Il parait que la lumière va revenir peu à peu, c’est déjà un
peu d’espoir. C’est peut-être ça qui me fait revenir peu à peu vers les roses
et le vert, parce que j’ai déjà envie de printemps. J’hésite encore, continue à
me réchauffer avec les chypres et les épices, mais ce n’est qu’une question de
jour avant que je ne vire tout ça, d’un air souverainement méprisant pour un
Orient que je trouve subitement abominablement kitsch. (Jusqu’à l’automne
prochain probablement.)
Ne nous cachons pas que sous la carapace d’aldéhydes et de
filtres UV bat un cœur de midinette sentimentale. Peut-être que c’est la Bovary
rêveuse en moi qui a aimé Past Lives.Mais en vrai, tout le monde aime le film de Celine Song !
Quelque part entre in the mood for love et lost in
translation, le film tout en nostalgie et en nuances est un long flash back qui
explore les sentiments des protagonistes après la séparation de l’enfance,
l’exil, la distance. C’est fort joliment mis en image, sans le maniérisme de
Wong Kar-Wai (et sans que cela nous donne envie de changer la façon de porter
notre sac parce qu’il ne faut pas exagérer non plus), très en douceur, avec
fort peu de dialogues, mais des dialogues d’autant plus forts et justes. Il n’y
a pas un mot de trop de tout le film, et c’est assez merveilleux dans une
époque où l’on parle trop pour ne rien dire. L’intimité est présente tout le
long du film, mais esquissée avec grâce plutôt qu’exhibée, l’élégance du film
tient plus aux attitudes, aux comportements des protagonistes qu’aux décors et
costumes, à la mise en image : c’est un moment de grâce en 2023 qui en fut
fort avare, merci à la cinéaste de nous rappeler que cela est encore possible.
Les acteurs sont très justes également. Greta Lee est
parfaite dans son rôle. Certains la voudront peut-être un peu plus subtile et
subtilement maquillée* mais cela la rendrait moins américaine, ce qui est
exactement le propos du film. John Magaro mérite d’être cité parce qu’il
parvient à faire exister son personnage, le rendre émouvant et sympathique en
quelques scènes et trois répliques mais le coup de cœur c’est Yoo Teo, sensible
et délicat, tout en insécurité mais avec beaucoup de force et de dignité. (Et,
sérieusement, cette mise en scène américaine le sert beaucoup plus que les
filtres des dramas.)
C’était le parfait film d’hiver pour les gens qui n’aiment
pas les films de Noël. Reste à trouver pour décembre 2024 un(e) amoureu(se)x
romantique à l’autre bout du monde, une bonne connexion internet et un billet
pour New York et la statue de la liberté. Et je vous avoue que je me demande
bien avec quels parfums nous allons pouvoir dénicher tout ça… (Ou alors, on
achète le dvd et on se repasse ça en boucle ?)
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