jugement en vert

 

sex & the city

C’est mal de juger. C’est mal de regarder les gens de haut et de porter un jugement sur eux. Ce n’est vraiment pas gentil, aimable, bienveillant. Bien que ce soit l’automne et que l’on doive s’adonner au chypre, je portais a scent d’Issey Miyake et je me disais que c’était quand même difficile de ne pas juger.
Les parfums verts possèdent quand même cette froideur facilement hautaine qui regarde le reste du spectre en jugeant, sans aucune bienveillance. « Ah ? Tu aimes ça, toi la douceur ? » Il y a dans le noli me tangere du vert une condamnation certaine, certes, implicite mais certaine, des ces petites traînées qui se vautrent dans les muscs. Le refus de la facilité des verts n’est probablement pas étranger à leur impopularité. A scent fut un échec rapide avec son ambiance de vent descendant de la montagne chargé de la froideur des glaciers, à peine adoucit par les senteurs de quelques fleurs et arbres.


Vent Vert de Balmain, porté un peu avant en version ancienne (La nouvelle mérite le bannissement de mon royaume tant elle est abominable. Et c’est bien parce que je suis fermement opposé à la peine de mort que je me contente du bannissement !), ne vaut pas beaucoup mieux.
C’est un peu plus la plaine, mais le vent froid souffle avec une odeur verte et cinglante de feuillages, un peu de jacinthe et de muguet sur galbanum intense, brillant, acéré qui a bien les pieds sur terre. Ven Vert est un refus têtu, patient, obstiné et un chic éblouissant, lumineux, presque nucléaire mais assurément dérangeant. Alors que les parfums frais et hespéridés s’effacent le plus souvent avec humilité devant les splendeurs capiteuse, la froideur des verts ne se laisse impressionner par rien, prend de haut et juge. Juge ? Condamne plutôt, parce qu’aux yeux des verts, comme dirait Bette Davis dans all about Eve, « Tout le monde est coupable jusqu’à preuve du contraire. »
 

J’aime tellement les verts que dans le fond, je ne dois pas être quelqu’un de bien. Mais vous savez…

Mae West, Cary Grant, I'm no angel, 1933

Et pour le reste, c'est Samantha qui aura le dernier mot, parce que... Ben PAREIL!

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Commentaires

  1. Les parfums verts ont et auront toujours cette supériorité face aux néo mélanges patchouli-praline et autres infâmes parfums tarte-au-sucre qui inondent, hélas, les étals de ce qu'on peut encore appeler, les parfumeries.

    Je juge.

    Des vendeuses pardon, des conseillères en parfumerie briefées dès 8h59 et commissionnées sur les ventes de coffret jusqu'à 18h59, franchement, peut-on espérer en tirer quelque chose ?
    (Réponse : non)

    Pourquoi tenter vainement de chercher alors que notre Jean-Louis Scherrer et ce L.T. Pivert, entre autres, font très bien l'affaire et se posent sur nous en mettant instantanément une distance sociale, comme si ils avaient réussi, là où les autres ont lamentablement échoué et aujourd'hui plus que jamais, en sortant des rayons des dites parfumeries puisque de toutes manières ils n'intéressent plus personne à part nous ....du coup je me demande si au final, nous, on intéresse encore quelqu'un. (RIRES).

    C'est au final être un petit peu là où on ne nous attend pas, les yeux toisant nos congénères car seuls les vrais savent, et pas tout le monde osera Vent Vert. Na !

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    1. Mais est-ce qu'on a envie d'intéresser des gens qui ne nous intéresse pas?

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    2. "Vent vert" a été créé par Germaine Cellier qui était une inconditionnelle des parfums verts (évidemment la version d'aujourd'hui n'a plus grand chose à voir avec l'original). C'est elle qui a également imaginé le premier "Monsieur Balmain": une tornade d'agrumes et de citronelle. Je ne sais pas si quelqu'un parmi vous a eu l'occasion de le sentir avant sa reformulation des années 90 (très boisée, plus rien à voir à nouveau avec l'original) qui a elle aussi disparu depuis. Pour ceux qui aimaient son côté vif, tranchant et insolent de verdeur c'était une merveille absolue. C'est le genre de parfum qu'aucune marque ne lancerait aujourd'hui, même pas sur le marché de niche à mon avis.

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    3. J'ai porté Monsieur Balmain dans son flacon jaune plastiqué des années '80, je l'aimais beaucoup. Mais sans pour autant me laisser aller à le trouver irremplaçable. De Germaine Cellier, face à Vent Vert, j'aime bien la tubéreuse du Fracas de Piguet, tellement à l'opposé du spectre, mais toujours avec la touche rentre-dedans de Cellier, un autre fichu caractère qu'il ne faut pas plus avoir froid aux yeux pour porter.

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