automne-hiver 1950

 


Probablement serons-nous majoritairement du même avis : après le 15 août, nous passons en mode automne/rentrée avec tout ce que cela peut avoir d’exaltant et de déprimant. Je fais bien sûr partie des gens qui déteste l’automne. Je trouve cela abominable. L’idée d’aller vers le froid m’est encore plus insupportable que la réalité du froid. 

Je m’attends d’ailleurs à être repris d’une frénésie d’achats de vêtement chaud, persuadé que je ne passerai pas cet hiver qui va être rude. Je suis l’une des personnes les plus frileuses du monde, une bête à sang froid et jamais je n’ai regretté d’avoir acheté des pulls et des vestes. La déprime est probablement due, non pas au manque de lumière, mais à sa qualité : je hais de tout mon être ces couleurs chaudes et dorées de l’automne, ces lumières abominablement jaunes que je trouve sales. (Désolé pour les fans de dorures et de golden hours, on n’a pas tous les mêmes goûts.) Les jours gris et sombres où la lumière sembles particulièrement plate sont encore plus plaisants à mon œil. (Mais j’attends déjà le printemps.)


L’automne, c’est par définition la saison des plaids, des robes de chambre et de la paresse, du temps passé bien enveloppé sur le canapé avec un bon livre policier qui fait passer les heures et dont on ne lève les yeux que quand il fait trop sombre et qu’il est temps, vraiment, d’allumer la lampe. En ce moment, Patricia Wentworth et Miss Silver, une découverte récente pour moi, quelques années alors que ça existe depuis toujours, et une ambiance armchair detective qui tricote que j’adore. (Chez Agatha Christie, mon enquêteur préféré à toujours été Miss Marple même si j’ai un faible pour les Beresford.) 

Un anneau pour l’éternité est très ancré dans son époque, ce qui m’a énormément plus parce qu’entre mes cours de couture, mes chypres et mon envie de resté chez moi, j’étais dans un mood très années ’50 de ménagère souveraine en son foyer. Même si cette époque esthétiquement très belle à voir était moralement insupportable et totalement régressive. J’adore la nostalgie, je m’y vautre parce qu’elle me permet d’échapper à une réalité insupportable mais le c’était mieux avant a ses limites.


Puisqu’on parle régression, je peux quitter le canapé pour aller me réfugier dans ma chambre et écouter de la musique saoule à rouler par terre comme lorsque j’étais ado. De la mauvaise pop bien souvent parce que je n’ai aucun goût lorsqu’il est question de musique. Je manque cruellement d’éducation et n’ai absolument pas l’oreille musicale. Mais c’est comme pour tout : ne rien y connaître, ne rien comprendre n’a jamais empêcher de prendre du plaisir. Je suis totalement hostile à l’idée de la culture et des belles choses réservée aux initiés. (Quant au mauvais goût, il est très libérateur et jouissif, il ne faut pas avoir peur de s’y adonner lorsque le besoin s’en fait sentir.)


En parfum mon goût 1950 a été plutôt impeccable puisque j’ai beaucoup porté Miss Dior, très couture, très corseté, d’une élégance très conventionnelle et le moins conventionnel Ma Griffe. Avec ses belles matières, ses notes vertes et fraîches qui équilibre les fleurs et le chypre en lui donnant une belle allure altière Miss Dior est un chef-d’œuvre classique. 

Ma Griffe de Carven est moins précieux et moins entoilé. Sa coupe est impeccable mais il utilise le coton plutôt que la soie Très raides dans ses aldéhydes, il déploie vite son vert chaud et ses fleurs blanches, très gardénia pour un résultat tout aussi autoritaire que Miss Dior mais moins posé/potiche, plus affirmé, plus insolent Bien sûr il n’est plus aussi jeune aujourd’hui, fait dadame, pourtant l’amateur y retrouve ce qui a fait sa fraîcheur, son éclat et son succès. 


Mais j'ai continué aussi à porté du chypre fruité, je suis totalement obsédé par Femme de Rochas en ce moment. Je crois même que pour la première fois de ma vie il me fait plus envie que Mitsouko. J'ai toujours aimé ce parfu qui sent le parfum avec ses aldéhydes si chic, ses fleurs si parfaitement habillées et ses épices sur chypre si parfaitement déshabillées, jamais à ce point ce pendant. Là, ça tourne un peu à l'obsession. (Aucune référence à Calvin Klein.)

L’excitation de la rentrée qui fait le charme de la saison, je connais moins aujourd’hui que jadis parce que les lancements se font toute l’année et que la fast fashion a démodé l’idée des collection en nous habituant à nous renouveler toute les deux ou trois semaine C’est encore plus vrai en parfum ou les flankers ont complètement tué le truc Je refuse de croire qu’il y a des gens qui trouvent excitante l’idée d’une nouvelle version de J’adore Cependant, il y a une nouvelle sortie chez Oriza Legrand et un projet tubéreuse chez anatole Lebreton qui me font un peu revivre cette excitation des nouveaux lancement qu’il y avait dans ma jeunesse…


D’un point de vue littéraire, pas de nouveautés en vue, elles restent dans la PAL mais une envie de redécouvrir, comme en parfum finalement. Jadis j’ai vaguement lu Virginia Woolf, sans trop comprendre, sans trop aimé et je crois bien être passé à côté. L’âge venant, je me suis surpris à avoir envie de la redécouvrir et je dos dire que je porte un œil neuf sur son œuvre et que j’y prends plus de plaisir. 
Peut-être parce que l’expérience et plus de lectures accumulées me permettent de comprendre plus facilement, sans l’effort de chercher à comprendre. Et le parallèle avec les parfums continue : avoir assimiler et digéré les classiques est vraiment une chance. Je ne comprendrai jamais les gens qui disent qu’ils leurs tournent le dos parce qu’ils veulent être moderne, vivre leur époque, ici et maintenant. Comment font-ils pour comprendre l’époque et en profiter ?


(J’admets que cette conclusion sonne un peu bizarre alors que je n’ai pas arrêté de dire que je boudais l’époque, ne voulais pas la voir et ne voulais que rester enfermé chez moi… Je n’ai jamais prétendu être cohérent.) 


Commentaires

  1. Mitsouko & Femme comment ne pas les adorer ! J'aime l'automne rien que pour ça car c'est la saison parfaite pour les porter .
    Bon dimanche.

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  2. Mitsouko & Femme comment ne pas les adorer ! J'aime l'automne rien que pour ça car c'est la saison parfaite pour les porter .
    Bon dimanche.

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    1. Il en faudra plus pour me faire aimer l'automne quand même...

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  3. "Les Vagues" est un roman à lire et à relire. Il est comme ces parfums dont les facettes se dévoilent différemment à chaque fois qu'on le porte. Cette période en littérature est fascinante: au même moment en Europe, dans plusieurs pays différents (Woolf en Angleterre; Proust en France, Svevo en Italie, Joyce en Irlande, Musil en Autriche) des écrivains oublient le naturalisme et la construction linéaire du texte pour l'aborder de façon totalement nouvelle. Cela semble banal aujourd'hui mais à cette époque cela a bouleversé et influencé toute la littérature mondiale.

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    1. Je trouve toujours ça "pas banal" (on sait que je ne suis pas à la pointe de la modernité) mais contrairement à d'autres essais pour renouveler le genre, c'est très lisible, agréable et accessible. L'époque était fascinante dans tous les domaines: elle expérimentai, innovait, mettait en place une modernité qui n'a pas forcément été dépassée depuis. Certains modèles fonctionnent encore très bien depuis, d'autres un peu moins mais ils ne sont pas toujours remplacés par des plus nouveaux. C'est d'autant plus fascinant qu'on courrait à la catastrophe politique...

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    2. On devine en filigrane cette catastrophe spécialement chez Musil (autrichien) et Svevo (italien de Trieste donc empire austro-hongrois).

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  4. En allant racheter Femme de Rochas chez Nocibé hier, je suis tombé sur des vendeuses autant charmantes que débiles (un critère de sélection ?) qui étaient étonnées de voir un homme au rayon des parfums femmes.
    Ma main se pose sur Mitsouko (immonde le nouveau packaging) et elle me lance : "ah ça c'est un super parfum c'est pour un cadeau? C'est pour offrir ? C'est pour votre dame ?"

    Mais qui dit ça en 2023 ???

    Donc je la balaie d'un revers de main mais là c'était la déconvenue, Mitsouko semblait fade, dilué, éventé, alors oui on reconnaît les grandes lignes mais je n'ai pas senti cette puissance d'antan.
    Pauvre vendeuse qui me regardait en train de respirer ma languette de papier et qui n'avait rien d'autre à dire que : "sinon vous avez aussi la nouvelle petite robe robe de chez Guerlain qui cartonne bien aussi vous voulez essayer ? Allez je vous le pschit".

    Après que le ton soit monté, elle a répété son manège avec la cliente d'à côté, puis l'autre encore et ainsi de suite....
    Donc non les parfums dits anciens ne sont pas discontinués car ils ne plaisent plus. Ils sont discontinués car ils sont mal vendus par des pauvres nanas qui s'en foutent de tout.

    #CoupDeGueule

    PS: j'ai acheté Femme de Rochas et Aromatic Élixirs de Clinique :)

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    1. Alors, je réclame un peu de justice et d'indulgence pour les vendeuses, certes incompétentes, mais mal ou pas formées, avec des objectifs de ventes qui ne concerne que les nouveautés et une quantité ahurissante de choses en stock parce qu'il y a aussi le skincare et le make up, pas juste le parfum. Honnêtement, les rendre responsables de quoi que ce soit est injuste, les chaines qui les emploient et les marques sont bien plus à blâmer. Qu'on leur propose des formations correctes et on en rediscutera.

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    2. Je suis d'accord. Ce devrait être un métier qui suppose la culture et l'histoire du parfum mais ces grandes chaînes s'en fichent. Elles vendent du parfum comme n'importe quel produit de supermarché. Je suis très indulgent envers ces vendeuses. Et je ne vais jamais dans ces chaînes de magasins pour essayer mais pour acheter un parfum que je connais ce qui m'évite les déceptions du service.

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    3. On a beau dire mais ce n'est pas au travailleur de se former, c'est à l'entreprise de le faire et je crois bien que la vie dans une grande chaine ne doit pas toujours être amusante. (Soyons honnêtes, les clients sont rarement amusant aussi...) Pareil, j'y vais pour acheter, quand je sais ce que je veux et le contact avec les vendeuses-vendeurs se limite à des échanges courtois et aimable. (Avec parfois une bonne surprise, comme cette vendeuse tellement contente de vendre une vieillerie bien jolie qu'elle le dit!)

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