, toujours un peu différent, parfois plus vif, plus lumineux, presque tranchant, parfois sombres et doux enveloppant.
C’est doux, mais sec, enveloppant comme la laine, chaude, rêche qui s’adoucit au fil du temps. Il y a quelque chose de rustique, un peu du chic de Jicky, effectivement, dans ce parfum qui sait aussi rappeler Shalimar par moment, si pour vous le Guerlain est autre chose qu’une grosse vanille. Toute les références à des parfums anciens sont très discrète, présente juste parce qu’Isabelle Doyen est cultivée et ne construit pas un parfum en pensant qu’elle réinvente l’eau chaude. Ce Voyages Imaginaires est très moderne, très actuel, nouveau et créatif mais il sait explorer de nouvelles voies, réinventer la lavande, sans excentricités.
Je l’aime bien pour traîner à la maison, enveloppé dans mes couvertures, pour regarder par la fenêtre la pluie tomber, mais aussi pour sortir de chez moi en signifiant au monde que je ne lui fais pas vraiment l’honneur d’être avec lui, que je suis en réalité ailleurs, dans une zone bien plus confortable qui n’appartient qu’à moi. Je l’aime, enfin et surtout, parce qu’il y a un vrai narratif, que c’est un parfum qui raconte des histoires et peut-être en fait vivre.
La couleur de la nuit, Camille Goutal et Isabelle Doyen pour Voyages Imaginaires, 2020.
Bonjour, je ne connais pas ce parfum je suis pourtant une amoureuse de lavande, à découvrir ! Merci Dominique
RépondreSupprimerAh oui, vraiment, quand on aime la lavande, il faut le sentir!
SupprimerPas pour moi à cause de la lavande…mais merci pour la description. Belette.
RépondreSupprimerÀ oublier immédiatement si on ne supporte pas la lavande, oui... (Même si je n'aime pas la lavande, comme quoi...)
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